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rien ne pourra l’arrêter.

Publie le mardi 26 septembre 2006 par Open-Publishing
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J’attends l’exposé des bonnes raisons politiques que nous aurions de voter pour une candidate qui prend des positions contraires au « projet », qui divise la gauche et exploite toujours plus la stratégie électorale de rassemblement au centre qui nous a conduit à la catastrophe du 21 avril 2002. Je n’ai à ce jour entendu qu’un seul argument véritable en sa faveur : sa popularité persistante dans les sondages d’opinion.

Cet argument n’a sur moi aucune prise, car il est inconciliable avec ma conception de l’action politique. En ce qui me concerne je ne soutiens jamais un candidat ou une position politique parce qu’ils ont des chances, voire le plus de chances de gagner, mais parce que je veux qu’ils gagnent et que je mène la bataille politique nécessaire à leur victoire. N’inversons jamais la fin et les moyens. Pourquoi nous battons nous ? Pour être dans le camp des vainqueurs ? Ou pour faire gagner notre camp ?

Pour ceux qui seraient néanmoins sensibles aux sondages d’opinion, je rappelle que l’expérience comme la science politique nous enseignent qu’à partir de deux mois et au-delà d’une élection, les sondages ne nous apprennent strictement rien sur le résultat probable. Durant l’automne 2004, combien de camarades ont dit « oui » au référendum interne, parce qu’alors les deux tiers des Français disaient « oui » dans les sondages ? Des hommes et des femmes de gauche indifférents à l’écume médiatique et confiants dans le pouvoir du combat politique se sont alors mis en campagne et, six mois plus tard, les deux tiers des électeurs de gauche et 55 % des Français votaient « non ». Nous sommes aujourd’hui dans le même décalage trompeur entre l’humeur instantanée de sondés qui ne sont pas face à leur bulletin de vote et à la fin de la campagne électorale. À la fin, il se produira la même chose qu’en mai 2005. Quand Sarkozy aura eu des dizaines d’occasions de souligner les points sur lesquels il est d’accord avec Ségolène Royal, quand tous les réseaux militants de la gauche non socialiste auront fait implicitement ou explicitement campagne contre une candidate à leurs yeux inacceptable, des centaines de milliers de nos électeurs potentiels diront « non » à un PS inconsistant et illisible face à une droite consistante et limpide.

Camarades, on vous avait déjà mis en garde en 2002, puis en 2005, et l’histoire nous a donné raison. Combien de désastres seront encore nécessaires pour vous rendre à l’évidence que les mêmes stratégies erronées conduisent aux mêmes échecs ? Notre seule chance de faire gagner le projet socialiste est de susciter, à partir de la fin novembre, le même enthousiasme militant, la même volonté d’en découdre avec le néolibéralisme qui a saisi le peuple de gauche durant la campagne sur le référendum européen, a saturé les courriers électroniques et battu le pouvoir des médias. Ce peuple en sommeil attend un signe fort des socialistes pour se remettre en mouvement. Au moment même où il n’espère plus que nous aurons la lucidité de choisir un candidat qui s’engagea à ses côtés en 2005, surprenons-le. Disons-lui, en novembre que c’est maintenant que s’accomplit la promesse du 29 mai, et alors rien ne pourra l’arrêter.

Jacques Généreux

Université NPS de Saint-Nazaire, 22-24 septembre 2006

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