Vaste répression au Maroc : Personne n’y échappe, y compris les journalistes !

500.000.000 de centimes ...de gourdins et de matraques !

Par khalid Jamai

Rabat, Bd Mohammed V.
Face au Parlement.
Jeudi, 31 mai, 18h30.
Pour la énième fois, ils chargent.
Les coups pleuvent.
Ils et elles essayent de protéger leurs visages et les parties les plus sensibles de leurs corps.
Ils et elles ont passé plus de 20 ans sur les bancs du primaire, du secondaire, du supérieur !
Aujourd’hui, ils et elles ont plus de 25 ans.
Aujourd’hui, ils et elles sont tous et toutes des docteurs, qui en chimie, qui en biologie, qui en physique …..Des docteurs-chômeurs……
Depuis des mois et des mois, ils et elles manifestent.
Depuis des mois et des mois, ils et elles réclament un travail.
C’est leur droit.
Et, pendant toutes ces centaines de manifestations, jamais ils n’eurent recours à la violence, encore moins à un quelconque acte de vandalisme.
Pas une vitrine brisée. Pas un magasin saccagé.
Ils et elles manifestent dans le plus grand calme, ne troublant, à aucun moment, l’ordre public.
Des citoyens, dans un premier temps, assistent médusés puis scandalisés et enfin horrifiés, à la charge aveugle menée par les forces auxiliaires contre les diplômés-chômeurs sur lesquels s’abattent gourdins, matraques. Sans parler des insultes qui feraient rougir un charretier.
Parmi ces citoyens se trouve Moustapha Hirane.
Il s’indigne, lui aussi, et exprime haut et fort son indignation.
Des voix se joignent à la sienne.
Ce qui en fait la cible des matraqueurs qui le chargent.
Il ne bouge pas.
Il ne se défend pas.
Gourdins et matraques s’abattent sur lui.
Avec beaucoup de difficulté, il arrive à sortir sa carte professionnelle qu’il essaye de brandir tout en criant qu’il est journaliste.
« Ghadine wiriw l din mouk achnou hiya assahafa », lui hurle à la figure un des matraqueursAinsi parla le makhzen.
Ainsi parla l’agent des forces auxiliaires qui sont sous l’autorité des Benmoussa, des El Hima, des Laânigri…
Hirane est traîné dans une estafette et là, il aurait eu droit à une nouvelle raclée.
Une foule s’amasse, crie son indignation et réclame la libération du journaliste qu’on finit par… éjecter.

Mardi 29 mai, commune de Harbil à 14 Km de Marrakech, forces auxiliaires et gendarmerie affrontent une population en colère. Les heurts sont violents : balles en caoutchouc, gaz lacrymogène, gourdins et matraques côté forces de l’ordre, pierres de l’autre.

Objet des affrontements : refus de démolition d’habitats illégaux.Ces baraques se dressaient sur un ancien terrain de foot de 3 ha morcelé en 136 parcelles vendues par des spéculateurs sans autorisation et de manière frauduleuse, au vu et au su des autorités locales……(voir L’Economiste en date du 5/06/2007)

Bilan : des dizaines de blessés de part et d’autre, plus de nombreuses arrestations.
Là aussi, le Pouvoir a préféré la répression au dialogue et à la négociation, alors que son « laxisme » est en grande partie responsable de cette explosion de colère populaire.
Diplômés-chômeurs, presse et simples citoyens, tous logés à la même enseigne, tous sont bons à tabasser.

Et leur passage à tabac ne donnera lieu à aucune enquête, aucune investigation.Et on peut demander, et à juste titre, si les gouvernants marocains n’ont pas décidé d’entrer en guerre contre leurs concitoyens ?

Une guerre que la majorité des partis politiques semble appuyer vu le silence complice dont ils ne cessent de faire preuve.

Les chômeurs-diplômés ne sont-ils pas sauvagement réprimés devant un parlement où siègent les representants de ces partis ?

Quant à la presse, elle ne cesse d’être harcelée, poursuivie dans des procès iniques.
Concernant les citoyens, chaque fois qu’ils veulent s’exprimer sur la place publique et d’une manière pacifique, ils sont réprimés de la manière la plus brutale, voire la plus sauvage.

Et dire que ces mêmes gouvernants, ces mêmes partis ne cessent de se demander pourquoi les Marocains ne s’intéressent pas aux prochaines élections et, d’une manière générale, à la politique, pourquoi les jeunes déserte les formations politiques à qui, d’ailleurs, ils n’accordent aucune crédibilité ?

Les tabasser puis leur demander d’aller voter.
Quel culot !
Quelle indécence !

En attendant, et selon l’hebdomadaire « El Ayyam », ces gouvernants auraient acheté de l’Espagne pour 16. 200.000 euros de matériel anti–émeute dont 500 millions de centimes de……gourdins et de matraques.

Par khalid Jamai
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