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La Reforme Agraire, le Gouv. Lula, le MST...

Publie le dimanche 27 juillet 2003 par Open-Publishing

La Reforme Agraire, le Gouv. Lula, le MST et les attaques des Latifundiaires

Témoignage sur la réforme agraire dans le gouvt Lula et la stratégie du MST

Eliana Beatriz do Amaral Schenkel
POA - RS

Je suis d’accord avec les critiques faites à Lula dans la plupart des cas,
entre autres dans celui de la réforme agraire dont les résultats sont plus
que minables. Chômage, récession, recul des droits des travailleurs etc...
Deux choses ne peuvent être séparées : le latifundio c’est l’exclusion des
campagnes et la misère dans les villes. Deux éléments du même versant, le
milieu rural.

Autre critique : le fait que le ministère de l’agriculture soit représenté
par un ruraliste (propriétaires ruraux), est un signal de conservatisme dans
ce même domaine. Difficile, dès lors, de parvenir à avancer autant que le
prétend le MST. Mais ce n’est pas une critique au MST. C’est leur boulot de
faire pression pour faire avancer la réforme agraire.

C’est au MST de choisir l’action et la façon de faire pression. Maintenant
que les fazendeiros/latifundiarios "s’arment", litéralement, délibérément,
il démontrent une fois de plus qu’ils sont totalement convaincus de leur
impunité et que "la loi c’est pour les autres". Et ceci est clair aussi dans
le domaine des impôts car nous savons tous qu’ils doivent des millions aux
caisses de l’Etat. Toujours le vieux style : "nous sommes la Loi".

Il paraît évident que le MST utilise d’autres pouvoirs, ceux de la parole.
Il a la sympathie de Lula, le passé et ses discours, forme efficace de faire
pression.
Ces derniers jours, il est parvenu à imposer un débat quotidien dans les
médias sur le Latifundio au Brésil. Un point pour le MST. Il était évident
que viendrait la réaction sordide de la droite conservatrice : "nous et nos
amis nous dominons, les autres n’ont qu’a se partager les miettes. Si
quelque chose ne va pas, on tire d’abord et on pense après."

Les médias et le cas Joao Pedro Stedile

JPS a dit : pour 1 fazendeiro il y a mille sans terre.... nous ne devrions
pas avoir peur, il suffit que chaque millier en prenne 1.

Il est clair que les paroles de JPS sont au figuré parce que les
travailleurs n’ont pas d’armes pour affronter les milices. Question
d’intelligence et de stratégie, c’est à dire, ni eux, ni nous ne voulons la
guerre civile (on a déjà le trafic de drogues, ça suffit).De plus, nous
serions massacrés par les latifundiaires et leurs milices armées. Mais le
discours de JPS sert à montrer que les Sans Terre sont majoritaires,
induscutablement.

Dans sa stratégie, le MST est le seul secteur qui dans la pratique parvient
à compromettre (engager) Lula avec son discours, c’est à dire à prendre le
chemin de la réalité avec la réforme agraire. Parce que le MST fonctionne
dans l’action concrète. Sans le MST, la réforme agraire serait, comme c’est
la cas encore jusqu’à aujourd’hui, remise à plus tard.
La R.A est encore du domaine bureaucratique, bien dans le style
conservateur, de l’émotion moraliste style "de faire du bien aux pauvres",
ou "ils auront les terres qui restent". Donc, les élites s’unissent parce
qu’elles ont réellement peur de cette réforme. Pas tant à cause de Lula mais
à cause de la pression du MST.

Et l’incohérence dans l’application de la Loi ?

Le sieur Sperotto (président de la fédération de l’agriculture du Rio Grande
do Sul) , uni à Monsanto, a décidé la plantation (illégale) de
transgéniques. D’après la loi, les plantations de transgéniques, tout comme
celles de marijuana, doivent être brûlées par la police.
Et qu’est-ce qui se passe ? Les agriculteurs, complices ou trompés vendent
leur récolte de transgéniques. Et de plus ils refusent l’étiquettage et donc
trompent les consommateurs. Une fois de plus la loi ne vaut pas pour les
fazendeiros qui ont pris l’initiative de planter des transgéniques....

Alors quelle solution pour la R.A ?

Le MST lui il sait. Rosseto (ministre de la R.A) a déjà dit nombre de fois
qu’on ne parviendrait pas à une solution totale, mais à une avancée
significative pour combattre le problème du désemploi et de notre misère,
pour le propre développement du pays. Donc, en théorie, même les fazendeiros
sont d’accord avec la R.A mais la pratique et la théorie, ce n’est pas
pareil.

La question passe par la discussion sur le modèle économique. Les priorités
seraient autres, comme arrêter de suivre l’agenda du FMI.... pour pouvoir
mettre des moyens dans les infrastructures dans le but d’aider l’agriculture
familiale par exemple. Evidemment tout dépend des objectifs politiques...
qui paraissent être conformes aux intérêts des maîtres....

Et pour finir, rappellons-nous quand un de nos gouvernements tenta de la
faire, la R.A, d’affronter le latifundio, il a été renversé par les forces
armées, pour protéger les intérêts des elites nationales et internationales.

saudações,
Eliana Beatriz do Amaral Schenkel
POA - RS
ps : la conjoncture est complexe, question de choix et de décision politique.
Quand j’entend le discours global (globalitaire) répercuté par ici, mon
éthique, sinon également ma logique s’en ressentent.