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Lettre ouverte à Yves Métaireau, Maire de la Baule

par La section nazairienne de la Ligue des Droits de l’Homme

Publie le samedi 24 janvier 2015 par La section nazairienne de la Ligue des Droits de l’Homme - Open-Publishing

Monsieur le Maire, Monsieur le Président de Cap Atlantique,

La section de Saint-Nazaire de la LDH a eu connaissance du discours que vous avez
prononcé le 10 janvier de cette année, dans le cadre de la cérémonie des vœux du
maire de la Turballe à la population.

Certains propos tenus interrogent. Ainsi, revenant sur les événements des 7 et 9
janvier derniers, vous avez affirmé : « Nous, les élus, nous sommes inquiets de
cette situation qui préfigure une guerre en France, mais comment peut-on faire
autrement quand on a six millions de musulmans en France ? La communauté musulmane a
bien du mal à s’intégrer, notre pays n’a jamais connu un 11 septembre français aussi
lourd ».

De tels propos ne peuvent que susciter l’inquiétude et conduire à l’aggravation des
situations de discrimination, génératrices de graves désordres sociaux. Le vivre
ensemble n’est-il pas l’objectif du maire ? Dans le contexte actuel, le rôle d’un
élu de la République n’est-il pas de rechercher davantage ce qui nous rassemble que
ce qui peut nous diviser ?

Si intégrer un pan entier de nos citoyens, qui sont ressortissants français - est-il
utile de le rappeler ? - n’est pas votre objectif, c’est en tout cas celui de la
République Française. Le vivre ensemble, la cohésion sociale par la solidarité et la
tolérance entre citoyens, quelle que soit leur origine ou leur confession, sont des
valeurs républicaines. C’est le socle de notre démocratie. Et c’est le moyen par
lequel nous devons répondre aux actes terroristes liés à « Charlie Hebdo ».

Monsieur, le Maire, entrer dans le jeu de la haine, qui est du reste celui des
terroristes, c’est enfermer les opinions publiques pour les voir se fragmenter puis
se déchirer. Vous avez là une curieuse conception de l’exercice de votre mandat.

A ces discours politiques fondés sur le rejet de l’Autre qui gangrènent notre
société, nous vous répondons par la conduite du jeune Lassana Bathily qui, au péril
de sa vie, a sauvé des clients de l’Hyper Casher de la porte de Vincennes.

Faire bloc face aux terroristes, ce fût le sens de l’expression citoyenne lors des
manifestations du dimanche 11 janvier. Toute récupération politique ne sera pas
admise par les citoyens qui aspirent à d’autres comportements de la part de leurs
élus…

Vous comprendrez aisément que nous ne pouvons laisser passer sous silence vos propos
et que ce courrier sera porté à la connaissance du public.