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Séquestrés dans l’enfer des prisons de Bush

Publie le jeudi 20 octobre 2005 par Open-Publishing

Les cinq Cubains arrêtés tandis qu’ils infiltraient des groupes terroristes miamiens affrontent l’univers infernal des prisons des Etats-Unis, théâtre permanent d’innombrables incidents violents et de violations des droits de l’homme

de JEAN-GUY ALLARD

SEQUESTRES par la justice nord-américaine tandis que le ministère public fédéral de Miami prolonge artificiellement un processus judiciaire absurde, les cinq Cubains arrêtés alors qu’ils infiltraient des groupes terroristes miamiens, affrontent l’enfer des prisons de Bush, bien qu’un comité de juristes de l’ONU ait exigé leur libération et que leurs condamnations aient été annulées par la Cour d’appel.

A peine observées par la presse « libre » nord-américaine, bien loin des préoccupations de l’Union européenne, les prisons des Etats-Unis sont le théâtre permanent d’innombrables incidents violents.

MORTS PAR MANQUE D’ATTENTION MEDICALE

La situation des prisons californiennes est si grave et les conditions de santé si précaires que, le premier juillet, le juge de district Thelton Henderson, de San Francisco, a dû ordonner la nomination d’un inspecteur « pour mettre fin aux morts inutiles de prisonniers, causées par la mauvaise attention médicale » offerte aux 164 000 détenus du système carcéral de l’état.

Selon des experts désignés par ce tribunal, au cours d’un incident récent, un prisonnier a été blessé à la colonne vertébrale au cours d’une bagarre. Un médecin de sa prison a refusé de croire que le détenu n’arrivait plus à faire de mouvements et lui a tourné brusquement la tête et le cou durant son examen, aggravant la paralysie.

Dans un incident survenu à la prison de San Quentin, un prisonnier s’est présenté au dispensaire en état de choc. Un médecin lui a prescrit des antibiotiques, diagnostiquant une bronchite. Quand le détenu s’est évanoui en rentrant à sa cellule, les gardes l’ont ramené au médecin qui a voulu lui faire une injection. Comme il ne trouvait pas de veine, il l’a de nouveau renvoyé à sa cellule, sans autre traitement. Le prisonnier est mort le jour suivant. Le même médecin fait maintenant l’objet d’une enquête pour deux autres morts suspectes.

Depuis des années, a signalé le juge Henderson, on n’arrive pas à combler plus de 150 postes de médecins du système carcéral dans les 33 prisons de l’état de la Californie.

A SING SING, « D’INCROYABLES ACTES DE FOLIE ET DE BARBARIE »

Perle du système de répression nord-américain, la prison de Sing Sing a été décrite par le journaliste nord-américain Ted Conover dans son livre Newjack : Guarding Sing Sing. Conover, un journaliste d’enquête expérimenté, s’est converti en gardien pour pouvoir observer cette prison qu’il dit pleine de vermine, de coquerelles et d’araignées et sans chauffage où la drogue et les armes apparaissent de tous côtés.

Conover raconte comment la tension entre gardiens et prisonniers se manifeste par des insultes, de l’insubordination et des actes répugnants. Il décrit ainsi, entre autres incidents, qu’au pavillon de punition, surnommé The Box, « se produisent des actes incroyables de folie et de barbarie » et qu’il a vu un détenu lancer à ses gardes « un jet d’urine et d’excréments... qu’il avait dans la bouche ».

Le problème de la violence dans les prisons a atteint une telle gravité qu’en mars dernier, selon le Washington Post, on a institué une commission fédérale dirigée par l’ex-procureur général Nicholas de B. Katzenbach et l’ex-juge fédéral John J. Gibbons, pour enquêter à ce sujet dans tout le pays.

Selon des données publiées alors par le Post, plus de 34 000 agressions sont survenues au cours d’une période de 12 mois. Plus d’un million de prisonniers ont été agressés au cours des deux dernières décennies. Onze détenus sont morts sur les « chaises d’immobilisation » dans les années 90.

Il y a quelques années, les autorités de la prison de Madison, dans le comté de Maricopa, Arizona, ont déclaré, après la mort d’un prisonnier, que les seize chaises dont elles disposaient avaient été utilisées 600 fois en six mois.

Seuls trois états, New York, Pennsylvanie et Illinois, ont des commissions de contrôle des conditions de détention et celles-ci n’ont pas le pouvoir d’imposer des réformes, a affirmé la commission.

Il n’existe pas de normes fédérales qui régissent le fonctionnement des prisons. De telle sorte qu’Amnistie internationale dénonçait, il y a quelques années, que plus de 300 détenus du pénitencier de Limestone, à Huntsville, Alabama, exécutaient de travaux forcés alors qu’ils étaient attachés les uns aux autres avec des fers.

Les gardes enchaînent les prisonniers par les pieds, par groupes de cinq, ce qui viole les Règles minimales pour le traitement des détenus de l’ONU.

Les prisons nord-américaines font grand usage de pulvérisateurs de substances chimiques et d’appareils d’électrochocs qui son interdits dans divers pays. On signale de plus que l’usage de ceintures paralysantes contrôlées à distance avec lesquelles on applique au prisonnier récalcitrant un fort courant électrique qui cause un douleur si forte que le prisonnier s’affaisse sur le sol.

PLUS DE PRISONNIERS QUE TOUT AUTRE PAYS DU MONDE

Selon le Justice Policy Institute, les Etats-Unis ont plus de personnes emprisonnées par habitant que tout autre pays du monde avec 2.1 millions de personnes, ou un de chaque 138 habitants.

Depuis la décision de la cour d’appel d’Atlanta du 9 août 2005 qui a déclaré nulle leur condamnation, Antonio Guerrero Rodriguez, Fernando Gonzalez Llort, Gerardo Hernandez Nordelo, Ramon Labañino Salazar et René Gonzalez Sehwerert demeurent toujours incarcérés illégalement dans des prisons nord-américaines à sécurité maximale destinées à des individus purgeant une condamnation.

Les Cinq ont été arrêtés en septembre 1998 et ont subi depuis lors des conditions carcérales inhumaines, y compris dans des cellules de correction, où sont violées diverses normes internationales, ce qui a été fortement critiqué dans une déclaration du 27 mai dernier du Groupe de travail sur les Détentions arbitraires de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies.

Prisonniers politiques de l’empire, ils affrontent maintenant, par la volonté de la bureaucratie judiciaire nord-américaine et des plus hautes autorités de ce pays, un monde « de folie et de barbarie » où leurs vies sont constamment en danger.

Un monde de dégradation que les journalistes de la « grande presse » nord-américaine ne veulent surtout pas connaître. Pas plus que l’Union Européenne qui prétend également ignorer les horreurs du camp de concentration nord-américain de Guantanamo où 500 êtres humains continuent à subir des atrocités.

http://www.granma.cu/frances/2005/o...