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23.11.2007
Un immobilisme
Lancement aujourd’hui de la grande campagne annuelle de collecte de nourriture au bénéfice des Banques alimentaires. Et lancement aussi, après le « Grenelle de l’Environnement », du « Grenelle de l’Insertion » : six mois de grands débats et de tables rondes pour « améliorer la performance globale des politiques d’insertion ».
Il y a du pain sur la planche, visiblement. Selon un sondage pour l’association Emmaüs publié hier, tout comme l’an dernier, à peu près un Français sur deux (47%) craint de devenir un jour sans abri. Trois Français sur quatre (75%) estiment que, par rapport à l’hiver dernier, la situation des SDF dans le pays ne s’est pas améliorée, voire s’est dégradée. C’est d’ailleurs aussi le sentiment des principaux intéressés : 60 % des SDF se jugent toujours autant dans la galère que l’an dernier.
L’an dernier justement, à la même époque, dans une opération qui avait été extrêmement médiatisée pendant des mois, l’association « Les Enfants de Don Quichotte » avait envahi le canal Saint-Martin avec des dizaines de tentes de camping pour SDF, afin de dénoncer notamment les carences dans le dispositif d’hébergement d’urgence. Un an plus tard, 70% des Français plébiscitent cette action.
Cette année, les SDF parisiens militants, à l’initiative cette fois de l’association « Salauds de pauvres », se sont installés dans le treizième arrondissement, sous le pont Charles de Gaulle, au pied de la gare d’Austerlitz. Il y a quelques jours, ils y ont installé un campement de tentes. L’une d’elle, surmontée d’un gros Père Noël, rappelle combien, selon le leader du campement, « on nous fait croire au Père Noël depuis tellement de temps ».
Eloignés des quartiers bobos branchés, cantonnés dans ce no man’s land sinistre en bord de Seine où aucun Parisien ne s’aventure jamais, ces SDF ne vont pas gêner grand monde. Du coup, parions qu’on les entendra et qu’on les verra beaucoup moins dans les médias que l’hiver dernier.
PS : Cette estimation officielle, relayée par la télé hier soir : en ce moment rien qu’à Paris, « entre 200 et 400 » personnes dormiraient chaque nuit dehors. A elle seule, la largeur de cette fourchette dit bien combien les autorités sont dépassées