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Nous vivons une période particulière

Publie le mercredi 20 octobre 2010 par Open-Publishing
3 commentaires

de Jean-Paul LEGRAND

Nous vivons une période qui bouscule bien des idées reçues, que ce soit les idées de gauche ou de droite. Tout le système idéologique et politique du pays (médias, partis, institutions, dirigeants, patronat) ne comprend pas ce qui se passe ou l’interprète d’une façon tellement classique que la classe dominante a une vision qui est très déformée de la réalité. Cela risque d’entraîner un décalage très profond entre de grandes masses du peuple et les élites dirigeantes.

L’accumulation de frustrations et d’humiliations sur plusieurs années voire de décennies, l’impasse dans laquelle on emmène la jeunesse, le mépris dans lequel on maintient les gens au travail comme dans la plupart des institutions, la condescendance des dirigeants et leur admiration pour le système de l’argent, cette accumulation de coups portés à la dignité d’un peuple nous conduit à une situation explosive, peut-être les débuts d’une situation pré-révolutionnaire car la crise capitaliste n’a pas dit son dernier mot et de nouveaux séismes financiers sont à prévoir prochainement.

Ce n’est pas faute de l’avoir souligné ici, sur ce blog, depuis plusieurs années maintenant. Mais la classe des riches qui se vautre pour la majorité de ses membres dans une orgie financière dévastatrice avec ses serviteurs zélés de l’appareil d’Etat n’a que faire de tels avertissements. Elle ne "comprend" que le rapport de force et c’est ce qui est en train de se passer !

Il est fort possible qu’une dure répression soit employée par le pouvoir. Mais la répression, l’intimidation, les pressions de toutes sortes si elles peuvent dissuader un moment d’agir, ne peuvent venir à bout d’une volonté populaire qui s’est construite progressivement dans le temps. Cette lente maturation, cette transformation silencieuse de l’idéologie de millions de gens, c’est la capitalisme en crise qui en est l’initiateur, le responsable.

La classe dominante a une pensée trop mécanique ou plutôt n’a pas beaucoup de choix pour arriver à juguler de tels phénomènes : je crois qu’elle va choisir la violence de classe comme elle l’a toujours fait dans notre histoire.

Hélas la majorité des dirigeants des appareils syndicaux et politiques ne sont pas d’un grand secours aux hommes et femmes en lutte car ils n’ont pas préparé les gens à de telles éventualités de radicalisation du combat et de son élargissement aux plus grandes masses, la plupart ont ronrroné dans ce qu’ils appellent le "jeu social et politique", se lamentant de la faiblesse des effectifs de leurs organisations qui n’était que le résultat de leur surdité et de leur aveuglement, de leur refus d’écouter les exploités car la réalité les dérangeait trop. Un responsable syndical permanent disait il y a quelques jours sur un ton ironique "si ça continue, nous les bureaucrates on aura plus grand chose à faire, ils vont nous retirer le pain de la bouche" en parlant de tous ces gens qui se mobilisent et qu’on n’avait jamais vu auparavant. Des gens totalement déterminés, prêts à aller loin , très loin si il le faut et qui semblerait-il sont en train de s’organiser un peu partout dans le pays.

Tous les observateurs sérieux reconnaissent qu’il se passe quelque chose d’inédit. Demain peut-être la répression qui risque de s’abattre atténuera la multiplication des actions. Le pouvoir capitaliste a-t-il encore le choix ? Jouer la carte Sarkozy jusqu’au bout semble être sa décision, sans doute celle qui par l’autoritarisme et la répression pourrait "calmer" leur "jeu". Mais pour les prolétaires, ce n’est plus un jeu, d’autant qu’ils sont des millions qui n’ont plus rien à perdre ou qui sont idéologiquement acquis au rejet total de ce système.

Le pouvoir sait une chose : il a déclaré la guerre de classe et il cherche l’affrontement car il est convaincu qu’il va la gagner. Il peut la gagner mais ce sera au prix de terribles destructions et il en portera l’unique responsabilité ! La meilleure des solutions c’est qu’il la perde au plus tôt, au plus vite. Et pour qu’il la perde,l’élargissement et l’unité, la créativité, la solidarité du mouvement populaire sont indispensables. Qu’il la perde pour que le pays retrouve la sérénité et la confiance dans ceux qui le font fonctionner. Pour cela il n’y a qu’une voie, celle que le peuple devienne celui qui décide vraiment afin qu’il exerce une souveraineté qui jusqu’ici lui est refusée comme l’a montré la honteuse annulation de son vote de 2005 contre la constitution capitaliste de l’Europe.

Messages

  • article interessant,
    un bémol : arretez de dire : crise du capitalisme :
    il n’y a pas de crise ... nous vivons le vie du
    fonctionnement du capitalisme, des plans du
    capitalisme, des décisions du capitalisme...

  • Ton analyse me convient ...Mais il ne faut pas oublier que la crise du capitalisme occidental est lié à l’émergence sur le marché mondial des bourgeoisies asiatiques,sud-américaines et même africaines dans la concurrence . La bourgeoisie anglo-saxonne et européenne est obligé de baisser le coût du travail pour être concurrentielle , d’où cette crise qui s’accélère ,libérée par la chûte de l’URSS et du pouvoir soviètique.

    Le réveil des peuples européens, habitués à un certain niveau de vie, peut enclencher de nouveau un cycle "révolutionnaire de l’histoire" comme en Amérique latine . Cela demande de la créativité, de l’imagination pour les militants révolutionnaires. La grande bourgeoisie isolée dans sa tour d’ivoire mondial ne peut contrôler 7 milliards d’individus , l’exemple afghan qui tient en échec l’armée américaine malgré la collaboration des élites afghanes est éclairant et permet d’en démontrer sa faiblesse malgré les drones et le dollar.

    La bourgeoisie française qui a choisi l’équipe Sarkozy pour conduire une politique de réduction du coût du travail accéléré face à la concurrence mondialisée du système capitaliste est divisée car tout le monde ne va pas au jack-pot financier. La social-démocratie est en crise et tiraillée dans sa collaboration de classe car elle s’aperçoit qu’elle n’a plus de "grain à moudre" si par "bonheur-malheur" elle revenait au pouvoir par le succès électoral . Cette phase historique de crise aigüe du capitalisme permet aux idées communistes d’alternative sociétale de refaire surface après l’échec soviètique . A nous de démontrer aux peuples que nos idées sont fiables et capables de sortir le peuple du marasme économique dans lequel nous précipite le capitalisme en fin de parcours.

    La répression-violence du pouvoir démontre sa faiblesse idéologique et ne peut faire peur qu’aux vieux et vieilles grabataires qui ne votent plus. La génération de retraités actuels a connu 68 et ne renforcera pas le camp des "peureux" . Je ne crois pas à l’élection de peur de 68 car Sarko n’est pas De Gaulle et l’instabilité sociale est dramatique pour les nouvelles générations qui ont tout intérêt à foutre en l’air le système. Les manoeuvres du pouvoir la classe ouvrière les connaît par coeur et la guerre civile qu’espèrent nos bourgeois , si elle se déclenche par malheur , ne leur sera pas favorable . Au contraire elle accélèrera leur chûte .

    Le temps de venger la Commune de Paris approche et ce n’est que justice face à l’histoire sanglante du pouvoir de la bourgeoisie.

    Bernard SARTON , section d’Aubagne

  • Pour abonder, ce qu’il faut savoir c’est que les intellectuels (certains d’entre eux) ont détectés depuis longtemps déjà ces graves dérives autocratiques des élites en général. Des personnes souvent rattachées de près ou de loin au PS et à la CF ?T ....c’est dire l’autisme et l’aveuglement de ces organismes à ce réformer eux mèmes alors qu’ils voudraient l’imposer aux autres ...

    Ceci dit, la perte d’adhésion dans les structures syndicales n’est pas à mettre au seule compte des uniques centrales syndicales, meme si cette dérive en à favorisée la main mise de ces confédérations par des apparatchiks libre de mouvement, le travail de sape idéologique par les médias en à fait son principal ouvrage de propagande, et là il faut se rappeler de la privatisation de TF1 et de l’entrée magistrale de Berlusconi sur le PAF ...par l’usurpateur Mitterand et consorts .....


    Pierre Rosanvallon Collège de France Amphithéâtre Marguerite de Navarre 11, place Marcelin Berthelot 75005 Paris

    C’est l’élection qui fonde en démocratie la légitimité des gouvernants. Le caractère démocratique d’un pouvoir est ainsi lié avec évidence à son origine, c’est-à-dire à ses conditions d’établissement. Mais les gouvernants légitimes ont simultanément souvent été accusés de rester prisonniers d’une logique partisane et de n’être que de forts infidèles représentants de l’intérêt général. D’où, sous toutes les latitudes, la recherche d’institutions et de procédures démocratiques reposant sur des critères plus exigeants de légitimité que ceux de la simple consécration électorale . Le cours sera consacré à faire l’histoire de cette recherche de mise en forme non-électorale de l’idée de volonté générale, depuis le XIXème siècle, et à en présenter les développements les plus contemporains. Deux grands domaines seront successivement abordés. On explorera d’abord les différents projets de mise en place d’ « institutions de la généralité » dans les régimes démocratiques. On examinera ensuite les qualités politiques des gouvernants considérés comme productrices de légitimité par les citoyens.

    Ou encore.

    La contre-démocratie La politique à l’âge de la défiance Pierre Rosanvallon

    Collection Les livres du nouveau monde Éditions du Seuil, Paris 2006.

    « L’idéal démocratique règne désormais sans partage mais les régimes qui s’en réclament suscitent partout de vives critiques. L’érosion de la confiance dans les représentants est ainsi l’un des problèmes majeurs de notre temps . Mais, si les citoyens fréquentent moins les urnes, ils ne sont pas pour autant devenus passifs : on les voit manifester dans les rues, contester, se mobiliser sur Internet... »

    Pour comprendre ce nouveau Janus citoyen, cet ouvrage propose d’appréhender les mécanismes d’institution de la confiance et l’expression sociale de la défiance comme deux sphères et deux moments distincts de la vie des démocraties. L’activité électorale-représentative s’organise autour de la première dimension : c’est elle qui a été classiquement étudiée. Mais la seconde n’a jamais été explorée de façon systématique.

    C’est à quoi s’attache Pierre Rosanvallon en proposant une histoire et une théorie du rôle structurant de la défiance dans les démocraties. Ce renversement radical de perspective conduit à explorer un continent politique longtemps inaperçu : celui de la « contre-démocratie ». Cette dernière résulte d’un ensemble de pratiques de surveillance, d’empêchement et de jugement au travers desquelles la société exerce des pouvoirs de correction et de pression.

    À côté du peuple-électeur, elle donne voix et visage aux figures d’un peuple-vigilant , d’un peuple veto et d’un peuple juge. C’est là sa vertu, mais aussi son problème. Car, à trop valoriser les propriétés de contrôle et de résistance de l’espace public, elle peut aussi faire le jeu du populisme et de l’« impolitique », entravant la formulation positive d’un monde commun ».

    Note Wikipédia : (P. Rosanvallon) a été successivement permanent syndical de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), membre du Parti socialiste unifié (PSU) puis du Parti socialiste.