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CHINE : Une fillette renversée dans une rue chinoise sans aucune assistance (video)

Publie le mercredi 19 octobre 2011 par Open-Publishing
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Une fillette écrasée par deux camions dans une rue chinoise sans que personne n’intervienne.

C’est l’histoire épouvantable d’une fillette de deux ans, Wang Hue, qui échappe à la surveillance de sa mère, occupée à travailler dans une rue commerçante de Foshan, province du Guandong, en Chine. Et qui, par deux fois est percutée par des camions puis abandonnée dans son sang par dix-huit passants qui se détournent.

Comment expliquer une telle indifférence ? En Chine, le débat s’enflamme sur le net et dans les médias. Et chacun y va de ses explications. La plus fréquente : c’est « l’occidentalisation » de la société, le développement du capitalisme et de son corollaire, l’individualisme, qui aurait gangréné la Chine. Et si c’était trop simple ?

Un entêtement à survivre qui force au débat

Il est 17h25, le quartier grouille d’ouvriers et de boutiquiers affairés, quand Hue traverse la rue et est bientôt renversée par une camionnette. La caméra de surveillance qui filme la scène montre le chauffeur qui s’arrête, regarde sous son véhicule, puis redémarre, roule à nouveau sur la fillette et s’enfuit. Suivent alors sept minutes interminables pendant lesquelles 18 personnes passent à côté de l’enfant ensanglantée au milieu de la route, sans intervenir. Arrive alors un deuxième camion qui, de nouveau percute la fillette et disparaît à son tour.

Finalement, un éboueur ose s’arrêter, la prendre dans ses bras et la déposer sur le trottoir avant d’alerter les secours. Sa mère accourt, bouleversée. Puis la petite est conduite à l’hôpital où elle est en état particulièrement grave, mais vivante. Car malgré ses blessures, malgré l’attente invraisemblable des secours, malgré l’incroyable passivité des commerçants et des passants (on voit sur la vidéo une mère et sa propre fillette contourner le corps et poursuivre son chemin), Wang Hue ne veut pas mourir. Et son entêtement à survivre résonne dans toute la Chine comme un cri d’alarme et de honte.

Ce sont les internautes qui, les premiers ont provoqué le débat, l’indignation et les interrogations en mettant en ligne et en commentant, par centaines de milliers, la vidéo de la caméra se surveillance de Foshan. Ces commentaires tentent d’expliquer comment la société chinoise, à la lumière de ce fait-divers tragique, paraît aussi malade.

La faute de l’Occident et du capitalisme ?

La première explication est d’ordre politique. C’est la faute de l’Occident qui a servi de modèle au capitalisme débridé et qui, peu à peu, gangrène la Chine. « L’argent pourrit tout, la propriété entraîne des réflexes d’autoprotection et d’individualisme » qui trouvent leur illustration la plus atroce dans ce genre de drames, peut-on lire sur les réseaux sociaux.
D’autres internautes, relayés par les journaux et les chaînes de radio, avancent des explications à la fois plus fines et plus profondes à cette démonstration d’indifférence. Ainsi, certains avancent que la société chinoise égoïste n’est pas née spontanément des évolutions de ces dernières années. Ils évoquent un « système politique déresponsabilisant ». Un blogueur ose mettre en cause le type de société que proposent les hommes politiques :« Cette société dégueulasse n’a pas été formée en une journée. Si les gens sont égoïstes, c’est parce que le peuple n’a aucun pouvoir et donc pas de responsabilité non plus (...) Le système actuel engendre une déchéance morale totale. La Chine va ruiner sa civilisation vieille de cinq mille ans ! Qui a réduit la Chine à cet état ? Tout le monde le sait. »

De son côté, la correspondante de France-Info à Shangaï rapporte mercredi 19 octobre que « la culture chinoise joue un rôle dans cette affaire ». Dès leur plus jeune âge, les enfants apprennent de leurs parents à « ne pas de mêler des affaires des autres » pour ne pas avoir d’ennui. La police et la justice chinoise sont suffisamment arbitraires pour que les Chinois s’efforcent au maximum de ne pas tomber entre leurs griffes.

Les Chinois craignent l’arbitraire de leur justice

Plusieurs faits-divers récents ont montré qu’un geste de compassion ou de courage pouvait se retourner contre son auteur. Ainsi, ce chauffeur de bus qui, voyant à l’un de ses arrêts, une vieille dame allongée par terre, l’a ramassée et conduite à l’hôpital, avent de se retrouver... accusé et condamné par la justice pour l’avoir « renversée avec son véhicule » ! Ainsi, cet autre vieillard tombé le visage dans l’eau au milieu d’un trottoir et qui, au bout de plusieurs heures, a fini par mourir noyé parce que personne ne voulait prendre le risque de le sauver, de témoigner, et peut-être de se retrouver accusé de l’avoir poussé.

Libération confirme cette explication : « Beaucoup blâment la justice chinoise, qui souvent accuse les personnes qui se portent au secours de blessés d’être responsables de l’accident et leur impose de payer des dommages à la victime. Il est en effet plus facile de se retourner contre la seule personne présente que d’entamer une enquête longue et dispendieuse ».

La peur d’un procès. C’est la raison, raconte RTLbe, invoquée en toute inconscience par le premier chauffard pour expliquer qu’il a voulu « achever sa petite victime ». À la question d’un journaliste de la télévision locale : « Avez-vous vu que vous aviez renversé une enfant ? », il a répondu : "Oui. J’ai accéléré et fui quand j’ai vu qu’il n’y avait personne dans les alentours. J’allais aller en prison si j’étais pris", a-t-il expliqué, avant de justifier le fait d’avoir roulé à nouveau sur elle : "Je n’aurais dû payer que 10.000 à 20.000 yuans (entre 1100 et 2200 euros) en compensation si elle était morte. Mais si elle s’en sort, ça me coûtera au moins dix fois plus."

Le deuxième chauffeur, quant à lui, a voulu traiter directement avec le père de la fillette martyrisée. « Il m’a demandé de lui donner mon numéro de compte bancaire pour qu’il puisse y virer de l’argent. Il a dit qu’il n’avait pas l’intention de se laisser arrêter et qu’il ne se rendrait pas car il ne voulait pas aller en prison", a déclaré le père de l’enfant.

Depuis, les deux chauffards ont été arrêtés et la Chine s’éveille en plein cauchemar. Les réseaux sociaux s’emballent, les journaux multiplient les gros titres. Et seuls les politiques se taisent et laissent passer l’orage.

http://www.suite101.fr/news/fillette-ecrasee-en-chine-apres-lhorreur-les-questions-a32002


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