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lutter contre le CPE : engager la dynamique !

Publie le mardi 21 février 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Jeudi 9 Février, lors de la réunion du syndicat :

Je faisais l’observation que la CGT me semble un canard sans tête, allant dans toutes les directions. Et ensuite, j’ai précisé que la tête était ailleurs, préoccupée par la mise en oeuvre d’une politique de fond dont elle seule connait et décide l’orientation, par dessus les militants de la CGT.
J’en veux pour preuve le "syndicalisme rassemblé", où l’on fait alliance avec les pourris de la CFDT en connaissance de cause ; comme exemple, je citais la bataille de 2003 sur les retraites.
Le 6 janvier 2003, l’intersyndicale des confédérations faisait une déclaration commune un peu fourre-tout et surtout très ambigue. Le 7 janvier, Chérèque faisait une déclaration au nom de la CFDT qui prenait le contrepied de la déclaration du 6, et annonçait très clairement ce qui allait être la "trahison" du 15 mai.
La confédération CGT a pendant plusieurs mois entraîné les militants dans une union dont on savait pertinemment qu’elle était de façade.
Les militants ont été entraînés vers des journées espacées, isolées, sans perspective de lutte dure, dans une stratégie d’union paralysante.

Le meeting de Marseille a été l’apothéose d’une contestation inorganisée, où Thibault s’est vu reprocher de ne pas appeler à la grève générale. Les rôles étaient bien partagés, le faux-cul de Blondel appelant, lui, à cette grève sachant qu’elle n’était plus réalisable. Que dire de cette lutte qui a fini en eau de boudin...par une pétition ! C’est lamentable !

L’année 2004, année de la réforme de l’assurance maladie, n’a pas vu non plus de mobilisation de la CGT, mais des campagnes d’information sur les "propositions" de la CGT. On croit rêver ! Si cette explication était naturellement nécessaire, il est inacceptable qu’elle ait pris la place de la grève !

Les combats de la SNCM et de la RTM : on les connait, puisqu’ils ont été largement couverts par les médias, et que j’ai incité à plusieurs reprises à la solidarité financière.

Je ne disserterai donc pas sur les évitements de notre centrale.

Le 4 octobre mérite que l’on s’y arrête un peu : une fois de plus, une journée intersyndicale, sans aucune suite. On s’est laissé balader par Chérèque ! Et comme la CFDT a laché immédiatement, on est resté sur une mobilisation avortée, malgré les indications de thibault semblant appeler à la poursuite du mouvement. Où l’on aurait pu croire à une lutte d’envergure contre la casse sociale de ce gouvernement, on est resté sur quelques déclarations ronflantes.

L’accord Unedic est aussi à marquer dans les annales. Si les camarades de la condédération ont fait un travail formidable sur les propositions concrètes de la CGT, on n’a pas vu nos instances essayer de mobiliser les militants et salariés sur cet enjeu majeur. Le résultat, on le connait : un recul social extrèmement grave.

Voila maintenant la même alliance à propos du CPE, avec les mêmes ambiguités, et les mêmes freins ! On sait depuis le début que la CFDT ne veut pas de la grève, alors on n’en fait pas ? On se plaint qu’il n’y ait pas de concertation ni de négociation avec le gouvernement ? C’est trop fort !

J’avais écrit un jour que si le gouvernement négociait pour rétablir l’esclavage, la CFDT négocierait le poids des chaines. Il semble que parfois l’on puisse en dire autant de la CGT !

Je crains que l’on soit sur la pente graisseuse du réformisme syndical à la CFDT : négocier et signer, se servir de la masse des syndiqués uniquement sur quelques points de blocage ; c’est exactement la ligne suivie ! (telle que je la perçois : j’espère donc avoir tort) de la CFDT.

L’enjeu est pourtant majeur ; après les ordonnances d’août 2005, le CNE, c’est tout le code du travail et le CDI qui est progressivement remis en cause. On ne peut de contenter de demander des "négociations". Il faut se battre contre la casse sociale.

Le communiqué commun des organisations syndicales prévoit une manifestation le 7 mars, à la fin des vacances scolaires de toutes les zones. C’est bien mais insuffisant ! Cela ne fera pas reculer le gouvernement. Il nous reste un mois pour faire monter la lutte : elle s’engage dans la durée. Souvenez-vous du CIP en 1994. Le texte avait été voté, et pourtant il a été abrogé après plusieurs mois de lutte. On peut donc gagner, si nous en avons la volonté. Encore faut-il engager la bataille !

Je suis totalement d’accord pour dire qu’il faut aboutir rapidement à la grève des salariés.

Néanmoins, le constat pessimiste que j’ai établi précédemment ( à propos des manifestations du 7 et du 9 février, la mobilisation des étudiants et lycéens est encore faible) est à prendre en compte, sérieusement.

J’ai précedement écrit qu’il était illusoire, si ce n’est contre-productif d’appeler aujourd’hui à la grève générale.

Il faut impérativement inciter les salariés à manifester avec les étudiants/lycéens, faire connaitre le soutien que le syndicat apporte à la lutte, mobiliser les salariés d’une façon ou d’une autre ; en résumé, faire de l’agitation pour inciter à la lutte.

Mais un mouvement se construit, et il appartient à la confédération de fixer un objectif clair, de la convergence des luttes, avec des échéances.

Il est du devoir des militants de base d’exiger de la direction confédérale la fixation d’un objectif rapide de lutte convergeant vers la grève généralisée.

Dans ce cadre, les UL et UD pourraient déterminer les formes de la lutte, tenant compte des réalités pratiques locales et appeler à la grève quand elle est possible.

On sait que la lutte des étudiants/lycéens a un tempo et un mode d’action différents de celui des salariés.

Il nous appartient, militants CGT, d’appuyer par tout moyen possible leur lutte, de manifester avec eux quand c’est possible, d’appuyer et de l’amplifier par la grève dès qu’elle sera possible.

Nécessairement, il nous faut établir les conditions de convergence, non seulement de principe -celles là sont acquises- , mais en pratique, ancrées dans la réalité des salariés.

Cela demande du temps : il ne peut être question de crier "grève", "grève générale", qui serait je pense une façon de se dédouaner à bon compte, mais d’amener chaque salarié à considérer que cette lutte est aussi la sienne : alors, enfin, nous aurons construit ensemble l’objectif comun : ensemble pour abolir le CPE, le CNE, les "Contrats Vieux" et autres régressions sociales majeures. On a un peu de temps d’ici le 7 mars, il ne faudrait pas que l’on reste les bars croisés.

Je propose de faire un projet de courrier, qui pourrait devenir la position du syndicat, qui serait communiquée à l’UL, à l’UD, à notre FD, à la conf, et aux militants interpro de la région demandant aux camarades de l’UL et de l’UD de coordonner la lutte, allant jusqu’à la grève

fraternellement

Patrice Bardet, militant Ufict-CGT, CRAM Nord Picardie


remarque :
 ce message a été envoyé à tous les syndiqués de la CRAM le 13 février , et ajourd’hui au réseau de militants interpro
 d’autres syndicats ou militants font pression dans le même sens
 l’UD du Nord semble inciter à la grève

à suivre donc !

Messages

  • "J’avais écrit un jour que si le gouvernement négociait pour rétablir l’esclavage, la CFDT négocierait le poids des chaines"
    C’est exellent !

    Je suis d’accord avec toi Patrice. Je voudrais revenir sur le concept de "syndicalisme rassemblé".
    Je ne parviens pas à comprendre pourquoi la direction de notre confédération tend à faire du rassemblement coute que coute un objectif supérieur.
    Bien sûr l’union la plus large dans la lutte est evidemment souhaitable. Mais il faut ouvrir les yeux : nous avons en face de nous (et certainement pas "à nos cotés") la CFDT, c’est à dire ce qui se fait de pire en matière de collaboration de classe et de trahison.

    Nous ne devons rien attendre de la CFDT et certainement pas faire participer Chérèque à nos réflexions idéologiques, tactiques et stratégiques. Alors que Thibault claironnait à qui veut l’entendre qu’il y aurait des suites à la fameuse journée du 4 octobre, c’est Chérèque qui a sifflé la fin de la récréation et la CGT est rentrée dans le rang. A quoi a servi cette journée du coup : a rien et nous savons que mobiliser pour rien et sans perspectives est touours néfaste et rend plus difficile les mobilisations ultérieures. On aurait dit que la CFDT en refusant de poursuivre ce mouvement (mais qui pouvait franchement s’en étonner ?) avait décidé pour tous les syndicats ....

    Croyez-vous reellement qu’il soit possible de se rassembler avec la CFDT ? Oh bien sur très localement, il doit être possible de lutter avec des céèfdetistes. Mais au delà ? Y a t’il encore suffisament de points de convergences entre la CGT et la CFDT pour permettre un rassemblement ? Je ne le crois pas. Le récent soutien de la CFDT à la directive Bolkestein confirme que ce syndicat a adopté la mise en concurrence des travailleurs et ne cherche qu’à l’encadrer.

    Peut-etre est ce un peu violent mais l’impression que me donne la confédération c’est qu’elle cache sa démission ou son désarroi idéologique derrière des faux semblants comme le "syndicalisme rassemblé" !

    Jips
    (délégué syndical de la fédération des sociètés d’études)

    • Je suis en parfait accord avec Patrice.

      Jips, tu soulèves le point s’il existe ou pas encore des convergences avec la CFDT, mais le glissement de notre confédération prouve qu’il y en a beaucoup.

      la confédération CGT s’éloignant de plus en plus d’un syndicalisme de combat elle rejoint la CFDT, dont le réformisme est la priorité.

      Même au niveau du TCE, s’il n’y avaient pas eu nos fédérations, la confédération n’aurait pas dépareillé de la CFDT.

      Je ne citerai pas FO qui nous gonfle avec ses effets d’annonce (comme l’a souligné Patrice pour 2003) afin d’épater la galerie.

      Esteban

    • pourquoi la CGT ne travaille-t-elle pas avec Solidaires et la CNT, ça aurait de gueule, non ? (même si pour la CGT il est inutile de s’allier avec les ultras-minoritaires de Sud et de la CNT, mais faudrait savoir ! CFDT ou Sud et CNT ?)

      @llez courage et vive la lutte :-)

    • Le problème...ce n’est pas "d’avoir de la gueule"(alliance cgt cnt sud)...c’est de rassembler dans l’action le maximum de salariés , de jeune , de retraités.La réalité c’est que, malgré toute la sympathie qu’on peut avoir pour SUD,la CNT..en dehors de leurs militants..ça ne fait pas beaucoup dans la rue.(SUD dans des luttes professionnelles arrive à mobiliser:france télécom, la Poste...mais dans le privé , ils sont marginalisés...c’est encore pire pour la CNT..)
      Quant à la CGT , la réalité , qu’on le veuille ou non , c’est que, en 20 ans , sa capacité à mobiliser a baissé , en particulier dans le privé.De plus ,si depuis 20 ans le nombre de syndicats a augmenté(Sud , FSU , UNSA ...) le SYNDICALISME , tous syndicats confondus, a régressé.8% de syndiqués ! Incriminer seulement les syndicats dans la faible mobilisition , c’est simpliste.il faudrait aussi regarder du côté des salariés , de l’individualisme , du poids du chômage., de l’évolution du salariat , de la société de consommation (crédit , etc...)Pour la cfdt , la plupart des structures ont fait aujourd’hui le choix d’un réformisme mou , qui souvent flirte avec la collaboration..mais à la base dans les sections , parmi les syndiqués le CPE (comme le CNE) ne passe pas.Aujourd’hui la mobilisation des jeunes -étudiants - lycéens - peut être le tremplin d’une mobilisation plus large:la jonction avec les salariés peut s’opérer .Il faut faire un travail de fourmi , à la base, parmi les salariés, syndiqués ou pas.

    • DE LA GUEULE ET DU MUSCLE !

      Je suis d’accord avec le camarade qui ne signe (malheureusement) pas ! C’est pas le problème de dire avec CNT et SUD çà aurait de la gueule plutôt qu’avec la CFDT, etc.
      Moi je suis pour l’idée du syndicalisme rassemblé parce que je vois bien sur le terrain de mon UL que moins de 6% des salariés sont syndiqués et que selon qu’on est dans tel boîte ou telle autre on ne trouve qu’un syndicat, la CGT, ou la CFDT ou FO et même des fois que l’UNSA ou que la CGC !!!
      Alors, je pense au salarié de base qui a besoin des syndicats et qui va là où çà existe !
      Et je me dis qu’heureusement qu’il y a une stratégie du syndicalisme rassemblé pour aider à tenir le maximum de terrain avec le peu de force qu’on a !
      Les boules, c’est pas ceux qui font qui doivent les avoir, mais les autres...
      Cela dit, si la CNT et SUD sont partant, OK !!! Plus on est et mieux c’est !

      NOSE

    • ADDITIF...

      Je suis syndiqué retraité USLR/FERC-CGT...

      NOSE

  • D’accord avec toi. Jeudi dernier, nous avons participé à la manifestation à Nancy à l’appel des étudiants et lycéens. Il y a des moments où il faut prendre ses responsabilités, même si on est seul à le faire. Pas d’appel incantatoire à la grève générale (laissons ça aux anti-cégétistes primaires) mais construction d’un mouvement par appels successifs à des débrayages et journées de grèves. Mettons les salariés en face de leurs responsabilité : en 1942, sous la botte nazie, 100.000 mineurs du Nord et du Pas-de-Calais ont su se mettre en grève, et aujourd’hui on hésite à appeler à la grève de peur de ne pas être suivis. Nous (la Confédération dans son ensemble) sommes beaucoup trop timides. Je suis convaincu qu’un nombre croissant de salariés ont confiance dans la CGT (c’est d’ailleurs ce qui énerve les anti-cégétistes primaires). Nous sommes sortis du creux de la vague des années 90. Soyons offensifs à tous les niveaux (à la base, mais aussi au sommet).

    — 

    Bernard Adrian, syndiqué CGT ANPE Lorraine

    • Notre confédération se montre en effet de plus en plus frileuse. Je ne crois pas que la baisse du nombre de syndiqués en soit vraiment la cause.
      Il y a un énorme décalage entre la motivation des militants CGT, les délégués syndicaux, les gens qui se bougent au jour le jour dans les entreprises et la confédération.
      Les militants ne demandent qu’à foncer et la confédération, non.
      Idem pour l’histoire du syndicalisme rassemblé. Les militants adoptent en général une position pragmatique alors que la Confédération prône le rassemblement par principe.
      La confédération semble vouloir ratisser au centre alors que si la CGT ne se montre pas plus offensive, je ne crois pas que nous parviendrons à motiver les foules à se bouger.
      La confédération n’en fini pas de nous bassiner avec son objectif :le million de syndiqués. Des chiffres, des chiffres ! La confédération semble avoir oublié que c’est la motivation qui compte avant tout.
      Francesca
      CGT Paris