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Vers un crise mondiale

Publie le vendredi 26 septembre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Source : Rouge 26 Sept 2008

La crise économique connaît de nouveaux rebondissements, de nouvelles faillites ayant eu lieu. Utilisant l’argent du contribuable pour combler les pertes, le Trésor américain annonce un plan de 700 milliards de dollars. Mais la crise n’est pas finie.

Crise financière et crise réelle continuent à cheminer côte à côte, mais de plus en plus étroitement imbriquées. Une fois c’est l’une, une fois c’est l’autre qui prend la vedette. Il y a quinze jours, c’était la crise réelle qui tenait le devant de la scène, avec un monde développé en récession. Désormais, c’est la crise financière qui passe au premier plan. Elle progresse suivant toujours le même axe : l’effet domino, où chaque pièce qui tombe en entraîne une autre à sa suite. Après Fannie et Freddie, les deux géants du refinancement hypothécaire américain, la banque d’affaires Lehman Brothers ; après Lehman, la compagnie d’assurance AIG (qui était, il n’y a pas si longtemps, numéro un mondial) ; après AIG, la banque anglaise HBOS, rachetée en catastrophe par la Lloyds TSB.

Mais l’effet domino a élargi son cercle et concerne de nouveaux acteurs, qui ne sont plus directement liés au marché hypothécaire américain. La chute de Fannie et Freddie s’explique évidemment par l’effondrement de ce marché. Tel est encore le cas de Lehman, fortement impliqué dans le crédit immobilier aux États-Unis. Les choses changent déjà avec la banque anglaise HBOS, tombée parce qu’elle est le plus gros prêteur immobilier, non pas aux États-Unis, mais en Grande-Bretagne. Le glissement est encore plus net avec AIG, dont le lien au marché hypothécaire n’est qu’indirect.

Nous en sommes même arrivés à un effet domino qui anticipe son propre mouvement. Une fois un domino tombé, les acteurs de la finance cherchent quel sera le prochain, persuadés qu’il y en aura un. Chaque fois qu’une victime est désignée, la meute de loups l’entoure, l’isole, fixant sur elle des yeux de braise, attendant qu’elle tombe pour la dépecer, tout en se lamentant sur la crise effroyable. La logique de la crise financière est désormais auto-entretenue.

Le plus grave, c’est qu’à côté de l’effet domino, il y a un effet ping-pong, où sphère financière et économie réelle se renvoient la balle. Tel commence à être le cas de l’économie réelle à la sphère financière, parce que la dégradation de l’activité économique rend insolvables des emprunteurs, même en dehors du marché hypothécaire. Mais tel est surtout le cas de la sphère financière à l’économie réelle. La cascade d’effondrements financiers ne peut qu’accentuer la restriction du crédit bancaire, déjà bien entamée. Et les retombées négatives de ces effondrements vont bien au-delà de ce seul volet. Ainsi, la chute de Lehman a un impact psychologique désastreux, mais elle va également frapper les autres établissements qui lui ont prêté de l’argent, qui ne peuvent plus rentrer dans leurs fonds et seront, de ce fait, soupçonnés à leur tour ; enfin, la liquidation des actifs de Lehman, jetés sur les marchés pour sauver quelques sous, va contribuer à dégrader encore un peu plus les cours.

Plan d’urgence

Il ne fait pas de doutes que ce jeu de ping-pong va aggraver la crise réelle commençante. En une dizaine de jours, la probabilité d’une crise mondiale s’est nettement accrue. Mais une autre possibilité est maintenant ouverte : celle d’un effondrement en cascade de l’ensemble du système financier mondial. Jusqu’à présent guère concevable, cette hypothèse a gagné en crédibilité avec les événements récents, tout en n’étant toujours pas la plus probable. La déflagration sera sans doute évitée, mais il est désormais clair que la crise proprement financière est installée pour longtemps.

Confrontées à la violence du tremblement de terre, les boussoles s’affolent. Et les autorités publiques s’empressent de voler au secours du capital, comme elles l’ont fait avec Fannie et Freddie, puis à nouveau avec AIG. On nous a longuement et doctement expliqué que les marchés s’équilibraient eux-mêmes, et qu’il ne fallait surtout pas intervenir, ni perturber leur fonctionnement. Mais, dès que le système de profit est menacé, les beaux discours sont jetés aux orties, littéralement piétinés, et il ne reste plus que la réalité toute crue de la défense du fric. Et certains de se réjouir de cet interventionnisme, contradiction en actes du libéralisme ambiant. Est-ce là toute la leçon que l’on peut tirer de la catastrophe imminente ? Le système capitaliste lui-même n’a-t-il pas démontré sa nocivité, l’effroyable capacité qu’il a d’entraîner avec lui toute l’humanité aux abîmes ? L’appel à l’État pour couvrir les pertes d’aujourd’hui et garantir les profits de demain change-t-il quoi que ce soit ?

Manifestement non, c’est une façon de sauver ce qui peut l’être du néolibéralisme. Il n’est pas question de nous contenter d’un tel discours. En réalité, le contraste est saisissant entre la rapidité avec laquelle la crise progresse et le ronron de la gauche « de gouvernement » où, s’il arrive que l’on parle, on parle en tous les cas de tout autre chose. Un sursaut s’impose, la contre-offensive doit s’organiser. Il nous faut un nouveau plan d’urgence, un plan d’urgence face à la crise. ■

Isaac Johsua

Messages

  • En effet leur solution

    nationaliser les pertes pour privatiser les profits

    a assez duré.

    Ils ne sont rien, soyons tout

  • A JR
    On peut mettre MGB à toutes les sauces, pourquoi pas celle là !!! Va donc demain à la manif du PCF, peu de chance d’y voir Sarkozy.
    Léon

  • de la crise financiere a la crise monetaire :

    Trappe à liquidité et nef des fous

    Mise à jour : 2008-09-26 19:08:36

    En temps de crise, le cash est roi, dit l’adage.

    Quand tous les établissements de la place sont suspects, que les pertes s’accumulent de jour en jour et qu’aucune lueur d’espoir n’apparaît à l’horizon, tout les acteurs veulent se protéger et conservent à tout prix leurs liquidités.

    Dès lors, le crédit est atteint de paralysie, puis peu après l’ensemble du système s’effondre.

    C’est la situation dans laquelle se trouvent les marchés depuis une semaine.

    L’argent fuit des marchés monétaires, et les banques ne doivent leur survie qu’à l’intervention des banques centrales.

    Cette période de sursis sous soins intensifs ne peut se prolonger très longtemps. Elle amplifie les pertes, accroit le stress, et finit par ébranler les plus solides.

    Un sentiment de panique ne vas pas tarder à s’insinuer dans toutes les têtes. L’effet du choc psychologique de l’annonce du plan Paulson est en train de s’évanouir au fur et à mesure que les divisions - et les calculs partisans - de la classe politique US s’étalent au grand jour.

    Paulson, dit-on, a mis un genou à terre devant Nancy Pelosi, l’adjurant de ne pas bloquer son plan de sauvetage.

    Sans doute jouée, cette pose théâtrale n’en illustre pas moins la gravité de la situation. L’implosion est imminente, et il est temps, grand temps, que la nef des fous de Washington se ressaisisse. Bientôt il sera trop tard.

    Les banques centrales injectent toujours plus de liquidités

    La BCE, la Banque d’Angleterre et la Banque Suisse ont fourni 74 milliards d’euros, alors que les marchés monétaires restent paralysés.

    « Il n’y a plus de marché du crédit. Les seuls financements proviennent des banques centrales, » constate un professionnel d’UBS.

    L’écart entre l’OIS et le Libor, une mesure alternative au TED spread de la liquidité du marché interbancaire, a atteint 202 points.

    La BCE a offert 35 milliards, pour une demande cumulée de 82,5 milliards.

    De son coté, la Banque d’Angleterre s’apprête à fournir dans un premier temps 40 milliards de livres pour une durée de trois mois, pour tenter de soulager les banques qui ne trouvent plus de fonds sur le marché monétaire depuis plus d’une semaine.

    http://contreinfo.info/