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épouse demand. d’asile tchétchène placée 14 h en garde à vue
Publie le lundi 4 février 2008 par Open-PublishingCommuniqué de presse
Piégée à Roissy par la police aux frontières, l’épouse française d’un
demandeur d’asile tchétchène est placée 14 heures en garde à vue
4 février 2008
Dimanche 27 janvier, Mr S. arrive à l’aéroport Roissy, où il souhaite
déposer une demande d’asile. Il a fui la Tchétchénie, où il se dit
victime de persécutions. Maintenu en zone internationale sans que sa
demande d’asile ne soit enregistrée, il est refoulé vers Alger, ville
par laquelle il avait transité ; les autorités algériennes le refoulent
immédiatement vers la France.
Lundi 28 janvier Mme M. vient accueillir son mari à l’aéroport pour la
deuxième fois. A travers la vitre du terminal 2B, ils se font des
signes. Mme M. interpelle un agent de la police aux frontières afin de
connaître la situation de son mari. L’agent installe un climat de
confiance et lui demande de raconter son histoire. Elle lui explique que
son mari fuit des persécutions en Tchétchénie et qu’il est venu déposer
une demande d’asile. L’agent de police demande à faire une copie de ses
documents d’identité. Trompée par le comportement chaleureux de ce
dernier, elle accepte et se propose de servir d’interprète en cas de besoin.
L’agent revient quelques minutes plus tard accompagné de ses collègues.
Mme M. et une amie qui l’accompagnait sont conduites au poste de police
où, elles apprennent avec stupeur qu’elles sont placées en garde à vue :
suspectées d’aide à l’entrée et au séjour irrégulier, elles sont
passibles d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 euros.
Pour avoir tenté de voir son mari, Mme M. sera privée de liberté durant
plus de quatorze heures au cours desquelles elles auront à subir le port
de menottes, plus de trois heures d’interrogatoire et deux fouilles
corporelles effectuées dans les toilettes du poste. Pendant tout ce
temps, un seul repas leur sera servi. Les deux amies affirment que les
policiers leur ont « mal parlé » et qu’elles ont été traitées « comme
des criminelles ». En plus du comportement agressif des agents à leur
encontre, elles rapportent avoir entendu de leur cellule des insultes
racistes à leur encontre.
Réfugiée en France avant d’avoir obtenu la nationalité française, Mme M.
ne pensait pas revivre le passé douloureux, fait d’arrestations, de
fouilles et d’humiliations qu’elle a laissées derrière elle en Tchétchénie.
Fort heureusement, le Procureur de la République n’a pas donné suite à
cette affaire et a ordonné la libération des deux amies. La police
déclarera avoir fait une erreur. Placé pendant ce temps en zone
d’attente, son mari sera quant à lui libéré par le Juge des libertés et
de la détention de Bobigny.
Les époux ont pu se retrouver, mais pour un dénouement heureux, combien
d’ « erreurs » de la police aux conséquences tragiques ?
Depuis des années, l’Anafé dénonce la situation des étrangers qui,
lorsque l’entrée en France leur est refusée, sont maintenus dans des
locaux de police difficilement accessibles aux visiteurs et aux
observateurs où, d’après tous les témoignages recueillis, « sont
commises la plupart des violations des droits des étrangers et des
violences policières »1. La mésaventure des époux M le confirme : une
assistance juridique et un regard extérieur doivent pouvoir être
apportés à tout moment, à toutes les étapes de la procédure et dans tous
les lieux de privation de liberté des étrangers à la frontière.
Anafé – 21ter rue Voltaire – 75011 Paris – 01.43.67.27.52 –
contact Lb5 anafe.org – http://www.anafe.org
1- Voir le rapport de l’Anafé Une France inaccessible, rapport de
visites en aérogares, décembre 2007
– http://www.anafe.org/download/rappo...