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de la constitution sarkoziennne

Publie le vendredi 13 juillet 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

CLAUDE ANSERMOZ
13 Juillet 2007 | 00h07

Nicolas Sarkozy est tellement révolutionnaire qu’on pourrait croire qu’il a modifié la date de la fête nationale française. Dans les faits, il a avancé de deux jours le traditionnel discours présidentiel du 14 juillet. Plutôt qu’un duplex télévisé avec les Français depuis l’Elysée, il a choisi de discourir sur la « démocratie irréprochable et apaisée » hier à Epinal. A Epinal, l’image est évidemment forte. C’est dans le chef-lieu des Vosges qu’un certain Charles de Gaulle, démissionnaire de son poste de chef du gouvernement en 1946, avait exposé sa vision d’une « République moderne et adaptée à son temps ». C’est ici que Nicolas Sarkozy a lancé un processus destiné à « changer les m ?urs politiques dans notre pays ».

Après Epinal, l’homme de Collombey les deux Eglises avait fait sa cure d’opposition, fondé son parti et surtout connu une longue traversée du désert avant d’imposer ses idées. Redevenu providentiel en 1958, il imposa par la force des urnes, quatre ans plus tard, l’élection du président de la République au suffrage universel. L’homme de Neuilly a lui aussi connu un long passage à vide. Désormais porté par une belle cote de popularité ?67% d’opinions favorables ?et des sondages qui montrent que près de huit Français sur dix sont prêts à réformer les institutions, Nicolas Sarkozy ne pouvait choisir meilleur timing.

Ode à l’héritage gaullien

Fidèle au général, le président n’a pas évoqué et n’évoquera pas la VIe République : « Il faut toucher à ce grand texte qu’est la Constitution avec beaucoup de précaution. » Cinquante minutes de discours le front humide et la main tremblante pour une ode historique à l’héritage gaullien, et un hommage appuyé à un Etat fort : « Que le chef de l’Etat en soit un, que le gouvernement en soit un, que le parlement en soit un. »

« La feuille de route » qu’il a ainsi implicitement transmise à la toute nouvelle commission chargée du dossier ?qu’Edouard Balladur présidera et où il a confirmé la présence de Jack Lang ?dépoussière plus qu’elle ne bouscule. Le président a suggéré la limitation à deux du nombre de mandats de chef de l’Etat, qui devrait pouvoir s’exprimer devant l’Assemblée nationale, la création d’un statut de l’opposition ou le contrôle par le parlement sur les nominations importantes dans les entreprises publiques. S’il a dit qu’il ne devait « y avoir aucun tabou », il a clairement marqué sa préférence pour le scrutin majoritaire ou le maintien de l’article 49.3, permettant à un gouvernement de faire passer une loi sans l’aval du pouvoir législatif. Et consciemment occulté le droit de dissolution du Parlement ou la suppression du double mandat.

Mais la France ne deviendra pas la Suisse. Rien en ce qui concerne le droit d’initiative populaire ou parlementaire. Ou la transformation du Sénat en une Chambre représentative des régions, comme notre Conseil des Etats. Nicolas Sarkozy devrait recevoir un rapport d’ici au 1er novembre. Et le président a prévenu ceux qui en doutaient : c’est lui qui tranchera.

Messages

  • Eh oui, en France, il y a une espèce de paranoïa qui contamine presque tous les présidents.

    Celui qui vient d’être élu à 53% s’imagine que c’est à 100% pour TOUTES SES IDEES. Déjà, y’en a 47% CONTRE, ensuite, une majorité ça doit écouter en permanence une minorité. Et puis, à l’intérieur d’une majorité, selon les propositions, y’en a des pour, y’en a des contre. Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre ça. L’infaillibilité pontificale, faudrait laisser ça qu’aux papes, ça ferait moins de dégâts.

    Enfin, le peuple doit être consulté régulièrement, par des référendums d’initiative populaire.

    Pire que la Suisse, ça ne m’étonne pas.

    Quant au modèle étasunien (plus Bush que Bush), pas certain du tout que ça plaise à plus de 50% de Français. Faudrait même interroger les petits de la droite extrême, on pourrait être surpris.

    La loi de la majorité mal comprise, qu’est-ce qu’on peut faire ?