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Université : cours du soir pour pollueurs !

Publie le mercredi 3 décembre 2008 par Open-Publishing
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Vous qui rêviez de voir a quoi ressemblerait la fac de demain, la fac autonome, libre, décomplexée, celle qui ne s’encombre plus de former des étudiants mais bel et bien de faire fructifier son patrimoine...
Et bien voilà un exemple, une collaboration exceptionnelle, qui montre ce qu’est l’université d’aujourd’hui, ce que demain toutes les universités deviendront.

j’étais en train de faire une pause entre deux lectures à la bibliothèque universitaire lorsque mon regard a été attiré par une affichette aux couleurs vives...
http://debat-energie.fr/index.php

Mardi 9 décembre prochain se déroulera à l’université Paris Dauphine une conférence sobrement intitulée
"Crise mondiale, quel impact pour l’énergie ?"

Certes les initiés ne s’attendent certainement pas a trouver, dans les murs de cette université connue pour les prises de positions ultra-libérales des économistes qui en font la renommée internationale, un débat sur l’urgence climatique ou sur le tarissement de l’eau potable qui constituent de véritables défis pour l’humanite.

L’invitation est sobre et reprend dans des tons bleutés toutes les références que l’écologie politique a réussi a imposer depuis maintenant 30 ans : typographies vertes et bleues et photographie mettant au premier plan une série de cinq éoliennes hi-tech baignant dans un ciel d’azur.
tout est là et même plus....

en arrière plan deux gros complexes industriels se détachent avec d’un côté une centrale nucléaire (que le graphiste semble avoir grossièrement transposé d’un manuel de propagande d’AREVA) et de l’autre une centrale électrique rutilante dressant ses fières cheminées, qui pour l’occasion ne fulminent plus .

En retournant l’invitation on peut voir le programme de la soirée que détaille trois tables rondes :

1. Crise énergétique, financière : dans quelle crise sommes nous ?

* Patrick Artus, Directeur des études et de la recherche, Natixis
* Bertrand Jacquillat, Professeur des universités, Science Po Paris
* Jan Keppler, Professeur, Paris Dauphine
* Olivier Pastré, Professeur, Paris VIII
* Alain Pierre Raynaud, Directeur financier, Groupe Areva

2. Les marchés de l’énergie sont-ils responsables ?

* Charles Beigbeder, Président Directeur Général, Poweo
* Agnès Belaisch, Economiste principal, FMI
* Jean Marie Chevalier, Professeur, Paris Dauphine
* Frédéric Lasserre, Responsable mondial, recherche matières premières, Société Générale

3. Peut-on réguler les marchés de l’énergie ?

* Philippe de Ladoucette, Président, Commission de régulation de l’énergie
* Jean-Hervé Lorenzi, Président du Cercle des économistes
* Gérard Mestrallet, Président Directeur Général, GDF Suez
* Luc Rousseau, Directeur général, Direction des entreprises, Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi

rien qu’a regarder les intervenants on imagine sans peine le contenue de cette petite sauterie...Économistes libéraux, grands patrons, responsables administratifs d’importance...bref, il semble que la crème de la crème soit ici réuni afin de porter le débat sur l’avenir de la planète.... Je n’aurais pas l’indécence de parler d’argent mais je me demande bien combien tout ce beau monde a touché pour venir un soir de semaine faire les béni oui-oui du nucléaire et d’autres saloperies technologiques polluantes ?

Le tout financé par la fondation GDF/SUEZ nous dit beaucoup de ce projet monté (et sans doute noté) par les étudiants d’une "junior entreprise" abritée par l’université http://www.juniordauphine.com/

La quintessence de ce que nous réserve la privatisation des universités en fait...

Et oui, depuis l’an dernier les universités sont "autonomes" c’est a dire qu’elle doivent gérer une enveloppe budgétaire annuelle (qui évidemment est dévaluée du fait du désinvestissement de l’Etat dans les services publics) et peuvent, si elle le veulent, compléter leurs subsides grâce à des financements privés qui leurs sont reversés par des Fondations.
En échange les dirigeants des entreprises ont le droit de siéger dans les Conseils d’ Administration des universités et du coup d’appuyer leurs projets en passant des conventions. L’université de Nanterre vient d’entériner, par exemple, un projet de convention avec l’Institut Français du Pétrole qui bénéficie de la formation d’enseignants qualifiés et de la reconnaissance d’un diplôme valorisé (une grande université française).
Les profs deviennent des intervenants et vu qu’ils ne sont ( bientôt )plus sous contrat public peuvent monnayer leurs savoirs plus librement.
Etudiants, enseignants administratifs,Bref....
tout le monde est ici inféodé au pouvoir (lobby) industriel, l’université devient un prestataire de service qui prête ses murs et ses profs en échange d’un séminaire aseptisé, qui reprend le discours dominant des multinationale...

brave new world...

Triste avenir en vérité...triste époque aussi

ps : si je chope le crétin qui colle ça sur les affiches syndicales de SUD étudiant...je l’emmène directos bouffer du plutonium à Tchernobyl ;)

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