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Cinq sujets dans ce resf.info de « vacances » :
1) Djamel, 12 ans passe ses vacances à la prison administrative pour étrangers de Nîmes avec sa mère, en attente d’expulsion vers l’Algérie.
2) Un message reçu à l’instant de St-Etienne sur la chasse aux Tchétchènes
3) Lancement d’une campagne de cartes postales adressées à Carla Sarkozy
4) Fin de la souscription en faveur des ex-retenus de Vincennes
5) Appel à signer la pétition contre le nouveau fichier Edvige qui prévoit de ficher ceux qui « menacent l’ordre public », militants syndicalistes, politiques et associatifs, dès l’âge de 13 ans, avec état du compte bancaire, situation de famille, activités sexuelles…. Big brother est mort, vive very little brother ? Informations et signature http://www.nonaedvige.ras.eu.org/
1)
Pas de vacances pour la répression !
Pas de vacances pour la solidarité non plus !
Djamel, 12 ans, en rétention avec sa mère, et loin de ses amis
Djamel Driss 12 ans est enfermé au centre de rétention de Nimes depuis mercredi 2 juillet
Les conditions d’arrestation de ce gamin et de sa mère sont insupportables : arrestation à domicile un peu avant 6h du matin.
Aujourd’hui Djamel va mal. L’enfermement et la solitude de l’enfermement lui sont insupportables. Il est effondré à l’idée d’être envoyé en Algérie, pays dont il ne se souvient pas et dans lequel il ne veut pas aller.
Ce mardi 15 juillet au matin, madame Driss a été emmenée, avec son fils, vers 6h du matin direction l’aéroport de Marseille. Là, elle a refusé d’embarquer.
Elle a été ramenée avec Djamel au CRA de Nimes.
Un nouveau départ serait prévu pour dans quelques jours.
Monsieur Omar Driss, Mme Dalila Halimi et leur fils Djamel Driss sont arrivés en France en 2001, avec un visa touristique.
Ils ont quitté l’Algérie lorsque la tension y était très forte (M. posait des paraboles, ce qui leur a valu des menaces sérieuses - ils se sont faits tirer dessus)
Arrivés en France, ils ont fait une demande d’asile territoriale à la préfecture du Rhône, qui leur a été refusée.
Ils ont ensuite demandé à bénéficier de la circulaire Sarkozy, mais leur demande est restée sans réponse.
La préfecture du Rhone répond à la situation de Mme et de Djamel par la situation du père.
Le père de Djamel a en effet également été arrêté le 2 juillet avant d’être expulsé lundi 7 juillet. Mr Driss avait une obligation de quitter le territoire et surtout une interdiction définitive du territoire suite à différentes condamnations pour faits graves. Il avait en effet été condamné à plusieurs années de prison, peine qu’il a purgée. Le condamner à l’expulsion c’est appliquer la double peine et c’est en même temps condamner sa femme et son enfant alors qu’ils n’ont commis aucun délit. « Si c’est toi, c’est donc ton père, nouvelle devise de la préfecture du Rhône » ?
Djamel n’est en aucun cas responsable des actes de son père.
Djamel est né le 10/04/96 en Algérie. Il a été scolarisé en maternelle à Rillieux-la-Pape, au CP dans le 3e, du CE1 au CM2 à l’école Meissonnier (Lyon). Il était cette année en 6e au collège Ampère. Il est inscrit pour l’année prochaine dans le même collège.
Djamel a de très bons rapports avec ses camarades de classe. Il était invité il y a seulement quelques jours chez l’un d’eux.
Comment un enfant de 12 ans peut-il comprendre que la police vienne le chercher au petit matin, pour l’emmener loin de ses copains, dans un centre de rétention, véritable enfermement surtout à cet âge là ?
Comment ses camarades de classe peuvent-ils comprendre que leur copain soit ainsi arraché à sa vie ici ? Quelles valeurs transmet-on aux enfants, à ceux qui restent ? Quel monde construit-on pour demain si des enfants peuvent ainsi disparaître ?
Mme Halimi Driss, elle même n’est pas responsable des actes de son mari. Mari duquel d’ailleurs elle voulait divorcer. Les démarches n’étaient pas entamées mais elle en avait parlé à plusieurs personnes.
Par ailleurs, tous les témoignages attestent que Mme Driss était particulièrement présente au sein de l’école. Plusieurs parents, présents lors du rassemblement devant l’école jeudi 10 juillet, en témoignaient.
Djamel et sa mère ne doivent pas être victimes de la politique du chiffre.
Djamel et sa maman doivent pouvoir vivre ici.
Pétition à signer : http://www.educationsansfrontieres.org/?article14637
Ecrivons massivement à la préfecture du Rhône pour demander la libération de Djamel et de sa maman.
mél + fax préfet : jacques.gerault@rhone.pref.gouv.fr , 04 78 60 49 38
mél + fax secrétaire général : rene.bidal@rhone.pref.gouv.fr , 04 72 61 49 38
mél + fax directeur de cabinet : 04 78 60 15 46
mél + fax directrice de la réglementation : michele.denis@rhone.pref.gouv.fr, 04 72 61 62 41
mél + fax sous-directeur de la réglementation : stephane.beroud@rhone.pref.gouv.fr ou sylvia.legris@rhone.pref.gouv.fr , 04 72 61 62 52
Si les préfectures ont fermé certaines boites mails, il est toujours possible de leur écrire à courrier@
Fax ministère Hortefeux : 01 77 72 61 30 et 01 77 72 62 00 Standard 01 77 72 61 00
Conseiller du ministre : patrick.stefanini@iminidco.gouv.fr
Directeur de cabinet : thierry.coudert@iminidco.gouv.fr
Directeur-adjoint : guillaume.larrive@iminidco.gouv.fr
Conseillers techniques : sabrina.belkhiri-fadel@iminidco.gouv.fr et
geoffroy.didier@iminidco.gouv.fr
Matignon : http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/premier_ministre/ecrire
Elysée : http://www.elysee.fr/ecrire/index.html
Maxime Tandonnet (conseiller immigration) maxime.tandonnet@elysee.fr
Mireille Peloux Pour RESFRhone 06 31 11 24 29 - 06 81 51 81 44
2) From : Yves Scanu To : Liste de discussion du réseau éducation sans frontières
Sent : Wednesday, July 16, 2008 12:26 AM
Subject : [Resf] C’est le retour des rafles à Saint-Etienne
Suite à l’arrestation musclée d’une famille TCHETCHENE et à un harcèlement policier dans de nombreuses structures d’accueil d’étrangers de la ville de ST ETIENNE nous avons rédigé une pétition de protestation que nous vous demandons de bien vouloir signer et diffuser dans vos réseaux.
Harnaché dans leur tenue d’intervention "les forces de l’ordre" déboule à 6 hres du matin pour arrêter enfants, mère et père sans papiers.
Cela dépasse toutes les limites du tolérable !
MERCI DE SIGNER ET FAIRE SIGNER
http://www.educationsansfrontieres.org/?article14754
YVES SCANU RESF42
3) Lancement d’une campagne de cartes postales adressées à Carla Sarkozy à partir du dessin de Beslan, petit garçon de 4 ans enfermé au CRA de Lyon en janvier dernier.
La carte, visible sur le site http://www.educationsansfrontieres.org/, téléchargeable en haute définition. peut aussi et surtout être commandée à RESF Rhône 22 rue du Chariot d’or, 69004 LYON. Commande par paquet de 100 cartes minimum ou multiples, 10 € les cent, chèque à l’ordre de ResfRhone ; Envoyer également un mèl à resflyon@aol.com.
Le but est que l’Elysée en reçoive le maximum. L’expérience montre que les gens ont tendance à conserver leur carte, il vaut peut-être mieux les vendre (ou les donner) par 3 ou 4 ou plus.
Le courrier à destination de l’Elysée est dispensé du timbrage.
Ci-dessous le communiqué publié pour annoncer l’opération à la presse suivi du texte d’un soutien de la famille qui éclaire les circonstances dans lesquelles le dessin a été réalisé.
LES 10 000 CARTES A CARLA
Cet été sera le premier passé à l’Elysée par Carla Sarkozy, femme de gauche d’un président très à droite, qui rêve de pulvériser des records d’expulsion en masse d’étrangers sans papiers. Hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, africains, latinos, asiatiques, est-européens, malades, demandeurs d’asile, femmes en danger, tout est bon à sa fringale expulsionniste. En 2007, presque 40 000 personnes sont passées par les prisons administratives pour étrangers, dont 240 enfants, certains tout petits. Beslan le petit garçon de 4 ans, auteur du dessin de la carte postale que nous dédions à Madame Sarkozy, a été enfermé à Lyon en janvier et février 2008 avec ses parents et sa petite sœur. Son séjour à la prison pour étrangers St-Exupéry a inspiré le dessin suivant au Petit Prince martyrisé par la république sarkozienne.
C’est un fait, terrifiant : ce dessin n’est pas celui d’un enfant traumatisé lors de guerres du passé, ni dans un des conflits qui déchirent aujourd’hui des contrées lointaines. Il est celui d’un enfant de 4 ans enfermé en janvier 2008 dans une prison administrative française, gardée par la police française, sur instruction précise et chiffrée de préfets, de ministres et d’un président de la république française.
Nous ne voulons pas croire que de tels faits laisseront indifférente Madame Sarkozy, femme qui se dit épidermiquement de gauche, mère d’un enfant un peu plus âgé que Beslan. Nous invitons toutes celles et tous ceux qui le jugent utile à adresser cette carte postale à Madame Sarkozy avec quelques mots de commentaire au palais de l’Elysée (dispense de timbrage).
* * *
Ci-dessous un texte d’un des soutiens de la famille de Beslan qui dit les circonstances dans lesquelles le dessin a été produit et ci-joint la carte postale que nous invitons à adresser à Madame Sarkozy.
LES CAGES DE LA REPUBLIQUE
Beslan a 4 ans. Beslan est arrivé en France en 2006 avec ses parents et sa petite soeur. Malgré les refus successifs de l’OFPRA de leur accorder l’asile qui les mettrait à l’abri de la répression russe en Tchétchénie, ils sont restés dans notre pays. Ils avaient foi en l’Europe démocratique et en la Patrie des Droits de l’Homme. Après une courte tentative infructueuse de refuge en Belgique, ils sont revenus et ont été arrêtés en France, puis enfermés (pardon, retenus !!) au centre de rétention administrative de la zone aéroportuaire Saint-Exupéry (Lyon).
Comme tous les petits garçons de son âge, Beslan a besoin pour grandir de développer ses rapports aux autres et aux objets qui l’entourent. Pour accompagner cette découverte de la réalité de l’espace et de l’humanité du temps, notre époque dite moderne et innovante n’a pas encore trouvé mieux que l’école maternelle de la République et quelques outils simples (feuilles de papier, crayons de couleurs, peintures, cubes, aquarium, bouts de ficelles). Dans le CRA de Saint-Ex, enclos grillagé au milieu d’une zone technique à deux pas du tarmac qui attend les expulsés (pardon, les reconduits !!), c’est la classe maternelle qui manquait le plus à Beslan, dont on l’avait privé en obligeant ses parents à l’errance hexagonale.
A défaut de structure scolaire, des lots de feuilles et de couleurs permettaient à Beslan d’occuper par le dessin l’aridité de ses journées dans la morne cellule vidéosurveillée où ils étaient confinés « en famille ». A défaut de petits copains de maternelle, Beslan dessinait ses rêves de petit garçon. Pas le rêve au sens d’une projection de ses désirs. Plutôt de ces rêves nocturnes faits de vide ou d’étouffement, grilles de lecture d’un quotidien qui nous dépasse.
Grille. C’est malheureusement le mot. De tous les dessins de Beslan accumulés pendant les 27 jours de rétention de la petite famille, il en est un qui bouleverse et révulse. Deux adultes et deux enfants dans une cage. Grisaille. Dans un angle de la grille, une caméra. Noire. Hors de la cage, en haut à droite, un soleil. Orange sanguine. Sous la cage, une bande verte. Comme une envie de pelouse. Nul besoin de commentaire composé. Le dessin parle de lui-même.
Noirceur du nid-cage. Lumières colorées d’une terre d’accueil.
La caméra est omniprésente. Dans le dessin comme dans la « vraie » vie offerte à ces enfants par MM Sarkozy et Hortefeux sous tant de regards détournés. La caméra, reflet du temps de l’indiscrétion numérique, outil de surveillance et de médiation obligée avec les gardiens. Une caméra entre Beslan et le soleil.
Dans ces centres insipides et ternes, on perd facilement tout espoir et envies. Enfin pas tout à fait. Certaines envies ne vous oublient pas. Pendant leurs sorties quotidiennes à l’air « libre » d’une cour grillagée, le Papa de Beslan devait approcher de la caméra une feuille tracée d’un malhabile « TOILET » lorsqu’un enfant était pris de ces besoins pressants qu’on leur apprend à maîtriser. Une caméra les avait en permanence à l’oeil électronique. La caméra entre Beslan et le soleil.
Le dessin bouleverse par la révélation des images qui peuvent hanter un si petit Beslan. Mais le dessin révulse surtout par l’inhumanité révélée de ceux qui, cyniques et arrogants sous couvert de bonne conscience imbécile, nous entraînent petit à petit dans le chaos en détricotant tranquillement des décennies de laborieuses conquêtes morales.
L’institutionnalisation de la plus petite parcelle d’inhumanité est le début de la pire des barbaries. L’inhumanité qu’on formalise par des décrets qu’on oblige ensuite des fonctionnaires à appliquer. Pendant ce temps, l’Europe aseptisée légifère et interdit la fessée. Mettre un enfant en cage est inhumain.
La famille de Beslan est toujours sans papiers. Malgré le réseau de solidarité qui les protège et leur a trouvé une école, ils vivent dans la terreur permanente d’être repris. De retourner dans une cage de MM Sarkozy et Hortefeux.
Mettre un enfant en cage est inhumain.
Beslan a 4 ans.
Philippe Vuaillat / Juin 2008
4) Clôture de la souscription en faveur des ex-retenus de Vincennes. Communiqué RESF. Et merci aux très nombreuses personnes qui ont envoyé leur chèque ou procédé à un versement électronique.
15 juillet 2008
LA POPULATION SOLIDAIRE SUPPLEE L’IRRESPONSABILITE ET L’INHUMANITE DES AUTORITES
Une collecte avait été organisée pour financer le retour des ex-détenus de Vincennes déplacés vers des prisons administratives pour étrangers de province suite à l’incendie le 21 juin de la plus grande prison administrative de France. La somme de 3475 € a été recueillie à ce jour.
Sur les 231 étrangers évacués de Vincennes au moment de l’incendie, 2 ont été expulsés, 48 étaient encore emprisonnés le 10 juillet, les autres ont été libérés dans des conditions presque aussi scandaleuses que celles dans lesquelles ils avaient été arrêtés puis transférés.
En effet, alors que toutes leurs affaires avaient brûlé et que pour la quasi-totalité d’entre eux, ils n’avaient pas un sou en poche, les ex-détenus libérés ont été abandonnés dans des villes distantes de plusieurs centaines de kilomètres de leur domicile : Oissel (Rouen), Lille, Nîmes.
Alertées par des militants du RESF choqués de cette situation, les préfectures ont eu un silence méprisant et arrogant pour toute réponse. Là où la préfecture de police de Paris, responsable de la prison administrative de Vincennes, avait trouvé en quelques heures des centaines de places de train et d’autocar, des centaines de véhicules de police et probablement près d’un millier d’hommes pour assurer le transfert des détenus, elle n’a trouvé ni un centime, ni même un mot pour ceux qu’elle était contrainte de libérer et qu’elle abandonnait à des centaines de kilomètres sans même le pécule et le bon de circulation donné aux détenus de droit commun libérés. La grande classe !
Il se trouve heureusement dans ce pays des gens ordinaires, qui n’ont ni la casquette ni la morgue de certains préfets pour faire ce que tout humain digne de ce nom devrait faire : mobiliser ses amis, collecter de l’argent et payer en urgence les billets de train nécessaires.
Les sommes grossissant vite, il a été décidé de lancer une souscription publique pour rembourser les donateurs. En quelques jours, les chèques ont afflué, couvrant largement les frais engagés, des gestes qui devraient être reçus comme des gifles par les préfets et les ministres concernés. La souscription en faveur des ex-retenus de Vincennes est donc close.
Le RESF n’ayant pas les moyens d’organiser en permanence la solidarité matérielle avec les étrangers libérés, la somme qui dépasse les frais de remboursement des billets des ex-retenus de Vincennes sera remise à la Cimade pour contribuer à son action en faveur des étrangers détenus dans les prisons administratives.