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Venezuela : RSF soutient le terrorisme anti-média ?

Publie le vendredi 19 janvier 2007 par Open-Publishing

Venezuela : RSF soutient le terrorisme anti-média ?
par POGGI NUMANCIA
jeudi 18 janvier 2007

Nous savons la minutie avec laquelle RSF observe la vie médiatique vénézuélienne. La sourcilleuse organisation avait par exemple en novembre 2006, trois semaines avant les élections présidentielles, dénoncé publiquement un acte de « censure » commis par un élu local bolivarien à l’encontre de deux journaux locaux. Le malheureux maire chaviste s’était avisé de décider de ne plus diffuser d’annonces publicitaires dans ces journaux qui lui sont farouchement hostiles. La décision du maire bolivarien était basée sur le fait que ces journaux menaient une campagne mensongère et déstabilisante. Le maire avait donc simplement décidé de cesser d’utiliser ces journaux, lesquels ont perdu toute crédibilité pour d’amples secteurs de la société, comme vecteurs de l’information officielle. RSF juge aussitôt que la décision du maire bolivarien doit être condamnée publiquement. Tel est le raisonnement de RSF : la publicité finance les journaux ; si la mairie ne finance plus -par le biais de la publicité- un journal local c’est qu’elle veut de sa mort ; c’est donc un acte de censure. CQFD.

Etrangement ce genre de dénonciation n’a jamais été fait dans le cas de la France ou dans le cas des Etats-Unis. Imagine-t-on un maire « républicain » aux Etats-Unis financer un journal faisant campagne -et y compris en s’en tenant strictement à une information véridique- pour Ralph Nader ? Si on se limite à l’Amérique latine pour observer la liste des dénonciations émises par RSF, la manouvre de dénigrement anti-chaviste est encore plus grotesque. Déséquilibre flagrant donc de RSF. Déséquilibre en tout point semblable à celui qui est pratiqué par les medias impérialistes et oligarchiques que cette organisation défend dans le monde.

Les actes de sabotage médiatique à l’encontre des médias anti-impérialistes sont monnaie courante partout en Amérique latine. Les entreprises privées de distribution des chaînes de télévision par câble ont par exemple la haute main sur la culture générale et la culture politique qui est diffusée dans bien des foyers sur le continent. Des incidents « techniques » peuvent à tout moment frapper les rares chaînes qui diffusent parfois un programme un peu alternatif. RSF n’a cependant jamais dénoncé les difficultés de TeleSur pour entrer dans les foyers de la famille latino-américaine. De grands espaces de la région latino-américaine sont encore parfaitement « immunisés » contre la diffusion de TeleSur, chaîne alternative à vocation continentale.

Jamais RSF n’a émis la moindre protestation quant aux incidents « techniques » réitérés dont est victime la chaîne Venezolana de Televisión (VTV). Vendredi 12 janvier 2007 par exemple les câbles permettant la diffusion de Venezolana de Televisión (VTV) -la chaîne publique vénézuélienne, la seule chaîne nationale qui ne soit pas aux mains de l’opposition pro-impérialiste- ont été sabotés dans l’Etat de Bolívar, dans le secteur de Vista Alegre de San Félix. La diffusion de VTV, tout comme la chaîne associative de gauche Vive TV, a été interrompue suite à cet acte de sabotage. Si cela était arrivé à la chaîne oligarchique RCTV, dont la concession expire en mai 2007, l’ONG RSF serait-elle restée silencieuse ?

Exactement la même chose s’est produite pour la radio. Quasiment toutes les radios du Venezuela sont aux mains de l’opposition. La radio publique Radio Nacional de Venezuela (RNV) est quasiment la seule radio nationale qui soit tant bien que mal acquise à la Révolution. Ce vendredi 12 janvier 2007, RNV a également été sabotée dans l’Etat de Bolívar. La diffusion a été interrompue. Que dit RSF ? Rien. Qui ne dit rien consent, surtout quand il s’agit d’une Organisation « Non » Gouvernementale qui sait parfois se montrer si sourcilleuse, qui par exemple est allée jusqu’à dénoncer comme un cas de « censure » le non financement -par la publicité- d’un journal oligarchique et pro-impérialiste.

A titre de comparaison. Lorsque le journaliste de TeleSur Fredy Muñoz a été arrêté en novembre 2006, RSF a gardé le silence. Le 9 janvier 2007, après près de deux mois de détention, Fredy a été libéré ; et RSF a aussitôt -le 10 janvier 2007- émis un communiqué de félicitation pour le régime fascisant colombien. Fredy a été libéré grâce à une intense campagne internationale, à laquelle RSF n’a bien sûr pas participé. Au moment de la libération du journaliste indépendant RSF donne pour titre à son communiqué de félicitation : « RSF applaudit la ’’sage décision’’ ». Dans ce même communiqué RSF rapporte sans guillemet ni réserve que Fredy reste « suspect d’avoir des relations avec les FARC ». (voir par exemple http://www.rsf.org/article.php3?id_article=20354)

Les relations de RSF avec la capitale de la réaction latino-américaine sont peut-être très avantageuses sur le plan financier, mais elles ont ruiné la crédibilité de l’ONG.

http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=653