Accueil > Une catastrophe humanitaire menace Monrovia
Les obus de mortiers se sont à nouveau abattus avec une violence redoublée sur la capitale libérienne, tuant 12 personnes au moins au septième jour d’un siège qui, faute d’une intervention étrangère, menace plus que jamais de tourner à la catastrophe humanitaire de grande ampleur.
Dès 07h00, Monrovia, assiégée pour la troisième fois en moins de deux mois par les rebelles des Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie), a résonné des tirs de mortiers alors que les habitants, tablant sur une reprise plus tardive des combats, s’étaient aventurés dans les rues.
Huit personnes, dont un enfant de 11 ans, ont trouvé la mort dans un établissement scolaire où plusieurs centaines de personnes pensaient avoir trouvé un refuge sûr.
Un autre obus de mortier s’est abattu à quelques mètres d’une centre de soins de Médecins sans frontières, faisant trois morts, dont deux fillettes sorties pour chercher de l’eau.
D’intenses échanges de tirs se poursuivent en outre sur la ligne de front, aux abords notamment de deux ponts stratégiques commandant l’accès au centre. Aussi violents soient-ils, ces combats n’ont guère modifié le rapport de forces et les positions respectives des Lurd et de l’armée restent inchangées.
L’intensité des engagements semble toutefois à la hauteur de l’offensive de lundi, qui avait fait une centaine de morts.
Pressé d’intervenir, les Etats membres de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ont accepté le principe d’une force de maintien de la paix et une avant-garde de deux bataillons de l’armée nigériane est prête à partir. Réunis jeudi en Sierra Leone, les dirigeants ouest-africains sont toutefois convenus de se revoir lundi pour mettre la dernière main aux modalités de leur déploiement.
"L’ESPOIR OU LA CATASTROPHE"
Jacques Klein, représentant spécial des Nations unies pour le Liberia, a néanmoins indiqué qu’un premier bataillon de 770 soldats nigérians devait arriver dans un délai d’une semaine à dix jours.
"Nous avons deux options au Liberia actuellement, l’espoir et la catastrophe. L’espoir que nous puissions rapidement envoyer des troupes, arrêter les meurtres et stabiliser la situation, et la catastrophe si rien n’est fait", a déclaré Jacques Klein après avoir informé le conseil de sécurité des Nations unies.
Lors de la séance du Conseil de sécurité, plusieurs pays, dont le Royaume Uni, ont demandé aux Etats-Unis "une contribution forte et bienvenue" avant qu’il ne soit trop tard, ont rapporté des diplomates.
La Maison blanche reste pour sa part très hésitante quant à une intervention aux côtés de la Cedeao dans ce pays fondé au XVIIIe siècle par des esclaves américains affranchis.
Le Pentagone a fait savoir jeudi que deux vaisseaux d’un groupe de trois bâtiments de guerre transportant 2.300 marines étaient entrés dans les eaux méditerranéennes pour une éventuelle intervention au Liberia. De là où ils se trouvent, il leur faudrait sept à dix jours pour se rendre dans ce pays.
"La faim tue, les balles tuent. Nous avons besoin d’une intervention immédiate. Une force doit venir à notre secours. Les Libériens aussi ont le droit de vivre", a lancé Benedict Gray, depuis l’école bombardée vendredi.