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Violences faites aux femmes : "En France, les chiffres sont alarmants"

Publie le mercredi 25 novembre 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

En proclamant le 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes, les Nations Unies souhaitaient alerter la communauté internationale. En France, la situation semble avoir peu évolué. Entretien avec Françoise Brié, vice-présidente de la Fédération Nationale Solidarité Femme.

Recueilli par JUSTINE LAFON

156 femmes sont mortes en 2008 sous les coups de leur compagnon – soit une femme tuée tous les deux jours et demi –, et 675.000 femmes ont été victimes de violences lors des deux dernières années, soit de leur compagnon, soit d’un autre membre de la famille.

Des chiffes alarmants et pourtant, Françoise Brié, vice-présidente de la Fédération Nationale Solidarité Femme et directrice d’un centre d’accueil et d’hébergement (92), constate l’insuffisance des actions pour lutter contre ce type de violence.

Où en sommes-nous concernant les violences faites aux femmes en France ?

La France est fortement touchée par les violences faites aux femmes. Les chiffres sont très alarmants, sur le plan des violences conjugales notamment. En 2008, plus de 18.000 appels ont été traités par le 3919 (numéro national unique destiné aux victimes ou témoins de violences conjugales). Les femmes âgées de moins de 40 ans sont les plus nombreuses à appeler, tous milieux sociaux confondus. Le 3919 reçoit aussi des appels de femmes cadres ou de professions libérales, contrairement aux idées reçues.

Comment l’expliquer ?

Notre société reste machiste dans sa façon d’aborder les relations de couple. Certains hommes se considèrent comme les propriétaires du corps et de l’esprit des femmes. La domination masculine est encore très prégnante, y compris dans les sphères de pouvoir.

La société favorise donc la violence à l’égard des femmes, et cela est valable pour toutes les formes de violences, que ce soit le viol, le harcèlement sexuel au travail ou les mariages forcés.

Ce phénomène de violence a longtemps été passé sous silence, aujourd’hui la honte doit changer de camp. Comment peut-on encore observer des femmes détruites physiquement et psychologiquement dans une société dite évoluée ?

Y-a-t-il eu certaines améliorations ?

Oui, on observe quelques améliorations. Concernant les victimes, un certain nombre de femmes plus âgées (au-dessus de 40 ans) commencent à parler, par exemple. Il s’agit de femmes qui sont victimes de violences depuis une quinzaine ou une vingtaine d’année et qui n’avaient pas la possibilité de parler avant.

Du côté des aides, il y a des plus en plus de personnes qui se saisissent du problème, mais cela reste insuffisant. La difficulté est que ce problème soit traité par des professionnels très bien formés, et qu’il y ait une mise en réseau des acteurs. Les professionnels de santé, par exemple, ont un rôle de repérage, d’information à jouer. Beaucoup de femmes n’osent pas en parler lorsqu’elles sont victimes de violence, et le corps médical peut repérer ces situations.

Que proposez-vous ?

Déjà, il faudrait que la loi de 2006 relative aux violences conjugales soit appliquée. Ensuite, la prévention vis à vis des jeunes me semble indispensable. C’est à travers eux que nous pourront rompre les stéréotypes, et établir de nouvelles relations hommes-femmes.

Par ailleurs, on commence à peine à prendre conscience des effets négatifs des violences conjugales sur les enfants de victimes. La sécurité de la femme et de ses enfants doivent aller de pair. Dans certaines situations, des enfants sont placés. Il faut être vigilant là-dessus.

On souhaite également que les femmes ne soient plus obligées de donner leur adresse lorsqu’elles quittent le domicile familiale afin que le père puisse voir ses enfants.

La diffusion d’un portable d’urgence pour les femmes battues constitue aussi une solution ?

Le portable d’urgence est un outil qui peut être utile dans les cas où le conjoint a été condamné et ne vit plus au domicile de la victime. Mais, en soi c’est insuffisant, il est important qu’un dispositif soit mis en place autour de cette mesure, si elle est appliquée sur l’ensemble du territoire.
Numéro de téléphone national unique : 3919 (prix d’un appel local), accessible du lundi au samedi de 8h à 22h, les jours fériés de 10h à 20h.

http://www.liberation.fr/societe/0101604842-violences-faites-aux-femmes-en-france-les-chiffres-sont-alarmants

Messages

  • Un beau pretexte pour mettre en application "la traçabilité " de l’etre humain ! Ce n’est qu’un début !

  • Pas de problème : André Gerin va demander la création d’une commission parlementaire sur le sujet !

  • Comme je viens de recevoir le texte, je fais part de ce qui a été dit à l’assemblée....On reste dubitatif quant aux véritables prises de décision !

    Martine BILLARD

    Députée de Paris

    Question au gouvernement

    mardi 24 novembre 2009 – 1ère séance

    Monsieur le Premier ministre, plus d’un million de femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles en 2007-2008, plus de la moitié d’entre elles ayant subi ces violences au sein du foyer. En 2008, en France, 156 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint

    Près de quarante ans de luttes féministes ont fait progresser la législation, mais les lois sont toujours incomplètes ou mal appliquées. Quant au taux de plaintes, il est encore extrêmement faible, car les victimes hésitent à franchir la porte des commissariats.

    Le collectif national pour les droits des femmes avait proposé une loi-cadre, que le groupe GDR avait déposée sous forme de proposition de loi en janvier 2008, afin d’en finir avec les demi-mesures. Il s’agissait d’organiser l’accueil, la solidarité et la protection des victimes ; de systématiser la prévention ; de modifier, enfin, les procédures judiciaires pour qu’elles traitent de manière efficace les violences faites aux femmes. Il est en effet indispensable de dépasser la seule répression, principale réponse apportée aujourd’hui.

    La pétition du collectif exigeant une telle loi-cadre, déposée l’an dernier auprès du président de notre assemblée, a conduit à la création d’une mission d’information. Le rapport de cette mission contient des préconisations reprises dans une proposition de loi émanant de tous les bancs de notre assemblée. Ce n’est pas la loi-cadre que souhaitait le collectif, mais cette proposition contient de nombreuses avancées.

    Or, dans le même temps, Mme la ministre de la justice a annoncé hier le dépôt d’un projet de loi sur le sujet, sous quinzaine, sans faire référence aux travaux de la mission. Le Parlement ayant travaillé dans le consensus sur cette question de la lutte contre les violences faites aux femmes, je m’étonne que le Gouvernement annonce son propre texte. Monsieur le Premier ministre, le texte du Gouvernement sera-t-il différent de la proposition de loi de la mission du Parlement, ou soutiendrez-vous cette proposition ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

    M. le président. La parole est à Mme Nadine Morano, secrétaire d’État chargée de la famille et de la solidarité.

    Madame la députée, vous avez raison de dire que la violence faite aux femmes est un sujet qui concerne tous les députés, sur tous les bancs de l’Assemblée.

    Au moment où je vous parle, je pense à cette femme aspergée d’essence par son conjoint et brûlée vive à 70 %, il y a deux jours. Je pense également aux 156 femmes qui ont trouvé la mort sous les coups de leur compagnon ou de leur ex-compagnon. Enfin, je n’oublie pas que, tous les deux jours et demi, une femme meurt victime de violences dans notre pays.

    Ces chiffres sont intolérables et inacceptables, c’est pourquoi le Premier ministre a décidé de faire des violences faites aux femmes une grande cause nationale pour 2010. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.) Il annoncera demain, au cours de la journée internationale des violences faites aux femmes, un grand plan de mesures qui nous permettra d’aller plus loin. Nous devons renforcer notre arsenal législatif ainsi que nos moyens. J’étais hier en Espagne avec M. Guy Geoffroy, afin de prendre connaissance des moyens techniques et technologiques dont notre voisin européen s’est doté pour protéger les femmes, notamment le bracelet électronique et le téléphone d’urgence sociale.

    Comme vous l’avez rappelé, madame la députée, cette cause a fait l’objet d’une mission d’évaluation parlementaire qui a abouti à une proposition de loi dont M. Geoffroy fut le rapporteur. Le Gouvernement s’appuiera sur cette proposition de loi pour faire avancer la cause de la lutte contre les violences faites aux femmes, et l’ensemble des propositions feront l’objet d’un plan présenté par le Premier ministre. En tout état de cause, Xavier Darcos et moi-même estimons indispensable d’aller beaucoup plus loin, les chiffres des violences faites aux femmes dans notre pays étant intolérables. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

  • 156 assassinats de femmes par leurs conjoints ne me semble pas un chiffre énorme quand on voit le nombre de couples en France. Qu’il y ait 156 malades par an pour faire ça me semble même étonnamment faible quand on voit la désorganisation de la société qu’imposent le pouvoir central et les entreprises aux peuples. 156 meurtres ne font pas un phénomène de masse.

    De plus, il faudrait connaître les circonstances, on a peut-être pas toujours affaire à des malades mais des fois, des situations entretenues par les deux conjoints qui dégénèrent de façon dramatique. Les hommes ont la force physique, il est donc dans l’ordre des choses qu’ils soient les "bourreaux" en quelque sorte. Je suis persuadé que si les femmes le pouvaient physiquement, elles feraient autant de morts de leur côté. Ce que je veux dire par cette comptabilité macabre, c’est que je ne suis pas convaincu que l’analyse de genre, qui tend de plus en plus à remplacer l’analyse en terme de classes sociales, soit la plus pertinente pour comprendre ce problème. L’agressivité et le mal-être suintent par tout les pores de cette société de merde, chez les hommes comme chez les femmes.Quand il est écrit que "certains hommes se considèrent comme les propriétaires du corps et de l’esprit des femmes", je trouve que l’inverse est aussi vrai mais les armes de ceux (en fait "celles") qui n’ont pas la supériorité physique sont différentes. D’ailleurs j’ai vu une statistique, il y a peu, montrant que les violences vis à vis des individus les plus faibles de la société sont avant tout le fait des femmes.

    Il faudrait comprendre les ressorts de la frustration et du refoulement pour venir à bout de symptômes tels que la violence conjugale (que je ne nie pas, comprenez moi bien !) et autres (telles que les violences faites aux plus faibles). Je ne vois pas comment l’analyse de genre peut rendre compte de la situation (par contre elle rend très bien compte de la misandrie de certaines femmes qui préfèrent s’attaquer à des individus plutôt qu’au système. C’est moins risqué et en plus ça rapporte des salaires) . Elle mène en effet à culpabiliser les auteurs masculins des violences commises dans la société.

    Ainsi ce questionnement typiquement petit-bourgeois :
    "Comment peut-on encore observer des femmes détruites physiquement et psychologiquement dans une société dite évoluée ?" Nous ne sommes pas dans une société évoluée, chères féministes qui avez tant envie de rentrer dans cette modernité inhumaine qui nous détruit et fait d’ailleurs aussi votre propre malheur. Faut vous le dire en quelle langue ? Quand arrêterez-vous de rabacher les poncifs ethnopocentrés de ce genre ?

    Cette phrase :"La difficulté est que ce problème soit traité par des professionnels très bien formés, et qu’il y ait une mise en réseau des acteurs." "traité par des professionnels", "Mise en réseau des acteurs" : c’est le discours de merde de la gouvernance. Ca ne mènera jamais à rien sauf à verser des salaires à des petits-bourgeois qui n’éradiqueront jamais le problème parce qu’ils ne savent s’attaquer qu’aux symptômes et non aux causes.

    "la prévention vis à vis des jeunes me semble indispensable". Toujours ce même schéma (on s’attaque aux symptômes pas aux causes). Donc vous voulez vendre votre discours de classe (petite-bourgeoisie) à des jeunes qui sont dans une société organisée en un système qui mène au refoulement (il est primordial de comprendre ce qu’est le refoulement dans la Modernité). C’est peine perdu, sauf pour vous avec les salaires que vous toucherez et le prestige que l’idéologie bien-pensante régnant actuellement ne manquera pas de vous attribuer pour que vous continuiez à faire la leçon aux classes populaires.

    "aujourd’hui la honte doit changer de camp" Oui, faire honte à une population qui dégénère du fait des stratégies de désorganisation que le pouvoir central met en place depuis 200 ans et que l’on retrouve aujourd’hui avec la gouvernance qui vous sied si bien. Si vous vouliez participer à la touche finale de la mise en place de la société fasciste actuellement en construction, vous ne vous y prendriez pas mieux. Faire honte... Ca montre le niveau de compréhension du phénomène chez l’auteure.

    Encore bravo les féministes ! Et on en a encore pour des siècles d’esclavage !

  • Je vois qu’il n’y a aucune réponse à mon dernier message. J’ai déjà remarqué que quand on se les paye de face, les petites-bourgeoises féministes refusent le débat. C’est instructif pour tout ceux qui se sentent culpabilisés par ce discours bien pensant qu’est malheureusement devenu le féminisme. Ne vous taisez pas face à ces petite-bourgeoises, développez vos arguments libertaires car elles font le jeu de la modernité capitaliste. Le féminisme, tel qu’il se présente actuellement, n’est plus qu’une aubaine pour l’élite qui culpabilise les hommes (j’ai bien dit les hommes qui sont une de ses cibles favorites) d’être ce qu’ils sont : indomptables. Ce féminisme là et n’est plus une tentative de libérer la peuple du patriarcat et surtout de la phallocratie : il n’est plus qu’un miasme de la bienséance.

    Les féministes sont désormais aussi lâches que ces hommes nouveaux que nous sommes, incapables de répondre au moindre défi physique, en particulier ceux que nous oppose le pouvoir central. Plus les hommes sont incapables de violence, plus les faibles et les opprimés (dont les femmes, évidemment) souffriront de cette incapacité à assurer notre propre défense.

    Le féminisme avait le choix entre plusieurs voies. Il semble que ce soit la voie la plus embourgeoisée qui l’ait emportée, comme le montre ce pauvre article. Pourtant, il y avait moyen de faire beaucoup mieux que ça pour un thème aussi important.

    Misère de misère.

    PS : dans mon dernier courriel, il fallait lire ethnocentré et non ethnopocentré (résultat d’une correction qui s’est mal passée).