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TV REALITE : "QUI VEUT GAGNER UN TRAVAIL ?" & "QUI VA ETRE LICENCIE ?"

Publie le mardi 8 mars 2011 par Open-Publishing

La chaîne italienne La 7 met en concurrence trois candidats pour décrocher un CDI.

"Qui veut gagner du boulot ? Cela pourrait être le nom d’une future émission à succès. Décrocher un stage, rivaliser pour obtenir un poste, espionner ses salariés... depuis le début de la crise, la télé-réalité du monde entier surfe sur l’explosion du taux de chômage pour mettre en scène le monde du travail.

Dernier pays en date à s’être lancé dans la télé-réalité de crise, la chaîne italienne La7. Elle a inauguré en grande pompe mardi le programme Il Contratto (Le contrat) dans lequel trois diplômés au chômage âgés de 32 à 39 ans s’affrontent sous l’oeil des caméras pour décrocher un poste en CDI de "télé-vendeur senior".

Mais pas question ici de télé-charité. Un job, cela se mérite et les candidats doivent faire leurs preuves. Les entretiens d’embauche sont truffés de questions pièges, les postulants doivent accomplir une série d’épreuves pour montrer leur goût pour le travail en équipe, leur résistance au stress et leurs capacités. Côté ambiance, pas de problème : le contexte économique morose, l’augmentation du taux de chômage et les plans de licenciements massifs se chargent de faire monter la pression. Et pour corser le tout : ils habitent tous les trois dans la même maison le temps de leur formation. Sept autres épisodes ont été enregistrés.

Gagne ton stage chez TF6

En France, le précurseur du genre est TF6 qui vient de diffuser "Mon stage de rêve". Quatre jeunes se sont affrontés pendant une semaine pour avoir le droit... de rester dans l’entreprise se former. La chaîne du satellite n’a pas voulu communiquer sur la durée du stage et l’indemnité reçue par le gagnant. Elle refuse également d’assimiler ce programme à de la télé-réalité : "Ces émissions sont des docu-réalités car il n’y a rien à gagner, assure-t-elle. Notre rôle est simplement de mettre en relation des jeunes qui cherchent un stage avec des entreprises prestigieuses mais nous ne leur promettons pas qu’ils vont le décrocher...". Pourtant, tous les codes de la télé-réalité sont réunis : pendant quatre jours, les futurs stagiaires sont soumis à une série d’épreuve et sont évalués par un jury -constitué du directeur de l’entreprise et de ses assistants. Les aspirants stylistes ont, par exemple, une heure pour réaliser un book de tendances ou relooker une personnalité. Le tout évidemment sans formation au préalable. Musique anxiogène et voix off dramatique à l’appui.

Pour François Jost, spécialiste du petit écran et fondateur de la revue Télévision au CNRS, cette nouvelle tendance s’explique par une défiance croissante envers les institutions traditionnelles. "La télévision ne veut plus être médiatrice mais actrice dans la vie des gens. On est passé d’une télé-réalité qui enferme les gens à une télé-coaching qui met en spectacle les normes de la société. Elle leur montre comment vivre, cuisiner, élever ses enfants, faire son ménage et maintenant travailler. Elle se pose en dernier recours : elle veut se substituer aux institutions classiques comme ici les organismes d’aide à la recherche d’emploi."

Patrons espions

Mais la France est loin d’être le pays le plus audacieux dans le domaine de la télé-réalité de l’emploi. La boîte de production Endemol est bien en train d’adapter l’émission britannique "Undercover Boss" -un patron d’une grande entreprise se fera passer pour un employé lambada pour pouvoir élire le meilleur salarié- mais il n’y a pas d’emploi à gagner.

"Nous avons un système de protection sociale plus développé que dans bien des pays. Lorsqu’une personne se retrouve au chômage, elle est orientée, encadrée et relativement bien protégée. La télé-réalité a donc du mal à trouver une brèche et à s’imposer. De plus, c’est un sujet très tabou chez nous qui entrainerait probablement à une levée de boucliers", assure le spécialiste des médias.

Pour embaucher John, tapez 1. Pour virer David, tapez 2.

Pour gagner un job, il faut traverser la frontière. L’Allemagne vient, par exemple, de lancer "Job Duell" dans lequel quatre candidats sont en lice pour convaincre un patron de les embaucher. La chaine suisse La Télé prépare également un projet dans lequel huit candidats seront en compétition pour décrocher un emploi de responsable de projet dans une grande entreprise.

L’émission Job Duell (en allemand) :

La palme du cynisme revient cependant à la filière américaine d’Endemol. Elle a annoncé l’année dernière qu’elle planchait sur un nouveau programme intitulé "Someone’s Gotta Go" (quelqu’un doit partir). Le principe : chaque semaine, le patron d’une entreprise en difficulté réunit ses salariés pour leur demander de désigner le prochain licencié. Pour les "aider" dans leur choix, l’employeur fournit toutes les fiches de paye, les évaluations, les notes internes... La chaine Fox est déjà intéressée par le concept. On peut d’ores et déjà se demander quelle sera la prochaine étape : voter pour savoir quelle entreprise sera délocalisée ?

L’Argentine, précurseur de la télé-réalité pour l’emploi

En 2002, au lendemain de la grande crise économique qui secoua le pays, la chaine Canal 13 a lancé l’émission Recursos humanos (ressources humaines). On suivait un groupe des chômeurs qui postulaient pour un emploi, passaient une série de tests et de formations. Les deux derniers candidats étaient départagés par les votes du public. "

http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/la-tele-realite-italienne-fait-gagner-des-cdi_896197.html