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Une Chinoise s’attaque à Nestlé

Publie le jeudi 18 décembre 2003 par Open-Publishing


A Shanghai, une mère de famille lance une croisade contre
la multinationale. En cause : des OGM dans le Nesquik servi
à son bébé. La polémique laisse le groupe veveysan de marbre.


La Chinoise Eileen Zhu Yanling réclame un dollar symbolique
pour avoir été trompée par Nestlé sur la composition de son
cacao préféré. Dominique Favre Les Chinois ne sont pas des
consommateurs de seconde zone et tiennent à le faire savoir.
Venue tout spécialement de Shanghai, Eileen Zhu Yanling, une
jeune femme d’affaires, faisait part hier à Lausanne de sa
colère. Etudiante en Suisse durant de nombreuses années, cette
directrice financière connaît bien Nestlé, une entreprise
à qui elle vouait une admiration sans borne pour sa réputation
de qualité. Devenue mère il y a trois ans d’un petit garçon,
c’est tout naturellement qu’elle nourrit son enfant avec cette
marque.

Un dollar symbolique

En mars, Eileen Zhu Yanling lit sur internet, après avoir
acheté dans un supermarché de Shanghai du chocolat en poudre
Nesquik, que celui-ci contient des ingrédients OGM. Sans que
ces derniers soient mentionnés sur les étiquettes. « Je me
suis sentie trahie, explique-t-elle. Mais surtout inquiète,
car les répercussions ne sont pas encore connues auprès de
la prochaine génération. » La jeune femme porte alors plainte
contre Nestlé pour violation du droit des consommateurs à
l’information. Elle réclame un dollar symbolique de dédommagement
- le marché chinois représente 1 milliard de francs pour Nestlé.


La rencontre tourne court

Depuis juin, le cas est désormais entre les mains de la Second
Medium Court of Shanghai, qui supervise dix districts dans
la région. Déjà analysé par Greenpeace, le Nesquik chinois
sera réexaminé par un laboratoire dont le verdict est attendu.
Mais pour l’heure, Eileen Zhu Yanling récolte déjà le premier
fruit d’une campagne menée depuis deux semaines dans les médias
chinois : un rendez-vous hier avec deux responsables de Nestlé
au siège de Vevey. Une entrevue avec le porte-parole et une
responsable environnementale qui tournera vite court.

Pour François Perroud, directeur de la communication du groupe,
cette accusation est irrecevable. « Il y a erreur sur les faits
et le droit, explique-t-il. Le chocolat Nesquik, que nous
avons fait analyser par quatre laboratoires, ne contient pas
d’OGM. De plus, la législation chinoise porte sur les ingrédients
OGM et non sur le produit fini. » Mais le porte-parole, qui
déclare ne se faire aucun souci sur les répercussions que
pourraient avoir les « états d’âme de quelques activistes sur
l’opinion des consommateurs chinois », ajoute toutefois que
le génie génétique est complètement intégré dans la stratégie
globale de Nestlé.

« Nous utilisons des OGM à une large échelle lorsque les autorités
locales le permettent et quand les consommateurs sont d’accord. »
Soit dans presque tous les pays où Nestlé est présent, à l’exception
de l’Europe et de la Suisse. Et particulièrement en Chine,
où le gouvernement prône activement cette culture. « Si nous
le faisons, c’est que nous avons la conviction que ces produits
ne présentent aucun risque », ajoute François Perroud, soulignant
également les répercussions bénéfiques des plantations OGM
dans la lutte contre la faim ou dans la diminution de l’utilisation
de pesticides et d’engrais.

Un avis que ne partage pas Greenpeace, pour qui Nestlé est
la bête noire en matière d’OGM, d’autres firmes alimentaires
comme Mead Johnson (lire encadré) ou Lipton promettant de
n’utiliser que des ingrédients traditionnels. « Au sein de
l’OMS, aucune certitude sur les répercussions des aliments
génétiquement modifiés, notamment sur les allergies ou la
résistance aux antibiotiques, n’existe à l’heure actuelle »,
constate Bruno Heinzer, spécialiste du génie génétique chez
Greenpeace Suisse. Pour l’organisation, qui lutte contre les
OGM depuis 1991, il ne peut exister de « double standard »,
d’autant que selon elle, les consommateurs chinois sont de
plus en plus sensibles à cette problématique.

ÉLISABETH
NICOUD 24heures.ch


18.12.2003
Collectif Bellaciao