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le communiqué de Volkswagen et la facture oubliée

Publie le jeudi 25 septembre 2008 par Open-Publishing
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Hier on pouvait lire page 7 de "20minutes", un communiqué de presse de Volkswagen stigmatisant l’abus de vendre les voitures neuves comme de fausses voitures d’occasion. Ce communiqué de presse pointe du doigt un problème majeur dont souffre l’entreprise : on peut trouver sur le marché des voitures d’occasion, le Polo Concept TDI à des prix entre 12 000 et 14 000 €, alors que le prix régulier, c’est-à-dire, celui des concessionaires, est de 9990 €.

Mais ne s’agit-il pas d’une erreur de calcul ? Le savoir de base dans l’art de fixer des prix est évidemment la connaissance du prix de revient qui résume les coûts de toutes les étapes de la production, et qui permet de calculer le nombre de voitures à produire et à vendre. Mais le communiqué se limite à mettre en avant le prix "public" de mise en vente, 9990€ sans dire s’il s’agit d’un prix net, HT, TTC.

Il est claire que pour obtenir un profit, il faut vendre un produit à un prix plus élevé que son prix de revient. Le prix dont parle le communiqué de presse est probablement ce prix "public" qui tient compte à la fois du prix de revient de l’usine et de la marge de profit du concessionnaire (dans cet exemple, si l’on partait d’un prix de revient de 9000 €, la marge de profit du concessionnaire serait de 11% (9000 € + 11% = 9990 €).

Le but du commerce est de permettre au commerçant d’atteindre un profit maximal dès lors qu’il fixe le prix de sa marchandise en sorte qu’il soit accessible au plus grand nombre.

Or, le communiqué point du doigt un deuxième circuit, celui des voitures d’occasion. Dans ce circuit, le commerçant propose des voitures déconnectés de leur prix de revient et indépendants de la comptabilité économique d’origine. Leur prix est fixé selon des critères purement commerciaux, selon une logique de comptabilité financière. C’est comme si j’achètais une paire de chaussures à 70€ au lieu de 140€, avec une logique de profit sans me soucier des conditions de production (c’était le sujet de No logo, le Naomi Klein), ni du prix de revient. Seulement, pour qu’une paire de chaussures puisse être mise en vente pour 70 €, le commerçant a dû l’acheter auparavent à un prix lui pemettant d’ajouter sa marge de profit (par exemple, il l’a acheté à 35€ et à 70€, il la revend 50% plus cher). L’indication du prix "neuf" de 140 € n’est là que pour duper le client en lui faisant croire qu’il profite d’un rabais alors qu’en vérité, il s’agit d’une majoration ...

C’est ce jeu de dupes qui est denoncé dans l’exemple de Volkswagen, où la marge de profit, la différence entre le prix de vente neuf ou "concessionnaire" de 9990 € et le prix de vente faux-neuf ou "occasion" de 12 000 € ou de 14 000€ établit une majoration de 20 à 30%.
Pourquoi ce communiqué ? Si les consommateurs se laissent tenter par le circuit des produits d’occasion, ils augmentent le volume de l’argent circulant dans le circuit des produits d’occasion et diminuent celui circulant dans le circuit des produits neufs. Le circuit de la production et de la vente/achat de produits neufs retrécie jusqu’à ce qu’un jour l’entreprise, dans ce cas Volkswagen, manque d’argent à investir en la mise à jour de ses installations ou à payer ses fournisseurs, ses salaries ou ses actionnaires. Dans ce cas là, la société finit par faire la faillite, le directeur licencie ses salariés, vend ses installations, et est rayé des plans comptables privé et public. Mais l’économie du pays ne s’en va pas, le peuple, les salariés restent dans le pays et subissent un infarctus, individuel ou par la non-circulation des biens.

Car, d’où vient l’argent des clients des produits neufs et d’occasion ? En exagérant, on peut dire qu’il vient dans un premier temps des revenus des salariés qui participent au circuit du neuf, sauf s’ils sont licenciés et du coup, ils deviennent des non-salariés. Alors, leur argent ne vient plus d’un revenu gagné par le travail, mais par la rédistribution de la richesse nationale, sous forme d’allocation, pension, subvention ou par la dissolution de la richesse personnelle en tant que rentiers privés (assurances-vie, loyers ...) ou d’une activité commerciale ou professionnelle parallèle ou alternative.

Peu importe. Les règles du jeu de la logique commerciale s’appellent Monopoly et le communiqué de presse de Volkwagen peut-être lu comme un appel des salariés (syndiqués) à changer ce jeu. Oui, mais comment ? N’auraient-ils pas pensé à la facture ? Le Monopoly aussi se joue sans TVA et sans facture. Le communiqué de presse n’en parle pas. Mais toute la question est là : comment la TVA peut-elle changer de nature pour muer d’une mesure d’étranglement économique à un instrument de régulation de la richesse nationale, et qui soutiendrait le processus de production, et de là, le travail salarié, au lieu de le détruire ??

angela anaconda

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