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Villiers le bel : on mesure le fossé qui sépare l’information de la vérité...

Publie le lundi 3 décembre 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

Bonjour,

Il se trouve que mes bureaux se trouvent précisément là où se sont déroulés
récemment des affrontementds violents entre la police et des habitants de
Villiers-le- Bel, Gonesse, et des communes limitrophes.

Lorsqu’on a la "chance" de se trouver au coeur de ce type d’événement, on mesure le fossé qui sépare l’information de la vérité.

J’ai constaté en arrivant lundi matin les dégâts du dimanche soir. Lundi
soir,
en quittant le bureau, tout était calme en, ville. En arrivant à la gare
RER,
je suis tombé sur une vingtaine de cars de CRS, qui bloquaient l’accès aux
trains avec visiblement une forme de plaisir sadique. Lorsqu’on voit des
CRS,
on comprend une chose : ce n’est pas la police qu’on envoie, c’est l’armée.

Se
faire contrôler par un CRS comme je l’ai été c’est pire que par la police.
C’est le règne de l’arbitraire multiplié par deux.
Leur armement est militaire.

Je me suis dit alors (il était 19h00 environ, il faisait donc nuit et tout
était
calme !!!) que c’était une provocation grave. Si l’on pense à la façon dont
les
habitants des banlieues populaires ont intégré la souffrance des peuples
irakiens et afghans occupés par les armées occidentales comme paradigme de
leur
propre souffrance, de l’exclusion dont ils sont victimes, je me mets à leur
place, voir les CRS débarquer, c’est voir une armée étrangère venir occuper
leur territoire. N’importe qui ressentirait cela. Pas nous ? C’est juste que
nous n’avons pas l’habitude de voir des centaines de CRS s’installer dans
notre
quartier pour contrôler nos déplacements et nous humilier verbalement, ou
physiquement.

Nous travaillons de façon étroite avec la municipalité, ce qui nous permet
d’être au fait des agissements de la Police Nationale. Les contrôles
d’identité
sont en temps normal aussi constants qu’arbitraires. Et humiliants : les
scènes
où les flics prennent la carte d’identité d’un jeune pour la jeter au sol en
la
foulant du pied sont légion. Mardi soir l’équipe du cinéma que nous animons
à
Gonesse à proximité de nos bureaux a assuré une veille citoyenne.

Retour sur les événements : la presse a fait état hier de l’existence d’une
vidéo. Nous avons appris ce matin, de la bouche d’une personnalité de la
mairie
de Gonesse, que l’intégralité de la vidéo avait été vendue à Canal +
Plusieurs personnes affirment avoir vu cette vidéo. Ce n’est pas mon cas. A
supposer que les personnes en question, qui sont des élus de la République,
ne
soient pas des affabulateurs, je pense que leurs propos doivent être portés
à
la connaissance de tous. Sachez qu’ils hésitent à le faire, le contenu
intégral
de cette vidéo étant explosif.

Selon le témoignage des élus que nous avons rencontrés, et qui ont demandé
bien
entendu la plus grande discrétion à ce sujet, on voit sur la vidéo la
voiture
de police croiser à plusieurs reprises la moto. Puis s’arrêter, attendre de
croiser à nouveau la moto, et une fois celle-ci en vue, accélérer bruquement
pour lui rentrer dedans.

Cela se passe de commentaires. J’ai tendance à croire plus volontiers les
élus
communaux qui ont visionné ce document que la police, ou les soi-disants
journalistes qui se drapent dans leur dignité bafouée pour justifioer des
"conditions difficiles de travail" qui sont effectivement les leurs. Il
faudrait qu’ils se posent aussi un peu plus volontiers la question de savoir
POURQUOI les habitants leur en veulent autant.
La presse est systématiquement du côté du pouvoir, on le sait, il n’est qu’à
lire la formulation des articles : "l’enquête de l’IGPN a déterminé que" et
en
face "selon les habitants".

La parole du pouvoir vaut toujours plus que celle d’un couillon, surtout
bougnoule.

Le mot d’Arendt transmis par Jean-Marie Guéant est fort juste, et je le fais
circuler avec ce message (cf PJ)

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