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DURBAN : IL EST URGENTISSIME D’ATTENDRE

par provola

Publie le dimanche 11 décembre 2011 par provola - Open-Publishing

Comme prévu, la Conférence de Durban sur le réchauffement climatique s’est contentée de botter en touche, du genre, on y arrivera pas, au moins, là -dessus, on est tous d’accord.

Depuis 1992, depuis que l’homme s’est réellement penché sur l’impact de son développement sur l’ enveloppe terrestre, la longue litanie des batailles perdues, de ce barnum sur le climat, me fait penser à ces foires de campagne et ses auto-tamponneuses, et son grand-huit, sa barbe à papa, ses barres de regliss et puis la messe du dimanche, son cirque avec les lamas qui vous crachent à la gueule et les éléphants trop bien éduqués.

Et de la fumée, beaucoup de fumée, et du vent, beaucoup de vent.

Durban aura donc été tout cela à la fois, des débatteurs fatigués par des heures sans sommeil mais ayant oublié l’heure globale dans leur poche, des éclats de voix pour rien, des colères contenues. On retire sa cravate pour faire comme si, on s’emporte, on blasphème, mais finalement on est heureux de pouvoir se retrouver dans un an… au Qatar.

Car des résultats concrets , on en voit pas, on en aura plus tard, c’est à dire quand il sera trop tard.

Alors comment a-t-on pu en arriver là ?

Il n’est pour expliquer les difficultés de ce genre de cérémonies que de relever la liste des participants. La France n’a-t-telle pas envoyé pour négocier la grande prêtresse du Grenelle de l’environnement, j’ai nommé Nathalie Kosciuko-Morizet. Celle que l’on désigne chez nous comme la spécialiste des questions écologiques n’est elle pas une sbire de De Funès, grand défenseur des mammouths de l’industrie, prophète de la croissance, de la globalisation de l’économie, du développement durable, qui veut dire développement à tout crin et durabilité de la dégradation généralisée des éco-systèmes. Envoyer Nathalie Kosciusko Morizet se pencher sur l’avenir de notre climat, c’est demander à Kadhafi de diriger l’armée du salut, c’est demander à Albert de Monaco d’inviter tous les réfugiés de Lampedusa à s’installer dans la Principauté. Ce même Prince de pacotille qui s’en est allé à Cancun pour se vêtir d’étoffe compassionnelle.

En gros, ceux qui étaient chargés de répondre à l’urgence devaient d’abord répondre à leurs propres contradictions, remédier à leur logique destructrice, redéfinir leur paradigme impliquant l’accaparement au seul profit de quelques oligarques des ressources de la planète.

En attendant, les émissions de gaz à effets de serre vont continuer de croître à un rythme inégalé jusqu’alors ou même d’exploser car la Chine a besoin de donner du travail à 22 millions de paysans de plus par an, car l’Inde est entrée dans la danse du ventre de la consommation, car le Brésil va vouloir détruire la forêt amazonienne pour produire des biocarburants, car la Russie va arroser de gaz l’Europe et découvrir de nouveaux gisements en Sibérie ou en Mer Arctique, celle-là même dégagée de sa gangue de glace, car les Etats-Unis vont se lancer à corps perdu dans l’exploitation des gaz de schistes. Car la globalisation des échanges commerciaux va accentuer la pression des transports sur la grille de lecture des déflagrations industrielles et sur la production de gaz polluants ; car l’uniformisation de la base de l’alimentation tendant vers une surconsommation de viande va faire croitre la production de méthane ; car la fonte du permafrost va multiplier les sources de méthane, gaz bien plus néfaste que le CO2 pour ses effets sur l’atmosphère.

Ce monde, aux mains des néo-libéraux depuis trente ans vire à l’aigre bien plus vite que ne le pensaient les oracles du Club de Rome au début des années 1970, la logique de l’esclavage pour la multitude et de l’ explosion des profits pour quelques uns a sur-vitaminé cette course folle matérialiste qui est la première cause de nos ennuis climatiques. Cophenague, Cancun l’année dernière, Durban cette fois, chaque fois le même constat, d’impuissance, de ruine des espoirs.

Demain, ces pantins débateurs à la sauce ketchup se retrouveront à Qatar, Qatar, pensez donc comme un symbole du dérisoire et de la perversité, là où se tiendra la future coupe du monde foot, dans des stades climatisés, au beau milieu du désert,

à 50° Celsius.