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enquête antiterroriste à Chambery

Publie le mardi 12 mai 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

LIBERATION

Société 12/05/2009 À 06H51

APRES L’EXPLOSION, LA POLICE VISE LES SQUATS.
Antiterrorisme. 11 interpellations à Chambery.

KARL LASKE

« L’affaire n’est pas finie, on s’attend à de prochaines gardes à vue. On ne sait pas exactement ce qu’ils cherchent, ni jusqu’où ils sont prêts à aller, résument les occupants du squat des Pilos, à Chambéry (Savoie). On sait qu’ils recherchent une troisième personne. » Zoé Aveilla, 24 ans, a été tuée, et Michaël Dupanloup, 25 ans, grièvement blessé par l’explosion d’une bombe artisanale qu’ils manipulaient dans la nuit du 30 avril au 1er mai, à Cognin, près de Chambéry.

La sous-direction antiterroriste (Sdat) de la PJ a visé, la semaine dernière, le milieu des squats de la ville. Dès le 4 mai, 130 policiers ont mis le squat des Pilos sans dessus dessous à la recherche d’indices. Sur les 11 personnes interpellées ce jour-là, Raphaël S., 24 ans, a été conduit à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), siège de la Sdat, pour une garde à vue sous le régime antiterroriste. Il a été présenté au parquet, vendredi soir, mis en examen et écroué pour « association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme », et « destruction de documents ou objets relatifs à un crime ou un délit ». L’information judiciaire ouverte contre Michaël, Raphaël et « tous les autres » a été confiée aux trois juges antiterroristes Yves Jannier, Thierry Fragnoli et Edmond Brunaud.

Jonglage. Blessé au visage et aux bras, Michaël est hospitalisé à Lyon, où il est maintenu dans un coma artificiel. Aucun élément n’a été retrouvé sur l’utilisation que le couple comptait faire de l’engin explosif. Un extincteur et un réveil ont été retrouvés, et l’explosion a été provoquée par un mélange de chlorate de soude, de sucre et d’engrais. « Je ne comprends pas pourquoi il a fait cette bombe, s’étonne une amie suisse de Michaël. Il prônait la non-violence quand je l’ai connu. » A Genève, d’où il est originaire, Michaël a fait une première année d’école de chimie, avant de se consacrer à la musique, au jonglage, et d’intégrer un groupe de ska. « Il écrivait les paroles, et chantait, c’était assez engagé, mais pacifique, raconte l’un des musiciens. C’était son obsession, d’être à contre-courant. » Michaël emménage au squat la Tour à Genève, un important centre culturel alternatif. « Il s’est installé là. Et c’est vrai qu’à chaque descente les flics sont tombés sur lui. Mais il n’était pas dans son tort. Il graffait, et il a eu aussi des problèmes à cause de ça. » En juillet 2007, l’expulsion du squat lui fait quitter la Suisse. « Tout s’est fermé à Genève, résume un ami. Les squatteurs se sont cassés. Tout part de là : on coupe tout à ces gens qui ont leur utopie. »

Les policiers qui ont fait remonter les fiches RG de Zoé Aveilla n’y ont trouvé que sa participation à des manifs. La projection d’un film antinucléaire. Une occupation d’arbres menacés. Mais Zoé était militante des squats elle aussi. En février 2007, elle participe à l’occupation du consulat du Danemark à Lyon, en solidarité avec un centre social de Copenhague menacé d’expulsion. Le bureau du consul avait été envahi. A Chambéry, elle s’est installée à château Chamouth, un squat où elle vivait seule. Raphaël S., mis en examen vendredi, y avait habité aussi, un an plus tôt. « Raphaël a été placé en détention à la hussarde, commente son avocat, Me Laurent Pascal. Le juge avait un présupposé. Il voulait des réponses qu’on ne pouvait pas lui apporter. On ne lit pas dans les boules de cristal, nous. »

Preuves. Les proches de Raphaël, diplômé en montage cinéma, sont stupéfaits par l’incarcération. « Son nom était resté sur la boîte aux lettres où logeaient les deux qui se sont fait péter, assure l’un d’eux. Et on l’accuse d’avoir voulu se débarrasser avec des potes de tracts anarchistes du genre "manifestation contre la politique ultra-sécuritaire de Sarko le 1er mai", ce qui n’est pas un crime. » Ce « nettoyage » lui vaudrait une mise en examen pour destruction de preuves. « L’idéologie du service qui s’occupe du terrorisme, c’est la théorie des cercles concentriques, juge Me Pascal. Vous avez les durs, Zoé et Michaël, ceux qui aident, et ceux qui savent. Mais sauf à raconter une fable, on ne peut pas y adhérer. » Un autre habitant du squat doit être entendu, à sa demande, par la Sdat, aujourd’hui. Il risque d’être à son tour placé en garde à vue, pendant quatre-vingt-seize heures.

Messages

  • je suis chimiste.

    tout chimiste sait que le chlorate de soude est instable, et le mélanger à du sucre puis comprimer le mélange solide résultant est non pas dangereux mais hautement suicidaire.

    Les jeunes qui se sont fait péter la face, n’étaient pas des pro de la bombe. Ils ont commis les erreurs que commettent les apprentis chimistes ou les gosses qui veulent ressentir des émotions fortes. j’en ai eu comme camarade de classe des gars comme çà, un peu contestataires ou libertaires, pas méchants mais qui aimaient expérimenter en free style, beaucoup s’amusaient à faire des bombes pour le fun, certains y ont perdu les phalanges voire le visage, peu sont morts.

    N’importe quel lettré peut apprendre à faire des bombes très facilement : il suffit de se procurer des ouvrages accessibles à tous (le fameux que sais-je sur les poudres et explosifs par exemple) et qui sont disponibles dans toute bonne bibliothèque publique. Si mes souvenirs sont exact, un documentaire sur la FTP-MOI de Toulouse recèle quelques séquences explicites où un témoin explique comment la résistance fabriquait ses bombes dévastatrices...bref ce ne sont pas les sources d’info qui manquent

    Vouloir à nouveau stigmatiser un milieu marginal et exploiter ce banal et tragique accident pour à nouveau créer un climat de terreur est inadmissible. Si l’ultra-gauche, à laquelle ont attribue les pires intentions destructrices, est faite d’amateur de cet acabit, l’Etat bourgeois n’a rien à craindre.

    Les politiques devraient savoir que les vrais faiseurs de bombes ne prennent pas de risques et n’emploient pas ces méthodes d’amateurs.

  • Trouvé sur le zapping 2004 de C+, une déclaration d’Olivier Dassault, le député, qui demande le rétablissement de la peine de mort pour les auteurs d’acte de terrorisme.
    http://www.marianne2.fr/Dassault-reve-encore-de-la-peine-de-mort_a97769.html

  • Le pauvre Julien Coupat n’est pas pres de sortir de taule avec tout ca...

    Les premiers qui ont trinques, c’est ceux qui ont fait peter la bombe. Ce sont eux les victimes. Pourquoi avaient-ils fabrique une bombe ? Peut-etre a cause du systeme, qu’il voulait bazarder comme dans les annees 20. En d’autres termes, ils sont les eniemes victimes du systemes.

    Les seconds qui trinquent, ce sont les pilots.

    Les troisiemes, la mouvance anarchiste et libertaire, d’autant plus si un fou veut retablir la peine de mort pour les crimes "terroriste". Rappelons qu’en france, avant l’interdiction totale de la peine de mort, il existait deja une interdiction sur les crimes politiques (meme si j’admet que c’est une notion assez vague).

    En tout les cas, ceux qui devraient trinquer, Etat, patrons, bourgeois, n’ont rien a deplorer dans cette affaire, bien au contraire.