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Une histoire de « merde »
« Notre civilisation : une jolie fille, pomponnée et maquillée, assise sur un tas de merde. » (François Cavanna)
C’est une histoire drôle selon du côté où l’on se place, une histoire de merde pour d’autres. Attention, si le terme vous semble grossier, il est important de le remettre dans son contexte…
Merde est un mot de français moderne désignant les matières fécales, mais il sert aussi souvent de juron, sous la forme d’une interjection, dans le langage courant. Il a aussi de nombreux autres usages plus ou moins vulgaires. Il est et fut utilisé par les gens de tous milieux sociaux, de l’empereur Napoléon Ier jusqu’au peuple, en passant par les artistes et les plus grands écrivains.
Il est souvent désigné en français comme « le mot de Cambronne » en référence au général Pierre Cambronne qui l’aurait prononcé comme seule réponse au général britannique Charles Colville qui le sommait de se rendre.
« Merde » est aussi parfois désigné par l’expression « les cinq lettres ».
Reprenons la définition :
Merde dans son acception première est la matière fécale : le caca quoi…
Merde est aussi une interjection, un juron, et à de nombreux usages « plus ou moins vulgaires ».
Quelques personnes ont repris ce terme. Certes, ils n’étaient pas les plus grands, mais leur trace de Merde restera à jamais :
« La où ça sent la merde, ça sent l’être » (Antonin Artaud)
« Moi j’ai les mains sales. Jusqu’aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ? » (Jean Paul Sartre).
« Quand la merde vaudra de l’or, le cul des pauvres ne leur appartiendra plus » (Henry Miller)
« La politique c’est comme l’andouillette, ça doit sentir la merde mais pas trop » (Edouard Herriot).
« La merde a de l’avenir. Vous verrez qu’un jour on en fera des discours » (Louis Ferdinand Céline).
Nous ne nous épancherons pas sur le collège de pataphysique et le mois de merdre, le père Ubu… La merde est décidemment partout…
Elle a même envahi notre jardin. Rien de grave ce ne sont pas des êtres humains qui ont décidé de s’installer sur notre parcelle privée, mais bien de la matière fécale. Et une famille de deux adultes et cinq enfants, ça en produit de la merde !
Pourquoi cette invasion ? Juste un problème de niveau 6ème :
Sachant qu’une maison est constituée de conduits d’évacuations des eaux usées qui se rejoignent en un seul (appelé conduit principal), que ces conduits se doivent de délester la maison de l’intégralité des eaux usagées, et que le conduit principal est relié à un égout, quelle est la quantité d’eau déversée dans une journée, au bout d’une semaine et après un mois dans le collecteur de l’égout communal ?
Il vous manque des données ? Ah oui… Mais aussi ! Et une sacrée donnée qu’il nous manque aussi et depuis l’achat de la maison, soit juillet 2006. Laquelle ? Vous allez me dire le débit d’eau, la quantité d’eau utilisé par les appareils domestiques, les volumes rejetés par les occupants, le diamètre des tuyaux… Avec cela on pourra faire une moyenne d’eau utilisée par jour, la quantité déversée dans le collecteur et enfin le volume moyen d’eaux usagées déversées par une famille de 7 personnes.
Sauf que pour nous il manque toujours une donnée, et de taille… Non pas que l’objet manquant soit très grand (une dizaine de mètre environ), mais il a son importance. En effet, il manque juste un bout de tuyau qui relie la maison au « tout à l’égout ».
Mais alors où se déverse la merde ? Bin dans un puisard de 1,10 m de profondeur et de 80 cm de diamètre. Soit l’équivalent d’une journée de consommation d’eau par l’ensemble de la famille. Une fois le puisard rempli, le reste se déverse lentement et avec fortes odeurs dans le jardin. Ne parlons pas des appareils ménagers, qui eux ne peuvent plus servir car les eaux usées sont « remontée » dans les filtres et pompes.
Ceci n’apparaît pas bien légal. D’ailleurs l’ingénieur en chef chargé de l’assainissement de la communauté urbaine de Lyon, accompagnée d’un huissier, appelés à notre demande, a classé la maison « insalubre pour non évacuation des eaux usées, risque élevé sur la santé des habitants et risque pour l’environnement d’une évacuation non contrôlée ».
Les étrons flottent dans le jardin, luttant avec le papier hygiénique, laissant de magnifiques traces sur les façades et l’odeur que se dégage empêche toute vie dehors.
Quid du tuyau manquant, appelée aussi « raccordement à l’égout municipal » ? En principe il existe, c’est écrit noir sur blanc et signé devant notaire dans un acte authentifié de vente qui stipule « le vendeur indique, sous sa propre responsabilité, que le bien est raccordé à l’égout municipal ».
Voila qui est clair et net… A contrario, si le bien n’est pas raccordé, le vendeur engageant sa propre responsabilité se doit de le faire. Enfin c’est ce qu’on pense. Et ce n’a pas l’air très compliqué sur un plan juridique :
Un acte de vente authentique indique qu’un bien est relié à un égout, et que le vendeur met en jeu sa propre responsabilité pour le cautionner.
Le bien n’est pas relié à l’égout.
Le vendeur doit relier le bien à l’égout, même après la vente dudit bien.
Une clause a été expressément écrite dans un contrat signé devant notaire, cette clause n’est pas respectée par une partie, elle doit donc l’être. Droit des obligations deuxième année de DEUG…
Sauf qu’avant cela, la merde flotte toujours. Noel 2008 approche et la merde flotte encore. Les entreprises d’assainissement se succèdent pour laver et évacuer ces merdes, avec des coûts élevés et pour des résultats plus que provisoires…
Le contrat ? Oulla !!!
Il est dans les mains de la justice… Enfin depuis deux ans bientôt… Oui parce que la justice civile pour une histoire de merde c’est long, très long. Deux ans sans égout c’est aussi très long, et il est impossible de chiffrer les matins d’été où l’odeur de merde remplace celle des fruits de la passion, les soirs de barbecue irréalisables car le barbecue a les pieds…dans la merde, la fenêtre fermée pour éviter les effluves, les machines à laver la vaisselle et le linge tombées en panne pour refoulement d’eau, les merdes, encore elles, qui restent à flotter dans les toilettes, le bain qui ne peut se vider…
En revanche la justice pénale n’aime pas la merde. Elle est plutôt susceptible sur ce sujet. Pour avoir envoyé un mail dans lequel je cite in extenso : « …vous vous enfoncez comme une merde », j’ai eu le droit en deux mois à :
– Trois auditions par la gendarmerie
– Une perquisition
– Un jugement me condamnant à 1500 euros de dommages et intérêts envers la personne (dont le salaire est de 13000 euros par mois, alors que mes revenus ne dépassent pas les 1300 euros)
Quelle célérité pour rétablir la morale dans ce beau pays. Pour la merde qui flotte dans le jardin, ni les gendarmes, ni le procureur n’ont l’air de s’y attacher. Celles là elle les fait fuir.
Oserons-nous une approche psychanalytique de la justice et de mon employeur ?
La merde fait peur ? Ou alors certaines personnes douées de l’autorité publique n’ont pas dépassées le stade anal ? On parle de phase « anale » ou « masochiste » à savoir que l’enfant découvre qu’il peut contrôler son corps et ses sphincters, et que ça l’amuse beaucoup...
C’est aussi la phase où l’enfant dit ’non’ à tout, et à un moment il dira ’non’ au pot et se retiendra au risque de se faire mal (d’où le terme de masochiste)
C’est un moment où il faut parler à l’enfant, lui montrer que l’adulte aussi peut céder, « lâcher »dans un conflit...
Mais alors, cela suggérerait que dans notre histoire tout n’est question de réaction face à une situation conflictuelle ?
Que mon employeur n’est pas sorti du stade anal et qu’il refuse le dialogue, préférant se constiper au point d’en être ridicule devant un tribunal ?
Que la justice est encore une grand enfant, qui n’aime pas voir la merde mais aime la remuer ?
Ou que les deux souffrent d’encoprésie ? (L’encoprésie est la défécation "involontaire" ou délibérée dans des endroits non appropriés chez un enfant d’âge chronologique et d’âge mental d’au moins 4 ans. Les facteurs émotionnels et affectifs en cause se réfèrent au mode de relation de l’enfant avec ses parents, et surtout avec sa mère, vis-à-vis de laquelle le refus de la selle peut être une première manifestation d’opposition. Les mères d’enfants encoprétiques ont souvent une personnalité particulière. Elles manifestent un intérêt pathologique aux évacuations intestinales de l’enfant. Elles sont incapables de tolérer une seule journée de constipation. Elles sont souvent angoissées, névrosées.)
Que leur âge mental ne dépasse pas 4 ans ?
Il serait inopportun de juger cette relation fécale, enfin si, je m’exprime mal. Il serait inopportun de juger sur un plan clinique cette relation fécale, mais il deviendrait urgent à ce jour de comprendre pourquoi la justice met autant de temps à gérer la merde qui flotte dans notre jardin mais qu’elle a été aussi rapide pour juger que le terme « s’enfoncer comme une merde » est dégradant, insultant.
Pour nous, la merde qui s’étend dans notre espace de vie est bien réelle, palpable, visible et odorante. En revanche, nous sommes loin d’être persuadé que l’expression « s’enfoncer comme une merde » puisse constituer une insulte. Sauf à avoir un rapport avec le caca qui entraîne des complexes chez certains.
Cette histoire de merde ne sent pas bon, et elle me donne le tournis !
Une vraie histoire de merde non ?
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