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Victimisation, la nouvelle maladie de ce siècle

Publie le samedi 4 avril 2009 par Open-Publishing
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J’ai comme un doute sur le fait que Blue Öyster Cult soit le fond musical parfait pour cet article, mais comme j’ai envie d’écouter Astronomy et d’écrire ce machin, on va tenter l’association des genres, quitte à sombrer dans la nullité la plus totale.

Commençons par le contexte. Pourquoi écrire ce qui va suivre ? Pourquoi encore perdre un peu de temps à aligner des mots sur un sujet dont tout le monde, soit se contrebalance la rigoulette avec un oignon, soit a déjà un avis bien forgé ? Parce que qui ne tente rien n’a rien, et parce que, comme chacun sait, l’amoncellement de débilités proférées sur des forums, sites, chaines de télévision, journaux à propos de la justice a tendance à me sortir par les oreilles, le nez et nombre d’orifices que je ne citerai pas pour respecter ma ligne éditoriale pas encore clairement définie, mais ça viendra.

Pour tout vous dire, c’est un forum fréquenté par une amie qui a mis le feu aux poudres. S’y est déroulée une discussion faisant suite à la diffusion, sur France2, d’un reportage traitant de l’état du monde carcéral français (autant vous dire que ça devait pas être brillant, si le reportage s’attachait à aller un minimum au fond des choses). Et ça n’a pas loupé. A l’horreur des images et du propos ont succédé des réactions aussi peu variées qu’inutiles voire sadiques sur la condition des prisonniers. Je ne me lancerai pas dans le débat long et fastidieux autour des punitions parfaites, et n’exposerai pas mon point de vue sur la prison en tant que remède aux déviances. Toujours est-il qu’on a pu voir, sur ce fameux forum, des mères de famille (quelle appellation charmante, révélatrice d’une structure sociale érigée en culte ridicule), des célibataires et surement plein de personnes aux horizons divers et variés nous expliquer bien aimablement ce qu’elles pensaient de la manière dont vivaient (survivaient ?) les détenus. En substance, et pour vous résumer la chose, que s’il s’en trouvait pour ne pas mériter ça, les violeurs, pédophiles et autres Gilles de Retz l’avaient quand même bien cherché et que c’était bien fait pour eux, voir même qu’ils devraient s’estimer heureux de n’être pas passés sur la chaise (ah bon, on pratique encore la peine de mort chez nous ?).

C’est à ceci que je veux répondre. A ce phénomène dangereux et malsain pour l’état d’une société qu’on nommera la victimisation. Les médias pratiquent cet art depuis des années déjà. Il s’agit en gros de se saisir d’une bonne grosse affaire choquante (un pédophile, un tueur en série ou toute personne un brin dérangée répondant au profil du “monstre” convenant parfaitement) et de marteler que la justice doit réparer, condamner durement sans s’attarder à comprendre la personne qu’elle juge et soulager les VICTIMES. C’est le premier effet de cette démonstration subjective. Placer les victimes au centre du rôle de la justice. Si je suis pour le principe de réparation et si je conçois tout à fait la douleur que peut éprouver un groupe (j’aime vraiment pas le mot famille) à avoir perdu l’un des siens ou à avoir été violé dans son intimité, je ne vois pas en quoi un acharnement judiciaire sur l’individu qui leur a infligé cette souffrance les aidera à aller mieux. Résumer le processus de justice à aider les victimes c’est s’approcher davantage de la Loi du Talion Coranique que d’un principe visant à réparer ou aller de l’avant. Qui plus est, et c’est tout à fait normal, les victimes ne peuvent être objectives dans leurs réclamations vis à vis du coupable ou présumé comme tel. Elles ont été choquées, blessées, meurtries et par ricochet, tel un animal blessé, développent un comportement agressif d’auto-défense. Hors, au moment de juger, nous n’en sommes plus à les protéger, nous en sommes à chercher une résolution du problème pour CHAQUE protagoniste, accusé compris.

Il est aisé de présenter un pédophile ou un violeur comme un “méchant” simpliste motivé par le désir de faire du mal. Le définir ainsi permet de le frapper sans remords et de se rapprocher de ce principe du Talion que je viens d’évoquer. On le prive alors de sa qualité d’être humain qui mérite d’être jugé de la même manière que ses congénères et on le transforme en bête sauvage irrécupérable et dont il n’y a rien à comprendre. Il est méchant, c’est tout, la preuve, il a violé des enfants. C’est une attitude dangereuse. Car si pour l’instant ne s’applique qu’aux “grand criminels” qu’on a effectivement du mal à comprendre, qui nous dit que demain on n’appliquera pas cette logique aux voleurs de voitures ? Aux bruleurs de poubelles ? Je pense effectivement qu’on ne peut juger un pédophile ou un violeur comme on juge un jeune délinquant en perte de repères. Car je pense, que ces gens, qu’on traite de monstres, sont malades. Je pense qu’ils répondent à des pulsions présentées comme taboues et rejetées par la société qui les poussent à se cacher et les assouvir le plus discrètement possible. Je pense qu’un traitement préalable, une aide psychologique, un dépistage de ces pulsions ferait surement plus de bien que des procès exemplaires où on les insulte à tout bout de champ. La répression n’est en rien un moyen acceptable contre ces gens-là. Car je pense qu’ils ne “réfléchissent” pas à leurs actes, ils ont besoin de les commettre. Et si, ce sont bien des humains. La pédophilie est une attitude vieille comme le monde qui fait partie des “déviances” de l’humanité. Présenter ces gens comme des monstres c’est refuser de reconnaitre cette “maladie” et, par extension, de la soigner.

Je ne veux pas accabler les victimes qu’on peut entendre sangloter ou réclamer justice (répression serait plus juste) exemplaire. Nul doute que si moi-même j’étais victime directement ou indirectement je ne réagirais pas différemment. Mais je le sais et je l’affirme, je n’aurais pas raison, car ma requête serait motivée uniquement par la douleur et la peur, qui ne sont et n’ont jamais été de bons moteurs de compréhension et de décision.

Alors, si, les pédophiles, les violeurs, les tueurs en série sont des humains. Malades, victimes de défaillances psychologiques dont l’origine est dure à déterminer mais contre qui la répression ne sera jamais d’aucune utilité pour la société. Et comme chaque Homme, ils méritent de vivre, décemment. Les grandes affaires de ce genre devraient servir à pointer le problème, non à l’enfouir en profitant de la douleur des victimes, non à se couper de ces individus dont les actions seront de plus en plus violentes au fur et à mesure qu’on les comprendra de moins en moins.

Il faut croire que cette manière de réfléchir ne fait pas vendre. Et c’est à se pencher sur ces affaires qu’on constate notre degré de brutalité. A constater les réactions primaires de nos congénères qui choisissent la facilité de la haine. Est-ce une manière de se rassurer ? De s’auto-persuader par la comparaison que ne pas être ainsi c’est être “normal” ? Encore une fois, je ne saurais affirmer avec précision les causes de ces attitudes destructrices, je perçois juste leur pouvoir et leur nombre. Je perçois leur danger. Et c’est pour cette raison qu’il est important d’en parler, d’expliquer, avant qu’il ne soit trop tard. Car la violence, même maquillée de raison, n’engendre jamais la tolérance et une solution durable.

Messages

  • Merci pour cet article qui m’interpelle ;j’ai aussi remarqué à quel point de braves mères de famille portent en elles une barbarie inavouée qui ressort lors d’un face à face avec des criminels "malades" avant tout ;ce sujet mériterait vraiment un long débat,d’autant plus que certaines "mères castratrices",autant que les états "castrateurs" peuvent générer ce genre de déviance !Avons nous évoluer d’un seul pouce depuis l’antique Rome où le peuple venait voir avec délectation les chétiens livrés aux fauves de l’arène ?