Vérité au deçà de la Cyrénaïque, erreur au delà du Nil ?

La guerre en Libye, l’occupation militaire étrangère au Bahreïn.
Deux poids, deux mesures ?

Les médias nous vendent la protection des populations d’un côté, la menace des populations de l’autre, alors que ces deux peuples aspirent aux mêmes libertés et à leur juste place dans le concert des nations de ce printemps arabe !

Tout le monde s’émeut du sort des habitants de Benghazi face au colonel Gaddafi, tyran aujourd’hui, invité d’honneur choyé à l’Élysée il y a peu. Belle unanimité de l’ONU aux citoyens que nous sommes en passant par les médias.

Le roi de Bahreïn a décrété dans la semaine la loi martiale et une force militaire a été dépêchée par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe Bahreïn, le Koweït, le sultanat d’Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, cette force militaire a été envoyée pour soutenir la monarchie.

D’anciens élus et des opposants au régime, ont appelé dimanche l’ONU à faire cesser les violences contre les manifestants et assurer une médiation entre l’opposition et la monarchie sunnite. Ils ont aussi demandé à Washington à faire pression pour le départ de la force envoyée par le CCG.

"Il faut qu’ils rentrent chez eux. On n’a pas besoin d’eux ici puisqu’il s’agit d’un problème politique et pas militaire", a expliqué Jassim Hussein, un ancien député du groupe Al Wefaq, le plus important mouvement chiite.
Voir sur ce sujet le rapport publié par Amnesty International le 17 mars, « Evidence of Bahraini Security Forces’ Brutality Revealed ». Un texte en français, plus court, a été publié le 15 mars : « Condamnation de la violente répression à Bahreïn ».

Face à cette criante injustice, aucune réflexion sur le fond.La forme l’emporte sur le fond, comme en Irak où pour justifier la guerre, il a été inventé des armes de destruction massive...Le fond quel fond ? Je pense qu’au-delà de la forme et je ne nie pas les vraies souffrances des libyens, cette souffrance en fait apparaît comme un formidable et inimaginable scénario, aubaine inespérée jusqu’alors. Il il s’agit là d’un vrai faux prétexte. Le fond il faut aller le chercher dans les puits de pétrole et les fonds de pétro-dollars !

La redistribution mondiale du marché du pétrole est totalement absente de l’analyse pour la Libye, alors qu’il s’agit du principal enjeu, ce dont les producteurs Russie et Vénézuela ont bien compris secrètement de même que le premier acheteur potentiel mondial, la Chine a compris également. D’ où leurs positions en retrait, voire hostiles au Conseil de sécurité. Derrière ce non dit, il y a la position hypocrite de la coalition inédite occident-pays arabes sous couvert d’une très vertueuse protection des populations civiles. Comment expliquer autrement ce hiatus entre ce qui fait vérité à Benghazi et silence à Bahrein ?Les populations de l’une est plus importante aux yeux de l’occident que l’autre ?On pourra poser la même question demain pour les peuples de Syrie, d’ Algérie,et du Maroc ou le printemps arabe est en cours et où les libertés et les sécurités des populations apparaissent menacées.(voire sont menacées réellement)

Je suis autant exigent et intransigeant pour les libertés et la sécurité des libyens que pour celles des habitants de Bahrein ! Et demain pour d’autres pays du printemps arabe.A t-on vu le laudateur de Botul, le néo diplomate BHL s’émouvoir pour ces populations ? A t-on entendu le ministre des affaires étrangères Juppé et le président Sarkozy seulement l’évoquer ?

Vérité au deçà de la Cyrénaïque, erreur au delà du Nil ?

Je crains un triste remake du déclenchement de la guerre en Irak là-bas pour des armes qui n’existait pas, ici pour des motifs humanitaires.Il y a une différence certes, mais on ne peut qu’être troublé et je le suis.La propagande est puissante et le peuple gobe ce qu’on souhaite lui voir avaler. On prend les français pour des pois chiche en perdition dans la semoule des futures élections !

Une belle entourloupe !

http://blogs.mediapart.fr/blog/koszayr/200311/verite-au-deca-de-la-cyrenaique-erreur-au-dela-du-nil