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l’innocence du capital

par hdm

Publie le mardi 25 septembre 2012 par hdm - Open-Publishing

CE MERCREDI 26 SEPTEMBRE 2012

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

Sa rage ne s’exprime pas dans le tumulte de la rue, ne sort pas de quelques yeux exorbités, et ses lèvres demeurent vierges de cette bave fanatique dont on fait les peurs qui sont les guerres de demain. Sa rage à lui, elle est silencieuse, elle est mesurée, elle est feutrée. L’oxymore est proche, qui nous donnerait à penser que sa rage est juste-milieu. Pourtant, chaque jour, c’est bien avec une rage guerrière, que le Capital détruit, pour son profit, nos emplois, nos services publics, nos droits conquis – la société. Mais cela est fait avec tant d’expertise « neutralisante », cela ressemble tant à la normalité, cela est tellement bien vendu que, finalement, cette morsure quotidienne, c’est juste le quotidien. Le nôtre.

Son dogme n’apparaît point comme religieux. Son orthodoxie est professée par des prêtres sans soutane. Ses fatwas n’agitent pas les rédactions, et la laïcité républicaine s’en accommode. Son intégrisme ne fait pas peur, il est la peur. Cette croyance que rien ne peut être fait contre lui, qu’il est l’Eternel, que sa loi d’argent est airain, cette superstition là est tellement partagée, tellement subie, qu’on y croit sans le savoir. Le Capital est son propre Paradis, sur la terre brûlée qu’il détruit – et les illusions qu’il sème ne valent pas mieux que celles des marchands de sable.

Sa barbarie, son goût du sang, ne révulsent pas le téléspectateur. Tout cela est mis en scène, sous couvert d’humanité et de compassion, et les bombes qui écrasent les lointains portent ce message civilisateur qui a déjà tant fait pour les peuples inférieurs. Ses rituels sacrificiels ne sauraient être discutés. Le Capital tue, pour son approvisionnement, pour ses marchés, pour notre bien. Et tout ça ne vaut même pas un bon fait divers…

Mettre sur le même plan cette violence sacrée avec celle des opprimés, c’est oublier qu’à la différence des religions et des nations, le Capital, lui, est réellement, matériellement universel, et que sa violence détermine celles qu’il engendre et qu’il nourrit, et derrière lesquelles il se cache.

Cette cachette où se terre le travail humain accumulé, c’est là, là où prospère le mensonge qui fait le tour du monde : l’innocence du Capital, un film permanent.

« Souillée, déshonorée, pataugeant dans le sang, couverte de crasse ; voilà comment se présente la société bourgeoise, voilà ce qu’elle est. Ce n’est pas lorsque, bien léchée et bien honnête, elle se donne les dehors de la culture et de la philosophie, de la morale et de l’ordre, de la paix et du droit, c’est quand elle ressemble à une bête fauve, quand elle danse le sabbat de l’anarchie, quand elle souffle la peste sur la civilisation et l’humanité qu’elle se montre toute nue, telle qu’elle est vraiment. » Rosa Luxemburg.

Ce mercredi, nous ferons quelques relevés météorologiques du capitalisme, en compagnie de Saïd Bouamama.

« C’est l’heure de l’mettre ! » Anonyme.