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Socrates, ce footballeur qui n’était pas pourri par le fric (video)

par Philippe David

Publie le lundi 5 décembre 2011 par Philippe David - Open-Publishing
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Comme tous les passionnés de football j’ai été peiné d’apprendre la mort de Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira plus connu simplement comme Sócrates, le fabuleux milieu de terrain brésilien décédé dimanche à Sao Paulo, d’autant plus peiné que j’ai eu la chance de le voir jouer lors d’un France-Brésil au Parc des Princes en 1981 qui restera pour toujours dans ma mémoire. Lors de ce match, Arthur Antunes Coimbra, dit Zico avait marqué le 500ème but de sa carrière et Socrates avait marqué un but magnifique en seconde période. Pour couronner le tout, Edson Arantes do Nascimento Pelé avait reçu ce soir là le titre de "champion du siècle" bref, un moment inoubliable pour le gamin de 14 ans que j’étais.

Cependant, avec Sócrates, ce n’est pas un simple footballeur qui disparaît. En tout cas pas un footballeur au sens d’aujourd’hui où le football professionnel regorge de gosses mal éduqués, incapables d’aligner deux phrases sans faire 10 fautes de français et pourris par un argent qui coule à flot.

Sócrates avait en effet passé l’essentiel de sa carrière à jouer au Brésil pour mener de front ses études tout en étant footballeur professionnel. Bien lui en prit car il devint pédiatre tout en étant capitaine de la prestigieuse équipe de Brésil de football la fameuse "Seleçao", d’où son surnom de "Doutor Sócrates" le "Docteur Sócrates".

Sócrates était également un homme de convictions. Fortement ancré à gauche, il fit inscrire sur les maillots de son club, le prestigieux Corinthians Paulista, le mot "démocratie" en plein régime militaire. Une fois sa carrière terminée, il reprit le stéthoscope et les seringues pour soigner les enfants des favelas de Sao Paulo. On est bien loin des intellectuels de gauche français "résistant" aux terrasses des restaurants étoilés du "Guide Michelin" et qui ne franchissent le périphérique que pour se pâmer devant les caméras en affirmant que "les banlieues c’est génial"…

Socrates restera en tout cas un fabuleux joueur dont l’intelligence, la technique, le collectif et la frappe de balle resteront dans les mémoires (demandez à Rinat Dasaev, meilleur gardien de but du monde à l’époque, de décrire son but sensationnel contre l’URSS lors de la coupe du monde 1982). Il sera parmi Ferenc Puskas, Johan Cruyff, Michel Platini, son partenaire Zico ou encore Marco Van Basten, un des Géants (avec un grand G) du football à ne pas avoir soulevé la coupe du monde, son équipe ayant été éliminée par un onze de casseurs en 1982 (l’Italie) et par un onze d’artistes (la France) en 1986. Le fait de ne pas avoir vu s’affronter en 1982 la France et le Brésil est à ce jour mon plus grand regret : comment ne pas rêver de ce qu’aurait été le duel des milieux Zico, Socrates, Toninho Cerezo, Falcao face à Platini, Giresse, Genghini et Tigana ? C’eût été, comme ce le fût quatre ans plus tard avec un milieu brésilien fortement modifié, une orgie de technique, de beaux gestes, du football quoi…

Il y avait, parmi les posters qui ornaient la chambre de mon enfance, un visage émacié et barbu portant un maillot jaune qui vient de s’envoler vers les étoiles. Adeus Campeao, descança em paz. Adieu Champion, repose en paix.

http://www.atlantico.fr/decryptage/socrates-football-bresil-footballeur-ancienne-pas-pourri-fric-philippe-david-238353.html


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