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02.10.2008, cf libre belgique, delattre
Un coût
Vivre à Paris coûte cher. On l’a compris dès le premier jour passé ici, mais, depuis, on se force à ne pas y penser, histoire que ce qui est aussi un plaisir quotidien ne soit pas gâché. Cette semaine, cela dit, une enquête de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) vient de très précisément chiffrer le surcoût que représente le fait d’habiter en région parisienne par rapport à la province : 13%.
Détaillons un peu. L’écart de prix le plus important (36%) entre la région parisienne et le reste du pays est évidemment celui des dépenses relatives au logement. A Paris, le coût des loyers – au sens large : qu’ils soient dus par les locataires où qu’ils correspondent à ce que devraient payer les accédants à la propriété en train de rembourser – est supérieur de 47% par rapport à la province. Mais d’autres écarts de prix importants existent, préjudiciables aux habitants de la capitale et de sa région : les dépenses de santé (+14%), les services de loisirs et de culture (+11%), ou les tarifs pratiqués dans le secteur de la restauration (+19%). L’étude note que les écarts de prix sont moins marqués pour l’alimentation et les transports. Mais ils existent tout de même et traduisent généralement un meilleur service rendu (heures d’ouverture des magasins plus grandes à Paris qu’en province, etc.). « Au total, hors dépenses de loyers, les prix en Ile de France sont supérieurs de 7% à ceux de la province », conclut l’Insee.
Qui, toutefois, nuance immédiatement son constat. Selon lui, cette différence de prix préjudiciable aux Parisiens est neutralisée par la hauteur des revenus salariaux, généralement plus élevés dans la capitale et dans sa banlieue que dans le reste du pays.
Moue un peu sceptique, on l’avoue, en lisant cette dernière conclusion. Le cadre travaillant dans les tours de La Défense gagne sans doute plus que son homologue des centres d’affaires de Sophia Antipolis, Montpellier ou Lyon. Ne fût-ce que parce que, comme le rappelle l’Insee, c’est à Paris et dans sa banlieue que sont localisées toutes les plus grandes entreprises du pays ainsi que celles appartenant aux secteurs d’activité les plus rémunérateurs. Dans ces catégories socio-professionnelles-là, en effet, le coût de la vie plus cher dans la capitale est sans doute neutralisé par une rémunération à la hauteur. Mais est-ce aussi systématiquement vrai dans les autres catégories sociales ? Autrement dit, par exemple, une caissière de chez Franprix, un balayeur de rue ou un petit commerçant de Saint-Denis, Sarcelles ou Saint-Maur gagnent-ils forcément et fondamentalement beaucoup plus que leurs collègues de Villeurbanne, Blagnac ou Montluçon ? Ou, plutôt, tous, où qu’ils habitent, n’ont-ils pas du mal à nouer les deux bouts ?