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Les Vingt-Sept tanguent sous les initiatives de Nicolas Sarkozy
EUROPE. Le président français déploie au sein de l’UE le même activisme que dans l’Hexagone. Volontarisme jugé fort peu collégial à Bruxelles.
Richard Werly, Bruxelles
Samedi 15 septembre 2007
C’est de Hongrie, le pays natal de son père, que Nicolas Sarkozy a tiré sa dernière flèche européenne. En visite à Budapest vendredi, le président français a joué au gardien du temple communautaire : « Dans l’Union, il n’y a pas de petits pays et les grands pays, a-t-il déclaré. [...] Il n’y a pas ceux qui ont le droit de parler et ceux qui ont le droit de se taire. »
Belle tirade propre à amadouer les opinions publiques d’Europe centrale, quatre ans après la colère de Jacques Chirac contre le ralliement des nouveaux pays de l’UE à la politique américaine en Irak, sans consultation préalable des Vingt-Cinq de l’époque. Mais une tirade de nature, à nouveau, à faire hausser les épaules de ses partenaires : « Quand il a ferraillé avec la Pologne, lors du sommet européen de Bruxelles, Nicolas Sarkozy n’a pas été aussi respectueux des formes, renâcle un diplomate. Sa manière de se draper dans les principes communautaires a de quoi irriter. »
A la Commission européenne, personne ne se risque bien sûr à commenter publiquement l’activisme du chef de l’Elysée. Son appel, la semaine dernière à Rennes, à « refonder » la sacro-sainte Politique agricole commune a ainsi été accueilli avec le sourire par le président de la Commission, José Manuel Barroso. Lequel s’est « réjoui » de la volonté de réforme française, au moment où l’Union entame une remise à plat de son budget pour l’après-2013.
Tensions avec Angela Merkel
Mais tout le monde ne sourit pas à l’unisson à Bruxelles et au sein des Vingt-Sept. La façon dont le président français s’en prend régulièrement à la Banque centrale européenne et à son président Jean-Claude Trichet n’est pas du goût des partenaires de l’eurozone, dont le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker assure la coordination. Les tensions relevées par la presse internationale entre Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel inquiètent aussi. L’UE a toujours subi, depuis sa création, les conséquences des ratés du couple franco-allemand.
La « méthode Sarkozy » est aussi dans le collimateur européen. La manière dont le président français s’est, avec succès, présenté comme le sauveur de l’accord obtenu in extremis sur un « traité simplifié », en juin dernier, a laissé un goût amer à Bruxelles. D’autant que l’ombre d’un ultime désaccord polonais plane sur le prochain sommet de Lisbonne, mi-octobre. La façon dont Cécilia Sarkozy a été mise en avant par l’Elysée dans la crise des infirmières bulgares, au détriment de la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a également énervé. Les fuites, en provenance de l’Elysée, sur le désir de Paris de voir l’UE « durcir » sa position envers l’Iran sont perçues comme une manière de passer en force. La proposition Nicolas Sarkozy de créer un « comité des sages » pour réfléchir à l’avenir de l’Union, et à ses relations avec la Turquie, fait enfin craindre à la Commission une perte supplémentaire de marge de manœuvre.
Chiffres qui fâchent
Reste la question qui fâche : celle des chiffres et du budget. La révision récente à la baisse, par la Commission, de la croissance française en 2007, laisse présager d’une rude passe d’armes entre Paris et Bruxelles au sujet des déficits budgétaires au moment où les ministres des Finances se réunissent ce week-end au Portugal.