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lettre ouverte au président des victoires de la musique

Publie le samedi 26 février 2011 par Open-Publishing
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Monsieur le Président,

selon des rumeurs ébruitées sur divers média radiophoniques, il serait, semble-t-il question de décerner une victoire "honorifique" au groupe Indochine, lors d’une prochaine cérémonie des Victoires de la Musique.
A supposer qu’une telle récompense puisse être attribuée, il serait compréhensible qu’elle le soit à un artiste ayant contribué à l’évolution de la musique ou au rayonnement culturel de notre pays par une carrière riche, et non à un interprète de variété sirupeuse à textes infantiles et mal écrits, qu’on récompenserait pour le seul mérite d’être là depuis 30 ans, comme un vieux meuble inutile qu’on aime bien par nostalgie. Mais laissons ces considérations culturelles ; il y a plus grave.

Depuis plusieurs mois, des témoignages et documents disponibles sur internet mettent en cause la responsabilité morale du chanteur d’Indochine dans le décès du guitariste et compositeur Stéphane Sirkis. Aussi, informée sur le calvaire vécu par Stéphane Sirkis durant les dernières années de sa vie, et la façon monstrueuse dont on l’a poussé à bout avant d’exploiter l’émotion suscitée par sa disparition, à la seule fin de relancer la carrière solo d’un homme déguisé en groupe et faire la promotion de ses disques, une bonne partie du public s’est détournée d’Indochine.
On dit que le groupe rajeunit son public. Et pour cause : les anciens fans qui ont connu le premier groupe Indochine et compris ce qui s’est réellement passé en son sein désertent les concerts. La campagne médiatique de complaisance qui sévit, par une surabondance des biographies à l’effigie du chanteur et un matraquage radiophonique proclamant Indochine "plus grand groupe de rock", n’y change rien et ne trompe plus beaucoup de monde : le public s’amenuise et certains média, plus sérieux que d’autres, font à présent écho à la vérité. Sordide est la façon dont le chanteur et les quelques biographes et journalistes de son entourage tentent de s’en défendre, en salissant la mémoire de Stéphane Sirkis, qu’on fait passer pour un bon à rien dépensier et toxicomane, unique responsable de sa mort. C’est simpliste, grossier, et indécent. Et ça ne suffira certainement pas à persuader ceux qui se souviennent de l’homme généreux et du musicien talentueux qu’il était.

On peut bien sûr objecter que la moralité d’un artiste ne concerne en rien la qualité de son œuvre, et que Céline était un très grand écrivain. Mais dans le cas présent, sachant l’irritation que provoque l’insistant matraquage médiatique pro-Nicola Sirkis, vous pourrez aisément comprendre le raz-le-bol d’une partie du public et du monde musical, dont je suis. Et aux vues des responsabilités que vous exercez, il me semblait opportun de vous en faire part.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sincères salutations.


Christophe Sirkis

à

Monsieur Olivier Lacourt, Président
Victoires de la Musique
3, rue Clairaut
75017 Paris

Vendredi 5 février 2010

Cher Monsieur,

Je souhaiterais que l’équipe des Victoires de la Musique, les organismes associés, le jury soient correctement informés de ce qui suit.

Il est annoncé par voie de presse et d’internet qu’en 2010, le « Groupe Indochine » sera plébiscité une nouvelle fois par les Victoires de la Musique.

Un succès pour être total se doit d’être obtenu avec honnêteté et autant que possible un minimum d’intégrité morale. Il me semble que c’est loin d’être le cas ici, et le public à le droit d’en être informé. La médiatisation de Nicolas Sirkis depuis 1999 repose sur l’exploitation du décès prématuré de notre frère Stéphane Sirkis. Ce dernier était membre du groupe Indochine original. Le décès est intervenu quelques jours après que Nicolas Sirkis l’ait contractuellement évincé de ce qui restait de la formation à l’époque.

J’ai publié une biographie en février 2009, pour ne pas laisser cette histoire se dissoudre dans les méandres parfois douteux des communications promotionnelles et autres publireportages de complaisance. Cet ouvrage en expose précisément le contexte et rétablit la vérité sur l’origine de ce qui est appelé aujourd’hui « groupe Indochine ». En cours d’écriture, les avocats de Nicolas Sirkis sont intervenus auprès de l’éditeur pour tenter de faire interdire la publication de ce travail. N’y parvenant pas, les médias ont été énergiquement sollicités pour dénigrer ma démarche et certains journalistes s’y sont appliqués afin de dissuader le public de s’intéresser à mon témoignage. Ecrire un tel ouvrage, au risque d’endosser un rôle difficile, n’est pas anodin. J’ai toutefois décidé de le faire et de persévérer pour les raisons suivantes :

1°) Stéphane Sirkis a été gravement abusé par son frère jumeau tout au long leur collaboration au sein du groupe Indochine. Cette situation aboutissant à une incroyable disproportion de leurs conditions respectives car en 1994, Stéphane était presque à la rue, sans revenus, sans couverture sociale, sans couverture médicale, alors que Nicolas disposait de moyens plus que confortables. Tous deux exerçaient pourtant au sein du même groupe, s’y partageant le travail.

2°) Stéphane étant souffrant, ceux qui, comme moi, ont tenté de lui porter secours se sont heurtés à une opposition radicale de Nicolas Sirkis en ce sens. Cela interdisant toute coordination efficace en vue de la thérapie qu’il était indispensable de mettre en place. Nicolas Sirkis avait en fait besoin de Stéphane auprès de lui à ce moment là pour conforter sa carrière. Le départ en 1995 du compositeur de tous les succès du groupe, et créateur de son identité musicale, a pour origine ce constat : Stéphane n’était pas en état physique ni moral de monter sur scène. On lui faisait pourtant croire que son salut en dépendait.

3°) En janvier 1999, un contrat a été mis au point entre le « groupe Indochine » et la firme Double T. Stéphane Sirkis en était exclu. Il est décédé quelques jours après avoir appris cette manigance organisée à son insu alors qu’il se trouvait en convalescence après une récente hospitalisation. Ce contrat signé le 26 février 1999 en atteste. Stéphane est décédé le 27.

4°) En 1999, quelques semaines après le décès de Stéphane, Nicolas Sirkis, conforté par une stratégie montée de longue date, a relancé sa carrière, s’est approprié le nom Indochine, et a exploité de façon on ne peut plus flagrante le décès de notre frère Stéphane, le back catalogue composé par un autre et le nom du groupe dont il n’était que le chanteur/auteur des textes. La campagne de communication reposant principalement sur un appel à la compassion en direction du public et des médias qui, du fait du décès de Stéphane, ne devaient plus se montrer critiques envers Nicolas et « le groupe ».

En dépit du succès que peut rencontrer à ce jour une telle démarche, elle n’est en réalité qu’une carrière solo non avouée à laquelle Nicolas Sirkis aspirait depuis toujours. Il faut savoir que le recours au nom Indochine dans un tel contexte est une scandaleuse supercherie. Cette dernière a fonctionné grâce à l’usage de procédés mensongers visant à berner le public en regard de l’histoire de la formation originale, et surtout envers le respect le plus élémentaire qui est du à un proche décédé. La pseudo « adoption » artistique par Nicolas Sirkis de Lou, la fille de Stéphane, n’est qu’un de ces procédés parmi d’autres tous aussi sordides, sachant que la jeune fille est détentrice par héritage d’1/3 du nom Indochine. Le 3ème tiers appartenant au compositeur (dont il faut saluer le silence). Cela n’empêchant pas le dépôt et la revente de la marque Indochine à plusieurs reprises en son nom propre par Nicolas Sirkis depuis le décès de notre frère.

Cautionner la démarche de Nicolas Sirkis en la plébiscitant pourrait s’avérer une initiative honorable pour qui n’est pas informé de ce contexte. La cautionner et la plébisciter en toute connaissance de cause est un cas de figure que je laisse à votre appréciation. Si le public adhère actuellement à l’illusion créée, c’est bien parce qu’ il est berné et parce que les médias musicaux lui cachent la vérité. Cette dernière est à ce jour difficilement contestable, en raison de l’existence d’une quantité d’éléments concrets.

Bien à vous.

Christophe Sirkis
http://starmustang.net/story.html

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