Élections TPE/PME un naufrage appelé abstention
![]() 1 commentaire
![]() Propos très justes d’un camarade qui porte là une analyse qui serait tellement utile pour sortir d’une situation mortifère
Si la CGT obtient la première place, ce qu’il faut retenir c’est le taux d’abstention de plus de 94%...
Et bizarrement cela ne choque pas les centrales, qui sont touchées comme le reste des appareils par une défiance historique. ..
J’ai ma petite idée sur le pourquoi, aujourd’hui les syndicats sont devenus des partenaires, (...)
![]() ![]() ![]() Federico GIUSSANI
Purt regarda le texte qui défilait sur l’écran. Dans les archives de la bibliothèque du MÉMORIAL, en suivant les instructions, il avait numérisé comme premier mot clé « connaissance » et puis « douleur ». Ce titre de livre était le premier de la liste et Purt l’avait sélectionné. En lisant au hasard il se demanda quel rapport pouvait avoir le texte avec le titre "La connaissance de la douleur", d’un certain E. Gadda, auteur italien. Mais il ne comprenait pas grand chose à cet étrange langage antique et laissa tomber. Il chercha la troisième phrase du troisième chapitre, la mémorisa, abandonna la salle des archives. Encore agité par ce qu’il avait vu durant l’après-midi, il entra dans une large pièce, faiblement éclairée, pleine de fauteuils imposants et sévères, habilement disposés. Il y avait là un silence particulier qui l’aida à fermer les yeux. Il était piégé, et c’est délibérément qu’il avait choisi d’entrer dans un piège. Ils étaient nombreux les pièges, disséminés un peu partout dans le Monde Heureux, mais Purt possédait un petit appareil qui vibrait à leur approche et les avait ainsi toujours évités. Mais là c’était différent. Le MÉMORIAL était seulement toléré. A côté de la sortie, se tenait l’Institut de Recherche Psycho-médicale, construction moderne dont la façade noire contrastait de manière suggestive avec la blancheur du musée. Aucun moyen de transport pour joindre le MÉMORIAL : deux heures à pied vers la côte normande au beau milieu d’un paysage désolé envahi d’oiseaux lugubres. Justification de tant de tolérance, le portique blanc situé au-dessus de la sortie, le portique du contrôle émotif. Depuis près d’un demi-siècle le musée acquérait sa documentation automatiquement à l’extérieur et se protégeait bien : quiconque tentait d’enlever les objets exposés ou d’altérer les données était expulsé. Les visiteurs en étaient prévenus un peu partout. Il y avait aussi un mécanisme d’autodestruction ; gravée en grandes lettres dans le hall la phrase « quiconque tente d’altérer la mémoire la fera pour toujours disparaître ». Des panneaux tout autour décrivaient le mécanisme d’implosion du bâtiment. Dans le musée Purt avait vu l’ancienne folie des guerres mondiales du vingtième siècle et celle plus moderne des guerres économiques qui leur avaient succédées : d’un côté des yeux d’hommes qui en mourant demandaient pourquoi et de l’autre des enfants pleurant de faim. Tout ceci dans la mémoire de l’humanité. En guise de témoignage, pour éviter que cela se reproduise. Maintenant il s’agissait de sortir du musée. Purt ouvrit les yeux, la dernière pièce sur la gauche du couloir sud devait être la bonne. Il se dirigea vers la quatrième niche du mur de droite et vit exposé le synthétiseur de psycholeptiques : sale, couvert de chewing-gums écrasés, d’inscriptions obscènes, d’éraflures. Il correspondait à la description. Purt récita la phrase empruntée au livre de Gadda et en espérant ne pas se tromper tapa sur le clavier ces mots : "Oh, le long du chemin des générations, la lumière !? qui recule, recule ? opaque ? de l’immuable devenir". En grinçant la protection en plexiglas coulissa vers l’intérieur du mur, lui permettant d’accéder à l’appareil. Il inséra la main droite, moite, dans la fente. La machine commença à bourdonner, sur le petit écran le visage d’une femme apparut et le pria de patienter quelques instants. Puis le remercia et salua. Purt referma la main sur le paquet qui y avait été déposé, la retira et l’enfonça dans sa poche. Il restait une demi-heure avant la fermeture. Affalé sur un fauteuil Purt inspira, expira, ouvrit le paquet et observa la pastille. Elle était longue d’un demi-centimètre et épaisse d’environ deux millimètres. Purt en détacha un tout petit bout et la mit dans sa bouche. Il se sentit tout de suite mieux. Il décida de bouger. L’ordre chronologique des horreurs était scrupuleusement respecté : juste avant la sortie, la galerie de l’Homme Réalisé. Sur le plancher le chiffre 34 556 729, répété tout le long du parcours ; sur les écrans des murs et du plafond les trente-quatre et quelques millions de noms correspondants, accompagnés par des dates allant de 2124 à 2201. Quand Purt eut fini de parcourir la galerie, accompagné d’un silence seulement troublé du bruit de ses pas, le numéro sur le plancher était passé à 34 556 753. Quatorze noms supplémentaires s’étaient inscrits sur les parois, compressant les autres pour prendre place à leur côté dans le temps et la mémoire. Quatorze individus finis, brisés, pensa Purt. Arrivé au fond du couloir, malgré la drogue, une panique irrationnelle commença à le gagner. Elle n’irait qu’en grandissant, Purt le savait. Il se lança vers la sortie, franchit le seuil et passa sous le portique. Il entendit la sirène d’alarme.
* * * La pièce où il entra était une salle de réception entièrement vitrée. Il pouvait voir le corps de l’infirmière qui allait s’occuper de lui. Le seul objet non transparent du mobilier était l’écran de l’ordinateur qui cachait ses seins. Purt s’assit sur le siège siliconoïde mis à sa disposition, face au bureau qui le séparait de l’infirmière.
Purt recouvra son sang-froid. Il n’était pas encore dans le noir, juste dans le rouge. Le peu de psycholeptique qu’il avait avalé avait suffi. Ils ne l’interneraient pas de force. Il était sauf.
L’infirmière abandonna à l’improviste sa pose rigide et sévère. Purt observa avec plaisir le balancement coquin de son sein tandis qu’elle lui faisait signe de s’en aller. Sur le visage de la femme la sérénité du devoir accompli. Purt en s’éloignant salua le gros costaud qui lui répondit en riant. * * * - Tu es un sot, un sot ! - dit-elle.
Il avait affaire à une belle femme ayant à peine dépassé la trentaine et donc Réalisée.
- Hier soir, en revenant à la maison j’ai contrôlé mon humeur, j’étais dans le noir. Danger public.
Purt le savait avec certitude. Pendant une brève période il avait fréquenté la Congrégation des Déchiquetés, association subversive auprès de laquelle il avait été introduit par un ami : dont les adeptes pensaient trouver des émotions plus fortes dans le malheur. Purt après un peu de militantisme les abandonna, il avait vu l’effet de l’internement forcé auprès de ceux qui étaient tombés dans un piège, qui les avait rendus à la société transformés en légumes : « Comment ça va X ? ». "Bieeeen, très bieeen." Gestes hésitants et lents comme leurs exclamations. Éclats de rire excessifs et insensés pour rompre leur silence perpétuel. Le malheur, comme certaines drogues illégales, laissait-il des cicatrices dans le cerveau quand on renaissait au Monde Heureux ? Etaient-ce les soins auxquels on était soumis ? Qu’est-ce qui était effacé, au juste ? Il fallait s’en sortir tout seul, rester passablement heureux ou s’échapper. - Tu es un sot qui ne fait que des caprices ! - Dit Silvia avec coquetterie.
Purt se concentra. La dernière fois c’était elle qui était partie, il lui semblait bien s’en rappeler : elle était allée faire shopping, lui avait-elle expliqué innocemment après. Du shopping pendant deux mois.
Là, il y allait fort. Il s’attendait à être frappé, ou à voir Silvia filer pour le dénoncer comme danger public en hurlant les pires insultes. Quand il avait expliqué à Silvia, deux mois auparavant, qu’il voulait déménager à Paris, il lui avait parlé pendant des heures des merveilles de la ville, le seul endroit où il serait en mesure de se réaliser naturellement : la magie de ce temple de la culture, le fourmillement d’humanité et d’opportunités d’une grande métropole ? En réalité c’était à l’astroport le plus grand du Monde Heureux et au MÉMORIAL qu’il pensait, mais Silvia s’était laissée convaincre. Elle avait considéré un changement comme positif, en avait parlé à son médecin qui avait approuvé. Elle avait ensuite entamé la procédure de transfert occupationnel et, avant même Purt, s’était installée à Paris. Maintenant elle y menait une vie identique à celle d’avant : elle avait trois amants (dont Purt), le même travail, les mêmes amusements. Naturellement, pendant le contrôle médical qu’elle s’était empressée de faire dès son arrivée, on lui avait sainement rééquilibré les pulsions de gratitude et regret, de manière à l’immerger dans le présent en aseptisant tout souvenir milanais. Pour cette raison, contrairement à ce à quoi Purt s’attendait, elle répondit :
* * *
Tel fut le réveil de Purt le matin du 20 septembre 2134, sur l’écran du télénet.
* * * Depuis combien de temps courait-il ? Purt écrasa une larme aussi intempestive qu’inutile. Il se rappela la dignité de sa mère et l’assurance de son père. Des projections ostentatoires sur les enfants d’un idéal que les parents feignaient d’avoir atteint, lui avait-on expliqué avec insistance à l’école. Distorsions d’un parcours évolutif dépassé. Peut-être, mais maintenant ça l’aidait. Combien se rappelaient ce genre de choses ? Purt entra dans la cabine et composa le code de Silvia. Une secrétaire souriante répondit :
Silvia assistait à l’acte masturbatoire du capitaine de l’IntersitteR, vaisseau des colonies indépendantes. Quand dans un coin de l’écran parut l’inscription "Purt Anzik : appel", elle s’excusa auprès de l’astronaute et la voix de Purt remplaça les halètements de plaisir.
* * * Purt prit le paquet et abandonna Silvia dans le restaurant. Il avala la pastille et s’en alla. En entrant dans son centre anti ?dipien de zone il se sentait calme, détendu et lucide.
* * * Il sortit en tenant sa carte, fasciné, il aurait voulu la montrer à tous, à tous. Il regarda le soleil pendant un long moment, puis le ciel immensément bleu, il respira l’air frais et le mouvement des gens qui l’entouraient, et leurs éclats de rire, et le vert des arbres. Il était heureux et se mit à rire. Il savait où aller : au centre des Contemplants de son quartier il pourrait se reposer tant qu’il voudrait. Y avait-il autre chose à faire ? Il tâcha de se rappeler ses projets d’avant la Réalisation. Sans autre résultat qu’une somnolence étrange. Mais la pensée d’être Réalisé le remplissait d’orgueil et, revenant sur terre, il ricana, satisfait. Qu’est-ce qu’il voulait donc faire avant ? Qu’est-ce qu’il voulait faire ?
Un réflexe l’empêcha de tomber ; ses yeux s’étaient fermés ! il s’était endormi debout ? S’endormir, oui ?
Dans la galerie du MÉMORIAL son nom s’ajouta à la liste des Hommes réalisés. ![]()
|
![]() |
![]() ![]()
jeudi 22 - 11h44
1 commentaire
![]() ![]()
mercredi 21 - 22h54
de : BureBureinfo
![]() ![]()
mercredi 21 - 18h56
![]() ![]()
mercredi 21 - 16h25
de : Hdm
![]() ![]()
mercredi 21 - 15h33
![]() ![]()
mercredi 21 - 12h11
de : Pierre Le Ménahes
![]() ![]()
mercredi 21 - 11h46
de : Par le FC Sankt Pauli
![]() ![]()
mercredi 21 - 11h34
de : jean1
![]() ![]()
lundi 19 - 21h51
de : jy.D
![]() ![]()
lundi 19 - 08h16
![]() ![]()
dimanche 18 - 17h52
de : joclaude
7 commentaires
![]() ![]()
dimanche 18 - 17h01
de : jean1
![]() ![]()
dimanche 18 - 16h35
de : jean1
![]() ![]()
dimanche 18 - 16h34
de : joclaude
![]() ![]()
samedi 17 - 11h55
de : nazairien
3 commentaires
![]() ![]()
samedi 17 - 11h16
de : joclaude
1 commentaire
![]() ![]()
vendredi 16 - 14h00
1 commentaire
![]() ![]()
jeudi 15 - 17h38
![]() ![]()
jeudi 15 - 14h23
de : joclaude
![]() ![]()
jeudi 15 - 09h49
![]() ![]()
mercredi 14 - 22h46
de : AMASSADA
![]() ![]()
mercredi 14 - 21h13
de : jean1
![]() ![]()
mercredi 14 - 20h42
de : jy.D
![]() ![]()
mercredi 14 - 19h10
de : Asso Ménil Mon Temps
![]() ![]()
mercredi 14 - 17h55
de : Hdm
![]() ![]()
mercredi 14 - 16h42
de : Ménil Info
![]() ![]()
mercredi 14 - 16h37
![]() ![]()
mercredi 14 - 11h51
![]() ![]()
mercredi 14 - 11h37
![]() ![]()
mardi 13 - 16h39
de : jean1
![]() ![]()
lundi 12 - 07h45
1 commentaire
![]() ![]()
dimanche 11 - 15h56
de : joclaude
![]() ![]()
dimanche 11 - 15h34
de : joclaude
![]() ![]()
samedi 10 - 20h39
de : joclaude
![]() ![]()
vendredi 9 - 20h02
de : jy.D
![]() ![]()
vendredi 9 - 17h42
de : jean1
![]() ![]()
vendredi 9 - 13h52
de : gloriar
![]() ![]()
vendredi 9 - 11h51
de : Communistes insoumis.e.s
7 commentaires
![]() ![]()
mercredi 7 - 16h10
de : joclaude
![]() ![]()
mercredi 7 - 14h56
de : joclaude
3 commentaires
![]() |