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introduction de Paul Boccara à la rencontre du 15 mai sur la crise financière Internationale

Publie le mardi 27 mai 2008 par Open-Publishing
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Introduction à la rencontre du 15 mai
La crise financière, sa portée
les propositions des communistes

Paul Boccara

La crise financière qui a éclaté à partir des États-Unis, à l’été 2007, a déjà fait l’objet de nombreux commentaires, soit extrêmement alarmistes, soit, au contraire, rassurants.

En réalité, alors qu’on reconnaît son ampleur et sa nouveauté, elle serait révélatrice de la maturation des transformations profondes et de la crise systémique radicale du capitalisme financiarisé et mondialisé.
Au-delà de sa portée immédiate, ce sont les suites du processus et sa grande portée aux plans économique, social, politique et idéologique d’ensemble qui sont en cause.

Des propositions radicales concernant des mesures et des luttes novatrices auraient une opportunité historique pour être présentées comme réalistes, en répondant non seulement aux besoins à court terme mais aussi à long terme des populations en France, dans l’Union européenne et dans le monde.

Face aux défis de la nouveauté profonde de la situation et de ses risques, elles peuvent faire l’objet d’un débat durable avec les militants syndicalistes, associatifs et politiques ainsi qu’avec les élus, pour leur développement dans des actions rassembleuses et persévérantes. Et cela, en contribuant au débat si nécessaire aujourd’hui à gauche, face au social-libéralisme et au Sarkozisme, avec l’apport des analyses marxistes et des communistes devant les défis profonds non seulement de résistance mais d’avancées sociales transformatrices.

Afin d’introduire cette discussion, je vais considérer trois parties :
1 – la crise financière, comme révélateur
2 – sa portée immédiate et globale à plus long terme
3 – des propositions novatrices pour les luttes.

Première partie.
La crise financière de 2007 – 2008 : révélateur de la gravité nouvelle de la spéculation du capital financier mondialisé

Les mécanismes qui ont conduit à l’éclatement à l’été 2007 de la crise financière mondialisée sont assez bien connus maintenant, du moins dans leur principe.

Mais plus profondément, ce qui serait révélé, c’est la gravité nouvelle de la spéculation financière, elle-même exprimant la maturation de la crise systémique radicale du capitalisme financiarisé et mondialisé.

On peut rappeler le mécanisme de principe de la crise des crédits immobiliers dits des « subprimes » et les pertes considérables des banques. Après la privatisation des institutions de soutien du crédit hypothécaire, aux États-Unis, on a assisté vers 2005-2006 à une croissance très importante des crédits pour des achats de maisons, garantis par leurs hypothèques. Alors que la demande grandissante des habitations a poussé leur prix à la hausse de plus en plus aux États-Unis (et dans une moindre mesure en Europe et ailleurs), cela a donné confiance pour garantir par des hypothèques des prêts de plus en plus coûteux. Et cela pour des masses grandissantes de ménages aux revenus modestes.

Les banques et les Fonds financiers ont cherché des profits élevés avec des taux d’intérêt progressivement relevés tandis qu’ils utilisaient des fonds empruntés avec des taux plus bas. Les crédits ont été titrisés. C’est-à-dire que les banques et officines de crédit ont vendu leurs titres de créance à d’autres banques et à des Fonds financiers plus ou moins spéculatifs pour diminuer leurs risques, bien au-delà des États-Unis. Ils se sont permis ainsi de relancer leurs prêts jusqu’à d’énormes montagnes de dettes.

Mais les prix immobiliers sont finalement devenus trop élevés. Ils ont dû ralentir puis baisser, tandis qu’au contraire les taux d’intérêt étaient relevés. D’où les non-remboursements des crédits et les ventes forcées de logements, relançant encore la baisse des prix des logements et les défaillances des acheteurs à crédit. D’où, avec la montée des impayés de crédit, les craintes des défaillances empêchant les soutiens des banques prêteuses et les prêts interbancaires.

D’où la crise de liquidités, la dévaluation des créances et les pertes très considérables dans les banques et les Fonds.

Il faut souligner l’énormité nouvelle des multiplicateurs du crédit, avec des pools de produits financiers très complexes. On a ainsi cherché à relever considérablement les perspectives de profit mais aussi on a augmenté les risques.

Par exemple, un Fonds a emprunté 15 fois sa mise initiale dans une succession complexe de crédits en chaîne. Soit pour 100 millions on passe à 1,5 milliards. Un autre avec 100 millions a déclenché une mobilisation de 3 milliards de dollars. En outre, les achats de titres de crédit ont été considérés comme du capital garantissant d’autres crédits.
En ce qui concerne les pertes liées à la dévalorisation de titres de créances en difficulté de remboursement dans les banques et dans les Fonds d’investissement, elles sont considérables. On a d’abord considéré 200 milliards de dollars dont 50 % localisés aux États-Unis, avec 22,5 milliards pour Merrill Lynch, 18 à 22 milliards$ pour City group, et plus de 15 milliards$ pour la banque suisse UBS, 5,4 milliards € pour le Crédit agricole en France ou 3,5 milliards € pour la Société générale.
Mais ensuite on a parlé de 400 milliards $ et cela pour des sommes exposées de 945 milliards $. Il faut aussi considérer encore le risque des assureurs qu’on a pu chiffrer à 820 milliards de dollars, soit 14 fois leurs fonds propres.

Cependant, derrière les mécanismes et les chiffres de cette spéculation, on doit considérer la maturation des transformations et de la crise systémique d’ensemble du capitalisme financiarisé et mondialisé.
Pour l’essor d’une spéculation, il faut un triangle :

1– une masse financière,
2 – une incitation à de hauts profits possibles,
3 – une demande augmentant fortement par rapport à une offre pour une marchandise sur laquelle spéculer.

Or, désormais les transformations très profondes du capitalisme et de sa crise systémique poussent formidablement ces trois éléments :
C’est, premièrement, d’énormes disponibilités financières résultant :
— du début de la révolution monétaire de décrochement de la monnaie par rapport à l’or, avec le dollar comme monnaie mondiale de fait et sa formidable création inflationniste possible,
— les débuts de la révolution technologique informationnelle, avec les économies considérables de moyens par rapport à la valeur ajoutée produite, en prix. D’où d’énormes disponibilités pour les prélèvements et les placements financiers ( comme d’ailleurs aussi pour les prélèvements publics et sociaux)

Deuxièmement, le fort relèvement des taux de profit devenu possible avec les économies de coûts de la révolution informationnelle par rapport aux produits, mais aussi avec les salaires bas des pays émergents avec la mise en concurrence de tous les salariés du monde. Cela incite à une très forte rentabilité des fonds des entreprises et encore plus des Fonds spéculatifs.

Troisièmement, l’insuffisance de certaines productions par rapport à la montée des besoins populaires, comme les logements, l’énergie, les matières premières, l’alimentation, qui peuvent servir d’appui à la spéculation.
Cela a exacerbé les défis de l’opposition entre capitaux et populations salariées.
Outre le renforcement de l’exploitation des salariés, avec leur mise en concurrence dans le monde entier, c’est aussi la pression sur leur consommation par les prix relevés de façon spéculative, pesant sur leur pouvoir d’achat, et par les prélèvements de leur endettement. Avec des mécanismes financiers en partie décrochés des exigences de la production, avec les économies de coûts de la révolution informationnelle, le système tourne en partie en rond, en quelque sorte pour lui-même, de façon perverse.

C’est la montée du parasitisme et de l’immoralité de la rentabilité financière avec la perversité amplifiée du fric pour le fric.

On le voit avec la crise de l’immobilier où les ménages les moins aisés qui sont les plus nombreux et les plus fragiles sont les plus visés et les plus touchés.

Par exemple, aux États-Unis, comme pour plus d’un million de ménages, Cleveland a vu se multiplier les saisies d’appartements et les appartements vacants abandonnés. Et le maire a porté plainte contre les banques même si leurs opérations étaient légales. Car, a-t-il dit, quand un passant est renversé hors des clous, par un automobiliste respectant la limitation de vitesse, ce dernier a respecté le code mais il est un criminel. C’est la même chose pour le système.

Ce sont, aussi, sous prétexte des difficultés nouvelles de la conjoncture liées à la crise financière, que met en avant Sarkozy, les dispositions structurelles de réduction de dépenses publiques en France, comme ailleurs dans l’Union européenne. C’est encore le durcissement de la déjà très dure Banque centrale européenne dans sa mission dite anti-inflationniste, c’est-à-dire pour un euro fort pour les placements financiers avec des taux d’intérêt élevés contre les relèvements de salaires. Et c’est partout d’ailleurs les mesures structurelles contre les dépenses salariales et sociales avec la mise en cause des services publics pour protéger les profits et les placements financiers.

Deuxième partie

La portée économique et sociale immédiate et à plus long terme de la crise financière : Vers la nouveauté et la profondeur de la prochaine crise économique d’ensemble mondiale. La prochaine ne veut pas dire fatalement la dernière, évidemment.

Malgré certains ralentissements de la croissance, la crise financière ne débouche pas encore sur une crise mondiale d’ensemble. Alors que nous avons eu après la crise financière dite asiatique de 1997, la crise économique globale de 2000-2001.

On va probablement avoir une telle succession avec une crise économique encore plus profonde.

Voyons d’abord la portée immédiate de la crise financière.

Ce sont les difficultés et les pertes des banques et des Fonds d’investissement, surtout aux États-Unis, mais aussi en Europe. Et cela a entraîné les soutiens publics importants depuis les injections massives de liquidités par les banques centrales, comme la FED, avec elle des baisses de taux, la Banque d’Angleterre ou la Banque centrale européenne, jusqu’à la nationalisation forcée de la banque britannique Northern Rock ou le rachat provisoire de la banque Bear Stearn par la banque J. P.Morgan avec le soutien de la FED.

Ensuite, les difficultés des banques ont provoqué, surtout aux États-Unis mais plus ou moins ailleurs, des freinages et des difficultés nouvelles du crédit, qui pèsent principalement sur les P. M. E. ainsi qu’immédiatement, pour elles, des licenciements, des pertes d’emplois avec des restructurations importantes dans le secteur bancaire et financier.

En relation avec le freinage du crédit et avec les difficultés de consommation des ménages endettés ce sont encore les ralentissements de la croissance. Il est surtout relativement marqué aux États-Unis avec une croissance très faible au premier trimestre et la menace d’une récession. Il est quand même sensible en Europe, quoique le ralentissement y est moindre, de l’Irlande à l’Espagne (où le chômage fait un bond) à l’Italie, et à la France.

Toutefois, pour 2008, même si les pays émergents sont quelque peu touchés et ralentis, leur croissance restera encore très forte. Par exemple la Chine passerait de 11,4 % à 9,3 %, l’Inde de 9,2 à 7,9 ; l’Amérique latine de 5,6 à 4,3 ; la Russie de 8,5 à 7 ; tandis que l’Afrique continuerait à relever sa croissance de 6,2 à 6,3.

Dans ces conditions, la croissance mondiale va baisser, mais tout en restant relativement soutenue. Cela ne constitue pas encore une véritable crise mondiale. Cependant, si la crise financière semble relativement calmée, il reste encore beaucoup de cadavres dans les placards.

Mais surtout, quant aux perspectives ultérieures, elles vont de :

Pour certains, la fin de la crise financière, soit ces jours-ci, soit prochainement et la reprise durable, grâce à tous les assainissements, à partir de 2009.

Ou, au contraire, pour d’autres économistes, à la poursuite et même à l’aggravation des difficultés.

Ou encore, selon moi, le plus probablement, à la fois, des réponses capitalistes entraînant un certain rebond de croissance en 2009, puis l’éclatement d’une nouvelle crise globale non seulement financière mais proprement économique, à l’échelle mondiale, vers 2010, 2011 ou 2012. Elle serait plus profonde que celle de 2000-2001.

Voyons donc la portée à plus long terme : Cela va du déplacement de la spéculation vers d’autres produits à l’éclatement de la prochaine suraccumulation des capitaux.

Le soutien par les banques centrales et par des fonds publics des banques les plus touchées contre le risque d’effondrement en chaîne effectivement stoppé, ou encore un certain soutien de la consommation aux Etats-Unis par réduction de la fiscalité, n’ont pas répondu aux facteurs profonds - ni de la spéculation qui reste très stimulée et profonde et encore moins de la crise systémique d’ensemble -. On a donc un déplacement de ces énormes masses financières spéculatives existantes et aussi des potentiels existant dans le système nouveau de démultiplication du crédit, y compris pour tenter de se refaire comme des joueurs après des pertes. Et cela, vers d’autres productions sensibles que celle des besoins de logements, où il y a un écart, considérable et grandissant, entre les conditions de l’offre et de la demande populaire.
C’est la spéculation sur le pétrole et aussi sur le gaz qui explose, sur les matières premières - du charbon au minerai de fer, bien plus que sur l’or, et sur les ressources alimentaires de base, le blé, le riz et maintenant le maïs -, face aux besoins grandissants de ces produits dont les prix s’envolent. Et la spéculation, s’appuyant sur des contrôles du capital financier, pourrait toucher des éléments des services publics avec des privatisations et des implications des entreprises d’assurance, comme pour la santé.

Mais bien plus, l’amplification en cours de la spéculation vient percuter des facteurs réels profonds de la crise systémique, lesquels, arrivés à maturité, peuvent désormais atteindre des seuils de gravité sans précédent.

Cela concerne d’abord la crise et la révolution écologiques avec leurs trois dimensions :

 La tendance à l’épuisement ou du moins à des coûts très élevés à cause de l’insuffisance de ressources traditionnelles,

 Des risques intolérables de pollution, notamment l’effet de serre sur le climat.

 Les nouveaux espaces et domaines à maîtriser, comme l’espace, les océans, le biologique,

Cela se marque particulièrement pour la consommation des produits pétroliers et ses rejets, avec la progression formidable des motorisations traditionnelles et notamment le rattrapage massif des pays émergents.
Cela se marquerait aussi désormais à propos des produits de base alimentaires dans le monde, avec la relance de la faim et de ses émeutes dans les pays en voie de développement. Ce qui renverrait aux besoins nouveaux liés à l’urbanisation devenue majoritaire, à la croissance démographique dans les pays du Sud, aux limites profondes concernant l’eau, les capacités d’achat des engrais, etc.

A leur tour ces relèvements durables de prix ont commencé à renforcer les exigences de salaire et de pouvoir d’achat salarial partout. Et à cela se joignent les besoins devenus immenses concernant, dans le monde entier, les insuffisances de salariés qualifiés et de formation.
C’est aussi les besoins de la révolution démographique de la longévité et des retraites ou encore les pressions migratoires du Sud.

Des luttes salariales nouvelles se manifestent d’ailleurs partout dans le monde : comme en France ou en Allemagne mais aussi dans les pays entrés nouvellement dans l’Union européenne comme on l’a vu chez Renault Dacia en Roumanie ou encore dans les pays émergents avec beaucoup de luttes très nouvelles en Inde, au Pakistan, au Chili, etc.
Et, couronnant le tout, on peut prévoir l’exacerbation des tentatives, ayant déjà commencé, de réponses capitalistes fondamentales par de nouveaux moyens techniques, de nouvelles productions, pour remplacer les travailleurs notamment qualifiés et économiser les salaires, ou encore pour économiser l’énergie et les matières.

Il s’agit de nouveaux équipements, de nouvelles infrastructures, de nouveaux moteurs, de nouvelles automobiles, de nouveaux avions, de nouvelles installations énergétiques, d’autres matériaux composites, de nouveaux composants électroniques, de nouveaux logiciels.

Une masse considérable d’investissements pour tout cela et la croissance forte, en volume et en prix, de ces nouveaux moyens de production vont avoir lieu face aux pressions contre les emplois, les salaires, et dépenses sociales. Cette contradiction entre capitaux et salaires va conduire sans doute, après un rebond limité en 2009–2010, à une surproduction et à l’éclatement de la suraccumulation des capitaux, financiers, matériels et informationnels, avec probablement une nouvelle crise conjoncturelle vers 2010, 2011, 2012.

Et le déplacement accéléré en ce moment des capitaux vers les pays émergents, avec leur potentiel de croissance élevé, va contribuer à cette suraccumulation mondiale.

Dès aujourd’hui montent des antagonismes nouveaux entre les exigences des Fonds d’investissement voulant éventuellement dépecer des entreprises auxquelles ils participent et l’exigence de l’efficacité industrielle, comme on le voit par exemple avec les pressions du Fonds Pardus sur Valéo. De même les exigences exacerbées des actionnaires peuvent s’opposer comme jamais aux dépenses nécessaires pour l’efficacité de la production.

Mais aussi le Fonds de réserve des retraites en France, les Fonds de pension dans le monde sont menacés par les effondrements spéculatifs et financiers.

De même l’endettement public est invoqué pour faire pression, comme nous l’avons vu, sur les dépenses publiques et les services publics.

D’ailleurs on assiste partout, comme déjà pour les crises précédentes, mais bien davantage, à la montée des risques de surendettement des entreprises et des Etats. Il faut surtout prendre en compte le défi devenu formidable de l’inflation du dollar à l’échelle mondiale et des prises extrêmement massives de bons du trésor des États-Unis par les Banques centrales, tout particulièrement en Asie dont la Chine, à partir des excédents commerciaux en dollars. D’où la tendance à la baisse du dollar, le risque du retrait des banques centrales par rapport au dollar qui a commencé à se manifester avec des débuts de conversion en euros et aussi la constitution de Fonds publics dits souverains, de la Chine à la Russie en passant par l’Arabie Saoudite, pour commencer à racheter des parts d’entreprise ou de banques américaines. Cela pourrait se précipiter en cas de crise économique globale avec, non pas la fatalité d’un progrès social, mais l’ambivalence :

soit des affrontements pour des rentabilités financières rivales,
soit des constructions nouvelles de relations internationales et sociales, commençant à s’émanciper des dominations financières.

D’une façon générale, tous les affrontements internes et internationaux pourront s’exacerber et pousseront nécessairement à des transformations politiques et économiques profondes. Des appels à des interventions étatiques ou inter-étatiques dites de corrections fortes des excès financiers, qui sont déjà lancés, sont à la fois nouveaux et très insuffisants. Cette volonté d’interventions nouvelles, malgré toutes leurs insuffisances, pourrait contribuer à changer le climat idéologique en favorisant des propositions vraiment efficaces car réalistes et radicales, en étant contrôlées par les travailleurs et les citoyens.

Troisième partie

Propositions pour les luttes, du niveau local au national à l’européen et au mondial

Bien sûr, le système va se défendre pour s’adapter de toutes ses forces. Cependant, l’originalité et la radicalité de propositions communistes sur les banques et sur le crédit peuvent désormais être mieux comprises et plus ou moins avancées. Mais il ne s’agit pas seulement de mieux les expliquer. Il s’agit aussi de les enrichir à partir des phénomènes nouveaux de la crise et à partir de l’expérience de terrain, comme dans notre rencontre, pour des luttes nouvelles.

Je distingue trois ensembles :

Premièrement : autres contrôles des banques et des fonds d’investissement, extension des obligations légales et des interventions publiques.

A droite comme à gauche, on évoque le besoin de transparence et d’amélioration des contrôles des banques, mais il s’agit soit de déclarations de principe, soit de petites améliorations techniques qui ne font pas le poids.

Au contraire, on pourrait prendre des mesures très fortes.
Ainsi, considérons le « ratio prudentiel » des banques entre fonds propres ou capital et crédits, qui est imposé aux banques par le comité de Bâle regroupant les dirigeants des principales banques centrales et par la Banque des règlements internationaux, avec notamment l’accord dit de Bâle II.

Il s’agirait non seulement d’augmenter, dans le ratio, le capital dans les banques par rapport à leurs crédits, mais surtout d’exigences supplémentaires sur la nature des crédits et leurs destinations financières ou de production, et pas seulement la quantité de crédit. Il faudrait aussi des exigences sur le contenu des capitaux eux-mêmes : si les capitaux comprennent des crédits titrisés achetés la garantie est plus que fragile. Il y a donc tout un enjeu de modifications par rapport aux ratios de Bâle. Mais il s’agit aussi de ratios prudentiels pour les Fonds d’investissement ou encore pour les assurances, en allant bien au-delà de ce qui existe ou de ce qui est déjà proposé.

Est encore concernée la transparence des opérations des banques et aussi des agences de notation des risques ainsi que de nouveaux contrôles sur eux, ou également des contrôles parlementaires sur les autorités de surveillance des banques. Bien plus, on pourrait exiger dans les banques, comme aussi dans les Fonds de placement, des réserves obligatoires de garantie, proportionnellement aux crédits et encore plus aux crédits aux placements financiers, en titres sûrs et utiles d’emprunts publics français, voire européens.

Une fiscalité nouvelle pourrait intervenir sur les mouvements de capitaux financiers nationaux et internationaux. Une modulation pourrait être instaurée de l’impôt sur les sociétés, réduit en proportion de l’importance de l’investissement matériel et informationnel et au contraire relevé en fonction des investissements financiers, y compris les exportations de capitaux et les délocalisations. D’une façon générale, il s’agirait de soutenir et de moduler pour l’efficacité sociale les prélèvements publics et sociaux et à l’opposé de pénaliser les prélèvements financiers. Le conflit des deux ensembles de prélèvements est crucial dans la crise du système.

Deuxième ensemble :

Un autre type de crédit et d’action des banques, aux quatre niveaux possibles :

Premier niveau : une proposition de la plus haute importance politique et économique, car à la portée de l’intervention locale, concerne la création et l’utilisation de « Fonds régionaux publics » pour la promotion de l’emploi et la formation efficaces dans les entreprises. Malgré son importance, elle reste encore très mal comprise et très peu utilisée, en dépit de quelques tentatives et ébauches instructives.

Dans une région, cette institution d’un Fonds public peut prendre en charge tout ou partie des intérêts des crédits à moyen et à long terme pour les investissements réels, matériels, de recherche, logiciels des entreprises, avec des taux d’intérêt d’autant plus abaissés, jusqu’à des taux zéro, que sont programmés de l’emploi efficace et de la formation de qualité.

On peut cependant souligner trois difficultés :

Première difficulté : c’est d’abord le refus de la part d’élus de gauche, notamment socialistes, ou de techniciens, de ce processus très nouveau au bénéfice d’interventions traditionnelles. Par exemple, à la demande des communistes un Fonds régional avait été doté par la gauche en Ile de France de 8 millions d’euros. Cependant, il a été utilisé pour des cadeaux sans conditions vraiment efficaces sous prétexte de favoriser l’innovation et la production. Alors que 8 millions d’euros de fonds publics auraient permis de mobiliser 200 millions d’euros de crédits à taux zéro à partir d’un intérêt de 4 %, mais pour des soutiens stricts d’investissements réels favorisant l’emploi efficace et contrôlé.

Deuxième difficulté : les difficultés culturelles des travailleurs, des militants syndicalistes et politiques à saisir un tel Fonds. Car c’est de leur saisine que peut prendre force une telle initiative, en relation avec l’action des élus locaux, pour que ce financement appuie leurs propositions alternatives dans leur entreprise.

Troisième difficulté : l’incompréhension du caractère réaliste et révolutionnaire de la proposition à l’opposé de bavardages gauchistes et naïfs. On peut croire qu’il s’agit de faire des cadeaux aux capitalistes. Donc ne vous mêlez de rien, car il faut tout changer ou rien. Alors qu’en réalité il s’agit de faire pression sur les crédits des banques, leur utilisation et aussi sur l’utilisation des profits des entreprises, non pour la spéculation, mais, par leur remboursement nécessaire même si leurs taux sont de zéro %, pour un type de croissance durable pour l’emploi, à l’appui des luttes des salariés, pour faire avancer des gestions alternatives d’efficacité sociale dans les entreprises et leurs pouvoirs. Et cela pousserait à la transformation du rôle de toutes les banques comme de la politique industrielle et de services aux niveaux supérieurs. Excusez du peu.

Au niveau national. L’instauration d’un Pôle public national du crédit, dont nous avions déjà parlé, devient crédible et même urgente pour favoriser la lutte contre la spéculation et les interventions du financement pour une croissance de qualité riche en emplois et en formation, dans l’intérêt social et national.

Cela pourrait concerner la récupération des 27 milliards d’euros de fonds publics gâchés pour les exonérations de cotisations sociales patronales (qui baissent les coûts salariaux en faisant concurrence à tous les salaires) et cela dans un Fonds national pour la promotion de bons emplois avec une croissance durable. Seulement 20 milliards d’euros de fonds publics pourraient mobiliser 500 milliards de crédits à taux zéro si le taux est de 4 %. Bien plus que tous les investissements productifs en France ! Un peu plus que les investissements productifs et financiers des entreprises. C’est considérable.

Et ce pôle public pourrait concerner aussi la Caisse des dépôts, les Caisses d’épargne, les banques mutualistes, la Banque postale, etc. avec des conventions nouvelles de coopération avec toutes les autres banques et avec les entreprises publiques et semi-publiques, etc.

Troisième niveau : celui de l’Union européenne

Au-delà d’accords sur les nouveaux contrôles évoqués des banques et des Fonds, de nouvelles taxes, fiscalité, etc. notamment sur les mouvements de capitaux financiers, la question décisive est celle d’une autre mission et d’une autre action de la Banque centrale européenne. Il s’agit d’un autre crédit bancaire à appuyer sur sa création monétaire, pour une mission de fait pour l’emploi et la croissance réelle durable à imposer de fait et en n’attendant pas le changement du traité dans le même sens qui viendra après. (On ne peut dire : on change le traité ou on ne fait rien). Et cela, à partir d’une impulsion des luttes, une impulsion et une exigence de contrôle des parlements, nationaux et européen. Ainsi qu’à partir des banques centrales participantes, comme la Banque de France, à l’appui des propositions des travailleurs des entreprises et des citoyens dans les régions, pour une autre croissance sociale. La Banque centrale européenne devrait « refinancer » les banques, ce qu’elle fait déjà, mais avec des taux d’intérêt abaissés pour des crédits pour les investissements réels et d’autant plus abaissés jusqu’à zéro qu’on fait de l’emploi efficace avec de la formation. Et, au contraire, contre la spéculation et aussi les exportations de capitaux qui pénalisent la croissance européenne par rapport à celle des États-Unis, les taux seraient considérablement relevés.

En outre, la BCE pourrait, contrairement aux interdits actuels financer des titres d’emprunts publics. Il faudrait encore d’autres coopérations monétaires et financières avec les zones voisines, comme la zone Méditerranée, à l’opposé des bavardages récents sur la coopération euro-méditéranéenne avec des visées de domination financière.

Quatrième niveau : le niveau mondial (à transformer à partir de la France et de l’Union européenne)

Une refonte du F. M. I, qui est d’ailleurs en crise profonde, devient urgente avec les réclamations des pays en développement et une opposition qui monte contre le FMI et sa politique, comme avec le remboursement des dettes en Amérique latine et la création d’une Banque du sud internationale pour remplacer le F. M. I. pour plusieurs banques centrales en Amérique latine. Cette refonte du F.M.I devrait permettre des droits de vote démocratiques, au-delà des petits ajouts actuels, pour l’émanciper du contrôle par les États-Unis. Mais surtout il devrait, lui aussi, s’engager dans une nouvelle orientation du crédit avec un refinancement des Banques centrales elles-mêmes, avec des taux d’intérêt abaissés jusqu’à zéro pour les investissements, d’autant qu’ils sont créateurs d’emplois, etc., pour le co-développement des peuples. Cela pourrait s’appuyer tout de suite sur quelque chose qui existe : les Droits de tirages spéciaux ( D. T. S.) du FMI. Ils sont une véritable création monétaire qui donne le droit de tirer des monnaies des Banques centrales participantes. À partir des D. T. S. on pourrait créer une monnaie commune mondiale pour le co-développement des peuples, en s’émancipant du rôle de monnaie mondiale de fait du dollar et en parachevant la révolution monétaire en la fondant sur un panier de produits.

Au-delà de la création monétaire des banques centrales et des limites de leur rôle de « prêteur en dernier ressort » du fait de l’inflation et du passage plus ou moins spéculatif à d’autres monnaies, comme du dollar à l’euro, on aurait un prêteur en dernier ressort effectif.

Un autre ensemble de transformations corrélatif concernerait précisément le recul du dollar et la fin de sa domination dans les réserves des banques centrales. On pourrait aussi viser le rachat systématique à partir des bons du trésor des États-Unis en dollars d’éléments des multinationales américaines. Au lieu des rivalités nouvelles à partir des Fonds souverains et des multinationales des pays émergents, on pourrait aller jusqu’à des maîtrises et des coopérations nouvelles, faisant reculer la domination des entreprises multinationales contre les peuples. Cela renvoie à l’importance du mouvement éventuel de rapprochement fondamental entre l’Union européenne et les pays émergents, avec une dimension sociale forte, et non seulement nationale ou zonale, contre l’hégémonie des États-Unis.
Et on pourrait aussi viser la promotion de biens et services communs de toute l’humanité, sur lequel je termine comme dernier élément des propositions, depuis les exigences immédiates, urgentes, comme celles concernant l’écologie ou l’alimentation.

Le développement de services publics nouveaux, avec une démocratie participative et d’intervention.

Face à l’opposition qui monte entre les énormes potentiels technologiques et les énormes rejets sociaux, on peut organiser l’avancée graduelle de transformations profondes, non seulement de réduction mais d’éradication progressive de ces rejets sociaux : qu’il s’agisse de chômage, qu’il s’agisse de pollution, de la faim, etc. Et cela pour une croissance durable, répondant aux besoins nouveaux et à construire du local ou mondial, avec une socialisation nouvelle des services publics. Cette socialisation concernerait l’avancée de la révolution que constitueraient de nouveaux pouvoirs de coopération créative de tous les usagers avec tous les personnels dans toutes les opérations des services, avec leur appui sur les associations d’usagers et leur formation..

Ce nouveau type de service public socialisé pourrait déjà concerner le crédit lui-même, la création monétaire. Cela ne veut pas dire tout public mais l’encadrement par des règles publiques avec des éléments publics, avec des buts sociaux, avec un contrôle de démocratie participative et d’intervention ainsi que des critères d’efficience sociétale, articulée à l’avancée de critères d’efficacité sociale des gestions dans les entreprises.

Cela pourrait concerner aussi l’avancée vers une sécurité d’emploi ou de formation notamment contre la flexsécurité dans l’Union européenne. Et cela peut concerner encore, avec la transformation de la Banque mondiale et une transformation de tous les organismes dépendants de l’ONU concernés, l’instauration graduelle de services et biens publics communs de toute l’humanité pour : l’écologie, la santé, l’urbanisation et le logement social, l’école et la culture, l’eau, l’alimentation, l’énergie, les communications, les transports..., la paix.

On chercherait à faire reculer de plus en plus, à partir des besoins humains nouveaux et d’une internationalisation des contrôles participatifs et des règles de gestion, à travers des luttes convergentes et des conquêtes sociales, politiques et culturelles, la domination du capital financier mondialisé et des sociétés multinationales privées sur la vie humaine ainsi que leur propriété sur les moyens. Dans ce processus démocratique et révolutionnaire, viendraient en premier lieu les buts, les règles et les pouvoirs sociaux pour commander la disposition des moyens partagés du local au mondial, au lieu du fétichisme des moyens, afin de promouvoir les capacités et la créativité de tous les êtres humains et d’avancer vers une autre civilisation.

Messages

  • L’idéologie de Boccara est sociale-démocrate.

    Le projet se borne à des propositions pour aider le capitalisme à se tirer d’affaire face à ses prochaines crises de surproduction.

    Boccara traite, d’avance, tous ceux qui sont en désaccord avec ses orientations de "naifs" et de "gauchistes".

    Qui est naif ?

     Boccara préconise de controler davantage les banques, mais "oublie" la revendication démocratique fondamentale de l’interdiction du secret bancaire.

     Boccara imagine de rendre miraculeusement démocratique l’union européenne, dont toutes les institutions sont au service du capital et des religions.

     Alors que le projet fondamental de l’UE est la baisse des salaires et la soumission face à l’impérialisme des Etats-unis, alors que l’ objectif avoué de l’UE est le démantèlement des services publics et de la protection sociale, Boccara n’hésite pas à invoquer la "solution" sociale-libérale de la "flexicurité" dans l’UE, dans l’intérêt prétendu des salariés, désormais protégés fait par un droit du travail au rabais.

    L’émancipation des travailleurs, selon Boccara, ne serait ainsi plus l’oeuvre des travailleurs, mais le résulat des intérets bienveillants des technocrates de l’UE...

    J’ignore si ce projet est naif.
    En revanche, je suis certain qu’il n’est pas communiste.

    • "contrôler davantage les banques". Tu fais erreur mon camarade, ce sont les sociaux-démocrates et les libéraux qui parlent de les "contrôler davantage"... dans le même sens. Pour qu’elles fassent la même spéculation. Seulement plus "réaliste" afin de sauvegarder le système.

      Là, dans les propositions que formule Paul, et qui sont celles de la commission économique, il s’agit de les obliger à faire tout autre chose que ce qu’elles font : développer l’emploi, les services publics, la recherche et même l’investissement... s’il crée de l’emploi. Au lieu de la spéculation et des exportations de capitaux contre l’emploi.

      Le crédit à taux 0 pour des investissements créant de l’emploi. c’est le contraire de tout ce qui se fait depuis des décennies ! Voyons bien que cela oblige aussi les patrons à utiliser leurs profits pour faire cet investissement, par le biais de leurs profits affectés aux remboursements.

      Ce n’est oas un crédit pour n’importe quelles dépenses : celles qui débouchent sur des créations d’emploi, des qualifications et salaires accrus. Et il faut suivre et vérifier cela : transparence, contrôle et pouvoirs des salariés et habitants.

      "lever le secret bancaire" ? Mais justement. Vérifier que l’argent prêté par les banques développe vraiment l’emploi, etc., cela implique entre autres de lever le secret bancaire. Mais cela nécessite bien d’autres choses comme des pouvoirs des travailleurs dans les entreprises et une transparence de ce que font les entreprises à partir de l’argent bancaire et de leurs profits.

      Pourquoi les banques ? Mais parce que
      (1) c’est un levier formidable au moins deux fois plus que les profits (de tête : 1.900 Mds de prêts en cours en France, dont 700 aux entreprises en France et 170 aux administrations publiques [Etat, Coll terr, Sécu]), bien plus que les profits des entreprises (200 à 350 Mds selon qu’on prenne les seuls profits d’exploitation en France ou qu’on y ajoute les profits purement financiers)
      (2) la crise financière a fait éclater au grand jour le scandale de leurs actes
      (3) c’est l’argent de tous qui est en réalité utilisé par les banques pour être prêté, la légitimité d’une lutte pour qu’il soit utilisé à tout autre chose est encore plus forte que pour les profits qu’il faut aussi mettre en cause.

      Tout cela permettrait d’être populaire et de déboucher sur des luttes et mobilisations, si en réalité le groupe dirigeant menait vraiment campagne là-dessus. Mais il faut bien entendu mettre en question aussi l’utilisation des profits tout est lié (légitimité : ils proviennent de la richesse créée par les travailleurs et ils sont utilisés de façon meurtrière).

      Enfin, prendre la question du crédit permet de prendre les choses à partir d’un levier immédiat ou tout du moins à portée de lutte (par des fonds régionaux) tout en mettant en cause l’ensemble des niveaux : national, européen avec la BCE, et mondial avec le FMI !

      On pourrait montrer que c’est une radicalisation de ce qui s’est fait massivement à la Libération avec les ministres communistes à l’issue de la Résistance avec les trois grandes banques nationalisées, mais dans des conditions nouvelles de mondialisation et de révolution technologique. Radicalisation, car après guerre c’était plutôt des prêts à taux 0 pour produire plus (et par ricochet créer des emplois) donc quand même productiviste (puis le pouvoir gaulliste a progresivement utilisé ce système pour surinvestir (prêts bonifiés à l’équipement) et dominer le Sud avec des prêts bonifiés de plus en plus pour l’exportation, d’où l’inflation accélérée et la crise de suraccumulation). Alors que là l’emploi, les richesses utiles et les services publics seraient les buts recherchés, directs et explicites. Radicalisation aussi parce que cela devrait s’appuyer sur des pouvoir d’action, de saisine et de contrôle par les habitants et les travailleurs.

      — > Des travailleurs et des habitants qui auraient pouvoir sur l’argent des banques et sur l’utilisation qui en est faite par les patrons et les multinationales, dans chaque bassin, chaque région, jusqu’à l’Etat national et l’Europe, et au-delà le monde.

      Ca ne te rappelle pas quelque chose ?
      oui, cherche bien. "Des soviets partout." Mais des vrais ! Pour y parler de ce qui compte.

      Fraternellement,
      Bill.

  • le desarroi d’en haut :

    dossier spécial - La chute du dollar engage le bras de fer du siècle

    Lundi 26 mai 2008 « Dans dix ans, quelle sera la nouvelle devise mondiale ? »

    Le « Magazine of International Economic Policy » a posé cette question à des experts mondialement reconnus. « L’Agefi » vous offre leur réponse en primeur.

    http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/detailArticle.php?articleID=312840

    les initiatives d’en bas :

    ROYAUME-UNI • Une monnaie parallèle dans le sud de l’Angleterre

    Une petite ville anglaise est depuis plus d’un an "en transition" : ses habitants consomment moins d’énergie, privilégient les denrées produites localement et délaissent la livre sterling pour une monnaie frappée à l’effigie de leur commune, rapporte The Independent.

    http://www.courrierinternational.fr/article.asp?obj_id=85972

  • C’est encore la suite logique de ce concept du CME (Capitaliste Monopoliste d’Etat) "théorisé et vulgarisé par ce même Boccara...

    A relire, réétudier ... Et voir la traduction politique desastreuse de ce concept "jamais vérifié dans les faits" que cela a entrainé au sein du PCF..

    Mais au moins Paul Boccara à de la suite dans les idées, habiller le réel à sa pensée et non habillé sa pensée au réel.

    • Le réel c’est de partir de la situation de crise dans lequel est le capital.
      Boccara y répond et je note que des projets qu’il a lancé comme uns sécurité sociale profesionnelle ont pris de la dimension et viendront ouvrir des espaces nouveaux contribuant à battre l’exploitation de l’homme par l’homme.
      Ce sont des projets qui non seulement s’opposent au capital mais donnent des voies pour dépasser ce capitalisme.
      C’est quand même mieux que ces sempiternels "anti" qui maintiennent le capital à la surface.
      Salut et fraternité

      Babeuf 42

    • Salut Marco.

      Je suis d’accord avec toi. Je renvoie à une excellente critique qui avait été faite à l’encontre de la théorie du CME et qui se trouve en partie dans cet ouvrage de la fin des années 70 "Dialogue à l’intérieur du PC français" de G Molina et Y Vargas ( qu’on pourra difficilement accuser d’être des "anti PCF" quand même...).

      La principale critique était surtout que cette théorie ne servait à rien du point de vue de la lutte des classes.

      Ils disaient dans une interview en 1979 :

      " Mais la théorie du CME qui est active depuis plus de 15 ans joue un rôle bcp plsu complexe. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas de lui opposer uen théorie plsu cohérente, plus vraie, moins descriptive etc, mais de voir, en matérialistes, à quoi elle sert dans la lutte des classes. Et immédiatement on se trouve face à deux contradictions :

      1. comme Balibar l’a démontré, la théorie du CME ne repose sur aucune analyse explicite de l’Etat. Les militants ont vécu longtemps dans la conviction que la conquête du pouvoir d’Etat suffisait pour transformer l’économie capitaliste. Dans cette vision, l’Etat devient l’exécutif économique omniprésent d’une classe sociale. C’est pourquoi la réflexion communiste actuelle sur l’Etat n’est pas venue de la théorie du CME mais d’une toute autre initiative : l’abandon de la dictature du prolétariat.

      2. la difficulté permanente à désigner clairement l’ennemi de classe. Au XXIIè congrès, c’était les 25 gros monopoles et leurs commis. Et puis pendant la campagne G MArchais a répété"qu’il fallait faire payer les riches, y compris les PME". Les PME ne faisaient plsu partie de l’Union du peuple de France et leurs ouvriers, particulièrement exploités, furent l’objet d’une attention toute particulière dans le rapport du Comité central d’avril 1978. (...)"

      et encore :

      "Lors de la conférence nationale de janvier 1978, G Marchais distingue la société socialiste de la société du Programme commun. Pour cette dernière il parle de "pas en avant", de "réformes de structures", de "politique nouvelle", rien de plus. Seulement, i lest vrai qu’un autre point de vue, économiste, s’est progressivement substitué au premier , en apportant l’ensemble des transformations structurelles contenues dans le programme commun à un nouveau type de société dont la cohérence relèverait d’une régulation de la mise en valeur du capital par les besoins populaires. Ce point de vue produit des effets politiques : tout problème social trouvait sa solution dans le Programme commun, toutes les revendications leurs expressions, toute lutte son véritable aboutissement.(...)"

      La Louve

    • Non Bernard là tu t’égares mon camarade
      "L’amour t’aveugle" :) (je plaisante)

      Mais enfin il ne suffit pas de proposer un projet si à la base on n’est même pas capable d’être "sainement" CONTRE ?!!

      C’est pas l’essence même du communisme "de base" d’être CONTRE le capitalisme ???

      Même MArx et Lénine l’ont dit.

      Faut pas glorifier la théorie pour la théorie. Dis moi où il y a du communisme là dedans ? On est nombreux à ne pas voir la mêem chose que toi.

      En tout cas ça a un mérite énorme toute cette discussion :

      1. ce projet ,cet appel devrait être PRESENTE ET DEBATTU A LA BASE AVANT D’ETRE "VENDU" AU NIVEAU NATIONAL CAR manifestement "la base" n’est pas unanime.
      2. Il doit l’être dans les cellules de préférence et dans le cadre du congrès, les sections ne devant pas servir à couper les têtes qui dépassent pour pondre un consensus pro-direction.

      LL

  • D’un point de vue "méthodologique", je reprocherai d’abord deux choses à ce rapport ( qui a le mérite d’exister et merci de l’avoir publié)

    1. Il est quasi incompréhensible ,surtout à un non-expert, même de bonne volonté et même "un peu marxiste", parce que P Boccara ne prend pas la peine de définir ( ou redéfinir) certains termes pivots, ni de clarifier certaines de ses expressions.

    2. Le plan n’apparait pas clairement ,c’est très "brouillon", fouilli, on ne sait pas trop où il veut en venir d’un paragraphe à l’autre. 3 grandes parties, oui bon, c’est sympa mais des sous parties voire des sous sous parties ce n’eût pas été un luxe compte tenu de l’extrême complexité et technicité du sujet non ?

    (A moins qu’au final ce document ne soit fait pour servir à PERSONNE ? Moi je croyais que ça devait servir à la formation des militants te pour leur permettre d’élaborer à partir de la cellule des propositions pour le projet communiste... Et ben avec ça bon courage les camarades...)

    Par exemple, il parle des fonds de pension et de retraites menacés d’effondrement spéculatif (ok sans doute) et ensuite, il parle de l’endettement public utilisé pour faire pression sur les dépenses publiques ( tjs ok mais quel rapport ? pour le trouver il faut faire l’effort soi même...)

    Sur le fond, et notamment la PArtie III des propositions.

    C’est en effet extrêmement éclairant et je comprends mieux pourquoi l’appel lancé a cette "coloration" capitaliste très forte.

    Il n’y a rien ( je suis désolée j’ai lu et j’ai cherché) rien qui constitue des propositions communistes qui prendraient appui sur les contradictions qui agitent la société capitaliste pour freiner , non pour faire exploser le système et le précipiter à sa perte.
    Non.

    On est à FOND dans la GESTION du capitalisme !
    Est ce notre job ?

    Non - car ça les soces le font mieux que nous, ça s’est confirmé, (ils ont le monopole en production de vaseline depuis des lustres..) et à titre personnel de ce point de vue capitaliste je suis plus convaincue par les analyses et les propositions que recèle la lettre de Fabius Rocard Delors et cie à Sarkozy en vue de la présidence de l’UE.

    Quant à la réalisation de certaines propositions je me marre : nous allons imposer aux banques de renégocier Bâle II ? Nous allons imposer aux banques des réserves obligatoires de garantie, nous COMMUNISTES ? C’est juste drôle à imaginer. C’est historiquement le rôle des soces-dém en Europe de "consensualiser" les relations capital/travail pour péréniser le capitalisme...

    Je ne crois pas que nous ayons les moyens de leur contester ce "leadership" et surtout je ne crois pas que ce soit notre ROLE. donc, c’est un rapport qui prend appui sur l’économie, soit, mais qui va surtout nous accrocher de nouveau et politiquement aux soces-dém’.

    Je ne parle même pas du fait que les 3/4 des propositions sont totalement incompatibles avec le droit communautaire actuel (et notamment le régime des aides d’Etat et celui des SIEG...) , ce qui nous place donc doublement SUR LA LUNE de 1° pouvoir en France, 2 ° Pouvoir en Europe...

    Faut-il entraîner l’espoir et la force potentiellement révolutionnaires des prolétaires (qui remonte lentement, pendant que la conscience de classe se reconstruit doucement à la faveur de contradictions sociales soutenues et globales) dans de telles voies de garage, politiques et économiques etc ????,

    HHmmmm. Comment dire.. Je doute....

    Comme je trouve que en outre ce rapport manque un peu d’histoire, je me permets de mettre ci après un "résumé" de l’historie des crises et de leurs "remèdes miracles" depuis 1995.

    La Louve

    Ps : J’envisage une autre piste... Laisser les soces dém faire leur rôle classique de "pompiers du capitalisme" et nous , "travailler au corps" les salariés et les petits bourgeois pour leur faire réaliser que ce n’est pas "la même chose autrement" qu’il faut mais AUTRE CHOSE ! Bref, éveiller les consciences contre le capitalisme et travailler à un autre monde (cet autre monde doit il comporter la spéculation les banques les bourses etc ??? ...)

  • INTRODUCTION :

    Avant les « SUBPRIMES », il y a eu « la bulle Internet » entre 1995 et 2000 (et c’est bien la constitution de cette « bulle » et non son éclatement qui aurait du étonner et alerter…)

    Souvenons –nous…(en partie extrait de Wikipedia)

    Les premiers symptômes de la bulle technologique apparaissent en 1995. La frénésie des investisseurs lors de l’introduction en bourse de Netscape fait monter le cours de l’action de la jeune société de 28 à 75 $ en un jour.[1],[2] À la fin de sa première journée de cotation, la société atteint 2 milliards de dollars de capitalisation boursière.

    (Vous souvenez de ça ?? moi je m’en souviens parfaitement ,quand j’avais entendu ça à la radio, CA c’était une nouveauté, un truc complètement inouï et deux bons et vieux copains qui devaient avoir environ 25 ans à l’époque sont devenus fous de joie car ils ont été parmi les premiers à lancer une « webagency » qui a fini 10 ans plus tard rachetée par BT…)

    Pendant environ cinq ans, les gains promis par les sociétés du secteur des TIC aiguisent l’appétit d’un nombre croissant d’investisseurs, grands et petits, ce qui se traduit par des volumes importants d’émissions d’actions, d’emprunts et de crédits bancaires. Les valeurs boursières des entreprises du secteur augmentent sans lien avec leur chiffre d’affaires réel ou leurs bénéfices.
    Indice IXIC du NASDAQ, 1994-2004

    L’indice IXIC du marché électronique NASDAQ, qui était à 1 000 au début de 1995 a ainsi été multipliée par 5 en 5 ans et culminé à plus de 5 000. Plusieurs événements conjugués sont à l’origine de ce phénomène, notamment :

    · Un excédent mondial d’épargne financière, lié notamment à la préparation de leur retraite par les baby boomers ;

    · Une modification de la politique monétaire très accommodante aux États-Unis et au Japon. Le crédit, peu cher, est largement disponible, notamment grâce aux investisseurs en capital risque (venture capitalists) ;

    · Plusieurs changements de politique macro-économique amplifie l’effet :

    1. L’ouverture à la concurrence du marché des services de télécommunications dans la plupart des pays de l’OCDE a eu pour incidence d’augmenter massivement les investissements des opérateurs et entraine de nombreuses fusions-acquisitions dans tout le secteur.

    2. Les investissements réalisés dans l’informatique pour adapter les systèmes à l’an 2000 gonflent les rendements des sociétés informatiques.

    3. Les pays européens investissent pour assurer la transition des monnaies nationales à l’euro

    · La popularisation du réseau Internet en 1994 fait croire à la veille d’une deuxième révolution industrielle et, partant, d’une période de croissance économique faramineuse.

    (Je vous passe tout le développement historique qui a accompagné cette « bulle » vous pouvez le retrouver sur Wiki entre autre, mais il y a eu en même temps la restructuration du marché des télécoms au sens large, opérateurs équipementiers, fournisseurs d’accès etc…)

    Les titres que les investisseurs estiment concernés par la révolution des TIC progressent plus rapidement en bourse. Au sein des conseils d’administration des grandes entreprises de tous les secteurs, pas seulement celles de la nouvelle économie, l’inquiétude est grande.

    Les discussions tournent souvent autour du même buzzword : « développer une stratégie Internet ». Pour « changer de dimension » et paraître plus séduisantes, des sociétés de « l’ancienne économie » ajoutent à leurs métiers traditionnels des activités dans les média, l’Internet ou les télécommunications.

    Certaines ont la certitude que « tout est désormais possible » et vont carrément déraper.

    Par exemple, la Compagnie générale des eaux (CGE) était à l’origine une respectable entreprise française de plus de 150 ans spécialisée dans les services aux collectivités (ramassage des déchets, alimentation en eaux, transports,...).
    Elle opère dans un secteur refuge basé sur des contrats à long terme quasi-monopolistiques, mais qui ne progresse guère plus de 4 ou 5% par an.

    La société s’est lancée dans une stratégie de croissance à l’international et a saisi l’opportunité de l’ouverture à la concurrence dans le téléphone mobile avec SFR en 1987 puis dans le téléphone fixe avec Cegetel en 1996.

    Le système s’emballe à partir de 1998 lorsque re-baptisée Vivendi, la société mène une croissance via des acquisitions tous azimuts au prix fort (Souvenez vous c’est l’époque du "règne de J2M" le petit "French king", ce gros bouffon qui fera des photos de lui dans PM avec une chaussette trouée....) :

    absorption du groupe d’édition multimédia publicité Havas, diversification dans l’audiovisuel avec la chaîne de télévision à péage Canal+, entrée dans le capital des studios de cinéma Pathé, acquisition des producteurs d’énergie américains Boston Edison et GPU, achat du leader américain de l’eau USFilter (la plus importante acquisition française jamais réalisée aux États-Unis) et en juin 2000 fusion à 40 milliards de dollars avec le géant canadien Seagram (propriétaire de la maison de disques Polygram et du studio Universal Pictures).

    Toutes les craintes et les mises en garde (risques de trop grande dispersion, alourdissement de la dette du groupe, ambitions surdimensionnées,...) sont ignorées puisque la carrière brillante du titre en Bourse permet la « poursuite d’une stratégie offensive ».

    Pour finir : aux alentours de 2000, après le passage à l’Euro etc, la « bulle » finit par exploser !

    La bulle Internet correspond aussi à la période qui a suivi 2000. Beaucoup d’entreprises technologiques réalisaient de bonnes affaires, mais les investisseurs ont largement exagéré l’importance du « très long terme » dans leurs estimations, et négligé de calculer que certaines des sociétés consommaient trop vite leur capital pour espérer atteindre un jour le point d’équilibre.

    Taux d’intérêt des emprunts d’État américains à 10 ans - 1995-2005

    Sous la pression de la remontée des taux d’intérêt à long terme (voir graphique ci-contre), la bulle finit par « éclater » à partir de mars 2000, sous forme d’un krach, s’étendant à l’ensemble des bourses et initiant une récession économique de ce secteur et de l’économie en général.

    Tous les profits réalisés depuis 1995 (145 Mds USD) par les 4 300 sociétés du NASDAQ sont volatilisés par les pertes gigantesques de 2000-2001 (148 Mds USD).

    E nsuite… il y a eu Enron et Worldcom notamment. Puis, les « subprimes »….

    1. L’AFFAIRE ENRON (copiée dans WIKIPEDIA pour plus de rapidité, désolée)

    Enron fut l’une des plus grandes entreprises américaines par sa capitalisation boursière. Outre ses activités propres dans le gaz naturel, cette société texane avait monté un système de courtage par lequel elle achetait et revendait de l’électricité, notamment au réseau des distributeurs de courant de l’État de Californie. En décembre 2001, elle fit faillite en raison des pertes occasionnées par ses opérations spéculatives sur le marché de l’électricité ; elles avaient été masquées en bénéfices via des manipulations comptables. Cette faillite entraîna dans son sillage celle d’Arthur Andersen, qui auditait les comptes d’Enron.

    Fraudes et manipulations

    En interne, les dirigeants créèrent plus de 3 000 sociétés offshores. En faisant passer ces sociétés pour leurs fournisseurs, ils pouvaient contrôler les prix de l’énergie. Ces sociétés, dont les sièges sociaux étaient installés dans les îles Caïmans, les Bermudes ou les Bahamas étaient utilisées pour dissimuler les acquis frauduleux et les (importantes) dettes de la maison mère - les informations sur ces filiales étant seulement indiquées dans les petites annexes en bas de page des documents d’information financière, permettant ainsi de tromper les actionnaires, les salariés et les autorités.

    L’entreprise poursuivait simultanément sa politique de communication agressive. Ainsi, son charismatique PDG Kenneth Lay envoya aux salariés un courrier leur annonçant que le cours de l’action gagnerait 800 % avant l’année 2010.
    Exemple de montage financier d’Enron

    L’objectif est le suivant : qu’Enron emprunte de l’argent sans que cela apparaisse dans ses comptes. L’opération implique trois acteurs : Enron, une société offshore d’Enron (Jedi) et une banque (appelons-la banque Z). Tous sont complices du montage. L’opération est ici légèrement simplifiée.

    D’abord Jedi vend pour un million de dollars de gaz à la banque Z. Jedi, contrôlé par Enron, reçoit alors un million de dollars de la part de la banque Z (un contrat de livraison de gaz est signé mais cette livraison n’a pas lieu ; seul son paiement est effectué). Enron vend ensuite pour un million de dollars de gaz à Jedi. Enron reçoit donc un million de dollars de cette dernière. Enfin Enron achète à la banque Z pour un million cinquante mille dollars de gaz, et paie en plusieurs fois.

    La banque Z recevra, au terme du processus, un million cinquante mille dollars.
    Quel est le résultat ? C’est comme si Enron avait emprunté un million de dollars à la banque Z et remboursait progressivement son prêt, avec des intérêts. Mais cela apparaît dans les comptes comme une opération commerciale, et permet à Enron de se surendetter sans éveiller les soupçons.

    La révélation des fraudes et l’effondrement de l’entreprise

    Tout commence, ou finit, le 31 octobre 2001 date à laquelle la SEC (le gendarme de la bourse américaine) ouvre une enquête.

    Le 2 décembre 2001, la multinationale se déclare en faillite ; le cours de l’action chute de 90 dollars à 1 dollar en quelques mois. Environ 5 000 salariés sont immédiatement licenciés, tandis que des centaines de milliers de petits épargnants qui avaient confié leurs fonds de pension à Enron (environ les deux tiers des actifs boursiers de la firme étaient détenus par des fonds de pension ou des fonds de mutuelle) perdent l’essentiel de leur capital-retraite, car celui-ci était constitué principalement de parts dans l’entreprise.

    Des procédures pénales sont ouvertes contre les anciens dirigeants de l’entreprise : le trésorier, Ben Glisan fut condamné à cinq ans de prison. Le directeur financier, Andrew Fastow, à dix ans (son épouse, Lea, fut elle aussi condamnée pour avoir aidé à masquer les comptes).

    Le 25 mai 2006, Kenneth Lay, 64 ans, fut reconnu coupable de six chefs d’accusation, dont la fraude et le complot ; mais il décéda d’un infarctus le 6 juillet avant de commencer à purger sa peine. L’ancien numéro deux d’Enron, Jeffrey Skilling fut reconnu coupable de 19 des 28 accusations, dont fraude, complot, fausses déclarations et délit d’initié et condamné à vingt-quatre ans et quatre mois de prison le 23 octobre 2006.

    Les anciens partenaires de l’entreprise sont également inquiétés par les poursuites judiciaires, notamment : le cabinet d’Arthur Andersen, Citigroup, JP Morgan, Merrill Lynch, Deutsche Bank, la CIBC, et la Banque Barclays.

    1. BIS L’AFFAIRE « WORLDCOM »….AUTRE SCANDALE DE « L’ARGENT FICTIF »

    WorldCom est une entreprise de télécommunication américaine.
    Lors de l’été 2002, l’image de cette entreprise a été gravement ternie par le scandale des manipulations comptables. En 2001 et 2002, l’opérateur avait en effet déclaré près de 11 milliards de dollars de revenus totalement fictifs. Suite à cette découverte, l’action de Worlcom a baissé de 90 % le lundi premier juillet — la cotation de l’action avait été suspendue au Nasdaq du 26 juin jusqu’au premier juillet.

    Le 14 avril 2003, WorldCom U.S a remis son plan de réorganisation au tribunal des faillites des États-Unis. La société a choisi de changer de nom pour adopter celui de MCI, marquant ainsi un tournant dans son histoire et symbolisant également tous les changements intervenus dans sa politique et sa gestion.
    Suite à l’affaire WorldCom, il est apparu nécessaire aux autorités financières américaines de redonner confiance par la mise en place de réformes radicales dans la gouvernance d’entreprise.

    2. PREMIER CONTRE-FEU CAPITALISTE, VENU DES US : LA LOI « SOX » - ( EST CE QUE ÇA MARCHE ??….)

    Aux États-Unis d’Amérique, la loi de 2002 sur la réforme de la comptabilité des sociétés cotées et la protection des investisseurs est une loi fédérale imposant de nouvelles règles sur la comptabilité et la transparence financière. Elle fait suite aux différents scandales financiers révélés dans le pays aux débuts des années 2000, tels ceux d’Enron et de Worldcom. Le texte est couramment appelée loi Sarbanes-Oxley, du nom de ses promoteurs les sénateurs Paul Sarbanes et Mike Oxley. Ce nom peut être abrégé en SOX, Sarbox, ou SOA.

    Nouvelles obligations

    La loi du 31 juillet 2002 (Pub. L. No. 107-204, 116 Stat. 745) dite Sarbanes-Oxley Act a introduit :

    · l’obligation pour les présidents et les directeurs financiers de certifier personnellement les comptes ;

    · l’obligation de nommer des administrateurs indépendants au comité d’audit du conseil d’administration ;

    · l’encadrement des avantages particuliers des dirigeants (perte de l’intéressement en cas de diffusion d’informations inexactes, interdiction des emprunts auprès de l’entreprise, possibilité donnée à la SEC - Securities and Exchange Commission, l’autorité de régulation des marchés boursiers américains - d’interdire tout mandat social pour les dirigeants soupçonnés de fraude).

    Cette loi oblige aussi à mettre en œuvre un contrôle interne s’appuyant sur un cadre conceptuel. En pratique le COSO est le référentiel le plus utilisé.

    Extraterritorialité (celles et ceux qui bossent dans des sociétés dites « du tertiaire » détenues par les US doivent connaître, de près ou de loin…)

    Parce que nombre de sociétés non-américaines sont cotées au New York Stock Exchange, la plus grande des bourses mondiales, et de fait soumise à cette loi, SOX a des répercussions au-delà des frontières des États-Unis. C’est d’ailleurs pourquoi on parle d’extraterritorialité au sujet des répercussions de la loi SOX.

    3. AUTRE CONTRE-FEU ETABLI EN 2001 AUX US : LES « NORMES COMPTABLES IFRS » (EST CE QUE ÇA MARCHE ???….)

    Les normes internationales d’information financière, plus connues au sein de la profession comptable et financière sous leur nom anglais de International Financial Reporting Standards ou IFRS sont des normes comptables, élaborées par le Bureau des standards comptables internationaux destinées aux entreprises cotées ou faisant appel à des investisseurs afin d’harmoniser la présentation et la clarté de leurs états financiers.

    Après les scandales financiers du début des années 2000 en Europe et aux États-Unis (Enron, WorldCom…), les pouvoirs publics se sont attachés à renforcer la qualité de la communication financière afin de rétablir la confiance du public, des épargnants et des investisseurs. Ce vaste mouvement s’est traduit par l’adoption d’un ensemble de textes dont l’objectif commun est l’amélioration de la sécurité financière. L’année 2005 a ainsi vu l’application des normes IFRS (International Financial Reporting Standards, dénommées jusqu’en 2001 normes IAS pour International Accounting Standards) existant depuis 1973, destinées à toutes les entreprises faisant appel public à l’épargne.

    L’adoption et l’application des normes comptables internationales au sein de l’Union européenne sont régies par le règlement (CE)1606/2002 du 19 juillet 2002, qui définit notamment les critères d’application d’une norme.

    Le règlement européen du 19 juillet 2002, en imposant aux entreprises faisant appel public à l’épargne de présenter leurs comptes consolidés selon les normes IFRS, vise principalement à garantir une meilleure transparence comptable. En effet, la présentation des comptes de ces entreprises selon des normes harmonisées en facilitera la compréhension et surtout la comparaison à l’échelon européen.

    Elles vont nécessiter de profonds aménagements informatiques, aussi bien dans les grands groupes que dans les PME-PMI. Le changement de référentiel comptable que vont connaître toutes les entreprises va transformer le fonctionnement des marchés financiers, des entreprises et des économies, d’une part, et l’élaboration des comptes, d’autre part. Moins médiatisé dans le grand public que le passage à l’euro, ce changement aux normes internationales IAS/IFRS aura pourtant beaucoup d’impact. L’objectif est en effet de rétablir la clarté des comptes des entreprises, la confiance des investisseurs sur les marchés boursiers, mise à mal ces cinq dernières années par des scandales à répétition et par l’explosion de la dette des entreprises. Le travail des veilleurs va devenir plus simple, plus rapide et accessible au néophyte.

    Deux nouveaux principes comptables sont ajoutés :

    · prééminence de l’économique sur le juridique : les comptes doivent donner une image fidèle de l’entreprise et de son patrimoine (ainsi, le crédit bail rentre à l’actif du bilan)

    · importance relative : une information ne doit figurer dans l’annexe que si elle peut influer sur les choix futurs des utilisateurs.

    4. LA « CRISE DES SUBPRIMES » - DEPUIS 2006 AUX US !! (SOURCE : VERNIMMEN ONLINE)

    QUESTIONS ET REPONSE : Les crédits subprime
    Le montant de la dette immobilière aux Etats-Unis est de l’ordre de 10.000 Md$, soit les ¾ du PIB. Cette dette se répartit en plusieurs catégories selon la solvabilité des emprunteurs (prime et subprime, voir near prime ou Alt-A) et la nature des taux d’intérêt : variables ou fixes.
    Les ménages prime qui représentent à peu près 40 % des ménages américains ont connu peu ou pas de défaut de paiements sur leurs crédits ou emprunts passés. A l’opposé se trouvent les ménages subprime qui ont connu plusieurs défauts de paiement dans le passé et qui représentent 15 % des foyers américains. Le reste (45 %) est une sorte de marais, le near prime ou Alt-A, qui regroupe des emprunteurs sans justificatif de revenus stables ou avec un historique de crédit moyen.

    Le volume des crédits subprime accordés aux Etats-Unis est de l’ordre de 1.300 Md$, soit 13 % du total des prêts immobiliers. Ils sont principalement à taux variable (à 65 % contre 35 % à taux fixe), alors que les taux de crédits prime sont seulement à 20 % à taux variable.

    Le développement des prêts subprime a permis l’accession à la propriété de nombreux foyers américains : depuis 10 ans, le taux de propriétaires est passé de 65 à 69 %, et plus de la moitié du gain est due aux acheteurs subprime.

    Ces crédits rapportent en général aux prêteurs 2 % de plus que les crédits immobiliers classiques, ce qui expliquent qu’environ les 2/3 de ces crédits ont été acquis directement ou indirectement (via des RMBS, Residential Mortgage Backed Securities) par des investisseurs en quête de rendement, dont certains avaient oublié la loi d’airain de la finance : une rémunération plus élevée traduit à un risque plus élevé.

    De nombreux prêts subprime ayant été accordés depuis 2 – 3 ans avec des taux d’intérêt initiaux bas et fixes qui s’accroissent contractuellement au bout de 2 – 3 ans. Un nombre grandissant de ménages américains subprime a donc vu en 2007 et verra en 2008 le poids de ses mensualités de crédit s’alourdir fortement (de 30 % et plus) :

    Dès lors, il n’est pas étonnant que le pourcentage de crédit subprime pour lesquels les emprunteurs ne peuvent plus faire face à leurs échéances et pour lesquels le bien est saisi par le prêteur est en train d’exploser : 4 % en 2006, 6 % en 2007, 10 % estimé en 2008.

    MORALITE et une idée :

    DEPUIS 1995, SUR DES EXEMPLES RECENTS, ON AURAIT DEJA DE QUOI CONSTRUIRE UN MAGNIFIQUE ARGUMENTAIRE POUR DEMONTRER QUE LE CAPITALISME C’EST UNE CRISE PERMANENTE.

    QU’ON NE PEUT PAS LE GERER (LOI SOX ET IFRS VIENNENT DE DEMONTRER A NOUVEAU CETTE IMPOSSIBILITE TOTALE) NI L’AMENAGER... etc.

    Pourquoi on ne commence pas par là ??

    La Louve

    • Pourquoi on ne commence pas par là ??

      Bonne question !!!

      Mais ça fait depuis bien des anées avant la Bulle Internet qu’on a cessé de "commencer par là".

      Et ça n’a pas commencé avec la chute des Pays de l’Est, et la "repentance" à tout crin vis à vis du Socialisme, et encore plus du Communisme.

      Dès la mise en place du Programme Commun on a commencé à justifier la collaboration de classe et l’alignement sur la "gestion" du Capitalisme par un "pragmatisme" de circonstance.

      En réalité on récoltait dans ce cas le produit de la déculturation politique de la base du Parti qui permettait de poser comme évidente la possibilité de franchir la phase post-capitaliste uniquement par le moyen électoral.

      Or on sait très bien que le Capitalisme ne se laissera JAMAIS dépasser d’une manière raisonnée. Et en plus c’est normal, ce serait un postulat contre-nature de le penser un instant.

      Depuis on n’a fait qu’accumuler des justifications tendancieuses pour masquer les résultats d’autres justifications qui l’étaient tout autant.

      Et en plus, la stratégie qui consiste à renvoyer sur la direction précédente tous les échecs pour justifier de stratégies tout aussi, sinon plus criminelles n’a fait qu’enfoncer le clou.

      La première question à se poser, (Excuse moi mais je le pense sincèrement), c’est : "Pourquoi depuis 25 ans le Parti a-t-il connu une telle hémorragie de ses forces vives alors que la crise n’a fait que grandir au niveau planétaire et qu’il aurait du être renforcé par les propres contradictions du ststème ? Et alors qu’un bonne partie des exilés, ou leurs héritiers directs, faisaient partie de ceux qui ont fait la puissance de ce même parti et la victoire de bien des combats plus difficiles ?"

      Et je ne parle pas des dirigeants qui l’ont quitté pour aller chez d’autres à grand coups d’effets d’annonces, mais des humbles qui se sont mis en retrait avec rage et tristesse pour ne pas jouer le jeu destructeur qu’on leur attribuait.

      Alors, justement, faut commencer par "là". Et surtout le faire savoir, avec des mots simples et par la mise à la Direction de militants simples, vraiment communistes, et dénués d’arrière-pensées.

      Parmi les quelque dizaines de milliers qui se sont mis en réserve, et dans les jeunes qui en sont potentiellement capables ça doit pas être bien difficile à trouver.

      Ce qui sera plus difficile ce sera d’expliquer à d’autres qui dirigent actuellement c’est qu’il faudra qu’ils retournent à la base... D’ou ils n’auraient jamais du sortir.

      Et crois moi, si ça se fait, (Peut-être au prochain congrès), y aura pas besoin d’aller chez Drücker pour le populariser et remobiliser.

      En trois mois on risquerai bien de voir la différence.

      Amicalement,

      G.L.

    • Ben t’excuse pas je suis complètement d’accord avec toi

      C’est ce que je me tue à dire depuis des mois

       :)

  • "c’est bien la constitution de cette « bulle » et non son éclatement qui aurait du étonner et alerter"........oui >>>>>>>>>>>>>>>

    Le Jeu de l’argent - Partie 1 à 5 - les archives oubliées :
    http://fr.youtube.com/watch?v=FC4dW5_7sFw&hl=fr
    http://fr.youtube.com/watch?v=Tly50tT4cEo&feature=related
    http://fr.youtube.com/watch?v=O04_jO0f-bE&feature=related
    http://fr.youtube.com/watch?v=UECg2Jvt5GU&hl=fr
    http://fr.youtube.com/watch?v=5ywsJc65Cj8&feature=related

    Pourquoi tous les "réformateurs" de l’économie ne disent-ils pas aux citoyens QUI la dirige vraiment, et dans quel but ?

    John Kennedy avait découvert l’escroquerie sur la création de monnaie par les banques, privées, hors de tout contrôle de l’état, et avait demandé l’aide de son peuple pour rétablir la démocratie, rendre le pouvoir de création monétaire du pays au gouvernement élu