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Une illustration des périls de la loi sur l’autonomie des universités
Publie le vendredi 9 novembre 2007 par Open-Publishing7 commentaires
de Frédéric Sawicki (Professeur de Science Po à Lille 2)
Voici un courrier qui pourrait bien contribuer à jeter beaucoup d’huile sur le feu qui couve actuellement dans beaucoup d’universités françaises à propos de la loi sur l’autonomie des universités. Le 6 novembre dernier, le directeur de Sciences Po, Richard Descoings, a adressé une lettre aux anciens élèves du prestigieux établissement de la rue Saint-Guillaume. Elle mérite d’être ici reproduite dans son intégralité et se passe presque de commentaires :
Paris, le 6 novembre 2007
Cher X,
Révolution dans le monde de l’Université et des Grandes Ecoles : le Parlement a décidé cet été que c’est de plus en plus par des crédits d’impôts au bénéfice des particuliers et des entreprises que seront financés les établissements d’enseignement supérieur et de recherche.
Ainsi, 66 % des dons que vous accepteriez de faire à Sciences Po en 2007 seront déductibles du montant de l’impôt sur le revenu que vous paierez en 2008 (dans la limite de 20 % de votre imposition). Et si vous êtes redevable de l’ISF, vous pourrez verser à Sciences Po jusqu’à 50.000 euros au titre de cette imposition.
En somme, vous avez désormais le choix entre verser vos impôts à l’Etat ou bien vous en acquitter, à hauteur des 2/3, par une affectation dont vous décidez vous-même.
Cette révolution financière est aussi une révolution culturelle. Elle me conduit à vous demander de soutenir Sciences Po, à titre personnel, ce que, contrairement aux universités anglaises ou américaines, on n’a pas l’habitude de faire en France. Nous allons être sûrement nombreux à nous concurrencer pour tenter de vous convaincre. Saine émulation !
Alors pourquoi choisir Sciences Po plutôt que les autres ? Et, dans ce cas, à quoi servira votre argent ?
Choisir Sciences Po aujourd’hui, c’est nous juger sur des résultats : l’intégration internationale des études, la diversité sociale du recrutement de nos élèves, la professionnalisation de notre diplôme qui confère désormais le grade de master, la présence de nos chercheurs dans tous les grands débats de société.
Soutenir financièrement Sciences Po aujourd’hui, c’est nous permettre d’être un champion universitaire français dans la compétition internationale. Les idées, le sens de l’innovation, l’énergie, nous les avons, vous le savez. Avec vous, et seulement avec vous, nous réunirons les moyens de réaliser cette ambition.
Vous pouvez plus précisément vous informer sur notre campagne de levée de fonds sur le site : www.construire.sciences-po.fr
Avec toute ma gratitude et l’engagement personnel de mériter votre confiance,
Richard Descoings
Financé depuis 1946 par une Fondation de droit privé (la Fondation nationale des sciences politiques) et par l’Etat, Sciences Po dispose d’une longueur d’avance dans la compétition à laquelle vont désormais se livrer les universités françaises. Son directeur entend bien en profiter.
Malheureusement, les concurrents ne sont pas tous sur la même ligne de départ et l’Etat ne fait rien pour placer les universités en position d’égalité initiale.
Dans ces conditions, il y a fort à parier que l’argent ira à l’argent et que les universités dont les élèves sont pauvres et qui dispensent des enseignements n’intéressant pas les entreprises tombent en déshérence.
Messages
1. Une illustration des périls de la loi sur l’autonomie des universités, 9 novembre 2007, 11:35
Il y a de quoi hurler de colère.
Mais que tout ce gratin n’oublie pas que les être humains ne sont pas des machines, ni des robots.
On se croirait revenu au temps des romains, avec l’entrée des mécènes dans les affaires publiques. Ca a donné quoi comme résultat ? Les romains existent toujours ?
Alors, quand oserons-nous poser une bonne fois pour toutes un système qui tienne la route pour tout le monde ???
Donc à faire circuler.
1. Une illustration des périls de la loi sur l’autonomie des universités, 9 novembre 2007, 11:45
cela illustre bien l’état de nos élites...obligées de faire la manche pour financer leurs écoles de pouvoir !
Enfin, ce qui est normal pour science po, qui n’est qu’une business-school où les élites (économiques, académique et culturelles) se reproduisent, est préoccupant pour les autres universités.
Déjà deux universités ont annoncé la création de leur fondations. Les présidents se mutent déjà en petits VRP et vantent les mérites de leur main-d’oeuvre étudiante qualifiée.
grâce au chantage sur le chômage on fait avaler aux étudiants les plus faible toute la propagande patronale sur la formation et "l’employabilité" !
Maintenant, c’en est assez !
les étudiants ne sont plus dupe ! Ils ont raison de se révolter contre ces mesures qui a court terme amèneront à la privatisation des université, à l’instaurations de facs de second rang...
que la lutte continue, qu’elle s’étende aussi, c’est une bataille pour l’emploi, c’est une bataille pour les droits des salariés, c’est une bataille pour l’avenir !
Pour mener a bien les luttes de la jeunesse , informez vous auprès d’un syndicat de lutte lié à une fédération de travailleurs. Toutes les infos sur la mobilisation à nanterre sont sur le site de SUD étudiant nanterre
http://nanterre.over-blog.com/
Travailleurs mobilisez, venez parler de vos luttes à la jeunesse mobilisée !
2. Une illustration des périls de la loi sur l’autonomie des universités, 9 novembre 2007, 11:57
Comme vous avez raison, il faut se mobiliser pour empêcher ce qui suit.
En effet, il faut savoir que si les présidents d’université s’excitent à ce point en faveur de l’autonomie des facs, c’est sûrement pas pour les beaux des étudiants, il n’en n’ont rien à faire, mais c’est surtout parce que à l’instar des états-unis, les présidents de facs et les profs ont des salaires mirobolants, très élevés par rapport à ce qu’ils touchent ici en France.
Pécresse pense à son père, qui était prof de fac, gagnant trop peu par rapport à ce qu’il gagne aujourd’hui en étant président d’un groupe de Bolloré. Tiens Bolloré l’araignée et son fameux yacht !
Donc, à fond avec les étudiants en colère. Il serait très intéressant pour eux qu’on nous mette en ligne les salaires des profs et présidents des universités américaines, ça nous parlerait encore plus pour mener à fonds ces grèves et ces manifestations.
Il faut s’appuyer sur des choses-bétons, irréfutables et il y en a.
3. les élites se croisent et s’entremêlent , 9 novembre 2007, 12:29
en effet c’est énorme :
Souvenez-vous, Valérie Pécresse-Roux, 39 ans, brillante jeune femme, sans nul doute, de par son cursus scolaire (HEC, ENA) et son parcours politique (Députée des Yvelines), ou encore auditrice au Conseil d’Etat, ou encore conseillère à l’Elysée. Elle est porte-parole de l’UMP.
Le nouveau Président, Nicolas Sarkozy, qui bénéficie des faveurs du clan Bolloré pour son ascétisme de jet-setter, a certainement croisé, le très discret universitaire Dominique Roux qui parfois émarge à Science Po en tant que prof de "Droit et économie de la régulation des télécommunications"), devenu Président de Bolloré Télécom depuis janvier 2007 et père de...Valérie Pécresse, née Roux, native de Neuilly/Seine, avec une cuillère en or dans la bouche. Cerise sur le gâteau, cette fille est née un 14 juillet.
Ne vous inquiétez pas Valérie, papa et Bolloré feront tout, pour que vous soyez récompensée de vos efforts. Vous êtes née sous une bonne étoile. Si vous n’êtes pas Ministre, il n’y a pas de problème, vous n’avez qu’à aller vous entasser dans les universités ! Il vous le disent, ils sont l pour votre avenir, alors...ayez confiance, étudiez, étudiez, le gouvernement veille à vos intérets !
2. Une illustration des périls de la loi sur l’autonomie des universités, 9 novembre 2007, 15:46
C’est pour cela qu’il faut soutenir le mouvement des jeunes. Tout les parents doivent décendre dans la rue comme pour le CPE.
Ce n’ait pas une mince affaire que la loi sur la soit indépandance des universsités.
La seule indépandance, ce sera d’aller chercher des financements et de se voir imposée un conseil d’administration composée de représentants des entreprises privée.
3. Salaires mirobolants ? , 12 novembre 2007, 16:41
Je suis prof dans une université américaine (deux, plutôt !) Les salaires sont mirobolants pour les profs-administrateurs, c’est-à-dire ceux qui “jouent le jeux,”qui ne consiste nullement à enseigner mais à décrocher les gros sous pour la recherche (payée, soit par les entreprises, soit par le gouvernment). Ces gros sous servent aussi à insérer les universités dans la spéculation immobilière : Columbia University, à deux pas de Harlem, envisage depuis longtemps d’en faire un super-campus.
Pour les autres, ceux qui veulent enseigner – la plupart sont profs à mi-temps en permanence. Par exemple, chaque printemps je suis officellement “viré” de mon poste (sans compensation) et réengagé à l’ automne.
C’est pour vous dire que parmi les profs vous en trouverez sûrement de solidaire. Les autres...
4. Une illustration des périls de la loi sur l’autonomie des universités, 12 novembre 2007, 17:35
l’avenir des universités passe maintenant par la mendicité. !!!!!!!
lolita