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Honte sur Le Nouvel Obsevateur, Lettre ouverte à M. Claude Askolovitch

Publie le jeudi 27 avril 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

Lettre ouverte à M Claude Askolovitch du Nouvel Observateur

Monsieur,

N’ayant plus l’habitude de lire « Le Nouvel Observateur », je viens juste de lire votre article ‘Nous les Noirs de France’ publié dans le N° 2162 du 13 avril 2006.

En mentionnant un hommage aux femmes organisé par les Braves Garçons d’Afrique, vous avez écrit : « Les gars du 19e ont réuni un beau plateau. Amelia Robinson, vétéran du Mouvement des Droits civiques américain ; Marthe Moumié, veuve d’un héros de l’indépendance camerounaise, assassiné par des réseaux français ; mais aussi Rosa Amelia Plumelle-Uribe, auteur d’un livre-brûlot, « la Férocité blanche » (Albin Michel), où elle soutient, que la furie nazie était de petit calibre comparée à la haine antinoire. »

Je suis effrayée et même meurtrie par cette accusation infâmante que vous avez jetée sur moi. Cette accusation est monstrueuse et absolument contraire au message égalitaire pour le respect de la dignité humaine qui caractérise mon discours depuis trente ans environ.

L’essentiel de mon discours a été développé dans l’essai « La Férocité blanche Des non-Blancs aux non-Aryens Génocides occultés de 1492 à nos jours », où j’ai analysé le lien historique qui, comme un fil conducteur conduit de la barbarie coloniale à la politique nazie d’extermination. Si vous daigniez lire ce travail, vous pourriez vérifier qu’il s’agit d’un effort visant à détecter au moins la plupart des facteurs qui, de manière directe ou indirecte, auraient favorisé le développement politique et l’épanouissement idéologique d’une entreprise de déshumanisation comme la barbarie nazie en Allemagne et au-delà de ses frontières.

Je suis persuadée qu’une lecture honnête de mon livre vous permettrait de comprendre combien sa contribution est indispensable à toute démarche qui voudrait mettre fin à toute sorte de discrimination d’où qu’elle vienne ; à commencer par cette discrimination qui consiste à trier parmi les crimes pour ensuite, suivant l’identité des victimes ou parfois l’identité des bourreaux, sélectionner le crime qu’il faut condamner et en faire « le crime des crimes ». Vous en conviendrez, cette hiérarchisation des crimes et donc de leur condamnation, demeure un handicap majeur dans la lutte pour la prévention et la répression des crimes contre l’humanité dont le crime de génocide.

Je veux croire que n’ayant pas lu encore mon livre ou de façon superficielle, vous avez été assailli dans votre bonne foi. Auquel cas, j’ose espérer que, dès que vous aurez lu « La Férocité blanche », vous publierez dans les pages de votre journal un rectificatif permettant à votre lectorat d’avoir une vision juste de cet ouvrage sur lequel vous avez, si injustement, jeté le discrédit.

Je vous prie de croire, Monsieur, à mes sentiments distingués

Rosa Amelia Plumelle-Uribe

26 avril 2006

Messages

  • DU NOUVEL OBS , COMME DE LIBERATION ET AUTRES PUBLICATIONS DE "GOCHE", IL NE FAUT PLUS RIEN ATTENDRE !!

    manipulation de l’information , occultation des informations génantes , discredit porté sur tel ou tel , nous n’avons plus affaire à des journalistes dignes , mais à de petits "cire pompes "de la Propagandastaffel liberale .
    La seule réponse à ces petits messieurs : acheter le livre , le lire et le faire lire , l’alternative commence par la denonciation argumentée des publications parasitaires de "goche" .

    claude de toulouse .

    • OK. Entièrement d’accord avec ces propos !

      Mais...

      Ils ne cadrent pas avec l’admiration sans bornes que vous vouez au journal Témoignages. Il est loin, très loin, d’être objectif quand il parle des hommes politiques et de... leurs politiques. Dois-je vous rappeler qu’il est la "chose" d’un homme politique ?

      Toutefois...

      Je l’approuve, moi aussi, quand il publie ce genre d’article : INITIATIVE CITOYENNE POUR L’OBSERVATOIRE DES PRIX ET DES REVENUS

      Je vais, de ce pas, signer la pétition. Dommage que le collectif n’ait pas pensé à rendre cette signature possible par Internet.

      Albius de la Réunion

    • Monsieur le courageux anonyme

      « L’admiration sans borne » que cette auteure voue à Témoignages est une des fiertés de notre journal et elle n’est pas sans raison. Beaucoup de grands intellectuels engagés dans la transformation du monde, là où ils sont, lisent Témoignages. Ce fait devrait vous interpeller.

      Qu’est-ce que ça veut dire « être objectif » dans un combat politique ? Témoignages n’est pas pour autant « la chose d’un homme politique » quelconque. Nous menons un combat depuis plus de 63 ans : une logévité qui devrait aussi vous interpeller pour un (tout) petit journal d’opinions sans grands moyens publicitaires, longtemps poursuivi de la vindicte des pouvoirs publics et saisi des dizaines de fois dans les années 60. Nous nous efforçons d’être, pour La Réunion, un espace de débat pour tous ceux qui luttent.

      Il ne suffit pas de vous faire appeler “Albius” pour prétendre défendre les intérêts moraux de notre peuple. Témoignages a aussi un site (www.temoignages.re) : vous pouvez vous y exprimer et même, à visage découvert ! Ce sera plus utile que de vomir sur nous auprès de gens qui n’ont pas forcément tous les éléments pour juger.

      J’ai du respect pour le site Bellaciao ; j’y vais moi-même assez souvent ; je trouve dommage que ses modérateurs laissent passer des courriers ou des points de vue injurieux et parfaitement ineptes contre notre journal. Il y en a même qui se sont servis d’un “courrier des lecteurs” paru dans nos colonnes pour donner libre cours à des assertions d’une rare bêtise ! Un peu comme si je me servais de leur intervention pour démolir le site qui les héberge…

      Je suis communiste et fière de l’être : c’est l’avenir et la jeunesse du monde. Allez le faire savoir au lieu de vous tromper d’adversaire.
      Je suis même de ces communistes que la suppression du mur de Berlin a soulagés. Il est apparu depuis d’autres murs, qu’il faut faire tomber aussi, jusqu’à ce que disparaisse la rue qui porte leur nom à tous (Wall street ou le mur du Capital).
      Mais le plus terrible de tous, je le crains, c’est le Mur du Çon…

      pascale DAVID, journaliste à Témoignages

  • J’ai lu le livre de Madame Plumelle-Uribe, et je confirme point par point ses propos.

    Elle n’a aucunement cherché, ni à minimiser le génocide des Juifs par les nazis, ni à excuser l’inexcusable, ni à établir un "comparatisme" malsain entre les exactions et exterminations commises contre les Juifs, et celles commises contre les Noirs, ou les Amérindiens, ou aucun autre peuple.

    Son propos est de replacer la politique génocidaire dans son contexte historique, et de démontrer comment celle-ci est indissociablement liée à l’expansion coloniale et impériale de la culture occidentale blanche, si fière d’avoir inventé les droits de l’homme.

    Oeuvre on ne peut plus utile à l’heure où un gouvernement se propose de glorifier ouvertement et sans complexe le "rôle positif de la colonisation".

    L’essentiel de son propos, vis-à-vis du génocide juif, qui est et reste impardonnable, est celui-ci : si ce massacre en particulier a tellement frappé la conscience européenne, c’est que pour la première fois, il visait une population blanche. C’était un génocide de Blancs contre d’autres Blancs. Lorsque des blancs tuent, déportent ou réduisent à l’esclavage des gens à la peau sombre, - que ce soient les aborigènes australiens, les noirs africains, les natifs américains, - c’est majoritairement considéré par les historiens blancs comme un regrettable incident de parcours, mais qui ne doit pas faire oublier les multiples bienfaits de l’apport de leur propre culture à des populations considérées par eux comme arriérées et incultes ("...où est le Tolstoï des Papous ? ..."). les plus à gauches, les plus attachés aux droits de l’homme, en soulignent certes l’horreur et la honte, mais jamais, au grand jamais, l’extermination TOTALE de populations comme les Caraîbes, les Fuégiens ou les Tasmaniens, n’ont été qualifiées de crime imprescriptible contre l’humanité, ni n’ont suscité la même horreur et la même indignation universelle que la Shoah. Sans aucun doute, parce que c’étaient des noirs, des bruns, des sauvages "sans religion ni culture", alors que les Juifs d’Europe étaient une population blanche de peau, et hautement cultivée.

    Et accuser Madame Plumelle-Uribe, - ou quiconque d’autre soulève ce débat, - de racisme anti-blancs, n’est jamais qu’une manière facile d’esquiver toute discussion et toute remise en question, en remplaçant l’argument par l’invective.

    Absinthe

    • P.S. : J’ajoute que La Férocité Blanche n’est pas un pamphlet, mais un travail d’historien, largement et exactement documenté. Preuve en est que l’on n’attaque pas Madame Plumelle-Uribe sur ses sources et leur utilisation, mais en déformant ses propos. Ce qui est malhonnête, mais bien plus facile, lorsqu’on n’a pas d’autres arguments à lui opposer.

      Absinthe.

    • Totalement d’accord avec Claude de Toulouse sur le fait que la meilleure réponse est d’acheter le livre et de le lire car pour l’avoir fait, c’est vraiment du plus grand intérêt. Bravo d’ailleurs à Absinthe pour avoir très bien résumer le propos du livre et ça fait plaisir de voir de lire de tels messages. D’ailleurs, pour rebondir sur le deuxième message d’Absinthe, lorsqu’un bon livre est dérangeant il y a deux façons d’agir : soit on l’attaque de toute part, soit on le passe sous silence. Or, le travail réalisé par madame Plumelle-Uribe dans "la Férocité blanche" est tellement bien argumenté et documenté que c’est la deuxième solution qui a été choisie.
      Henri.

    • Je confirme en tous points l’analyse d’Absinthe.

      Ce livre est un CHEF-D’OEUVRE. Un réquisitoire implacable qui explique comment "l’éviction d’un groupe de la famille humaine entraîne l’anéantissement de ce groupe". Des non-blancs aux non-aryens la discrimination est la même : elle vise à déshumaniser l’autre, rendant ainsi possible, dans l’indifférence, l’esclavage, la destruction des indigènes, loin de l’Europe, puis celle des juifs en Europe.

      Pour l’Askolovich et sa troupe de gâteux de l’hospice c’est sans doute trop compliqué : leur grille de lecture ne fonctionne qu’au pétrole antisémite et tout autre carburant c’est pour eux un manque à gagner. Il s’agit donc de tout ramener à sa vision cataractique. Celle des voyants étant de l’ordre de l’impensable, de l’invisible.elle ne peut qu’être niée puisqu’ illisible à sa propre infirmité. Aprés la dénégation vient le pavlovien discrédit par l’anathéme et le tour est joué

      On n’est pas trés loin de l’éviction citée plus haut avec la conséquence qu’elle implique...La seule différence c’est qu’elle ne concerne, au lieu d’un groupe, qu’une personne. Pour l’instant. Mais c’est le même processus. A plus petite échelle...

    • L’essentiel de son propos, vis-à-vis du génocide juif, qui est et reste impardonnable, est celui-ci : si ce massacre en particulier a tellement frappé la conscience européenne, c’est que pour la première fois, il visait une population blanche.

      Inexact, il ne faut pas se laisser aller à des raisonnements faciles ... Il y en eu d’autres (les Arméniens par exemple).

      Le génocide contre les Juifs et les Tziganes ne venait pas de nulle part. Un certain courant a toujours souhaité le réduire en le reportant à une seule affaire de racines religieuses alors que la question est malheureusement plus vaste.
      Souvent par exemple on saute la première guerre mondiale et ses morts inutiles planifiées par millions par des élites ordurières , dans la montée des marches qui allait donner le génocide des Juifs et des Tziganes. On a tord.

      La guerre de 14-18 montre une éffroyable indecence dans le mépris des vies. Cette guerre est pourtant un échelon logique dans des sociétés européennes ayant puiser loin en arrière de formidables capacités à devaluer la vie humaine.

      Le travail sur la reconnaissance du génocide contre les juifs et les tsiganes a été très long et ne s’est pas fait ainsi. Même la reconnaissance de toute l’ampleur de ce crime est tout à fait recente et non encore completement établie.

      Et pourtant, les logiques d’exterminations ne sont pas le fait de peuples particuliers (nous l’avons vu encore au Rwanda) mais prennent une force immense et méthodique quand ils sont le fait d’organisations humaines puissantes, construites sur la rapacité, d’une puissance technique supérieure et fondée sur la certitude de l’impunité.

      Les sociétés européennes allaient conjuguer ces caractéristiques

      C’est la rapacité, de gros gourdins et le rêve de bénéfices plantureux impunis qui rendent si aisés de croire que des gens d’autres couleurs de peau sont inférieurs. Il est toujours plus simple ainsi d’être raciste, de mépriser des peuples entiers au point de les voir indistincts ("noirs"), de les traîter comme du bétail de faible coût (les pertes terrifiantes en vies humaines du bois d’ebene), quand le profit est gigantesque, et les tranchées sanglantes des conquerants espagnols et portugais en Amérique allaient ouvrir la voie d’empires planêtaires construits sur le crime et la rapine.

      Dans l’esclavage des africains, le sort effroyable qu’ils subirent de la part des trafiquants, "commerçants" de bois d’ébene, patrons de grandes plantations, il y a le génocide préalable des Amerindiens. Sans le sort affreux fait aux peuples d’Amérique la question de l’esclavage des Africains sur ce continent se serait certainement posé differemment.

      Les uns s’emboitent dans les autres, et la montée en puissance, militaire et industrielle, des empires européens va effectivement donner des crimes de plus en plus gigantesques.

    • Juste, merci de préciser. :-) Mais le génocide arménien a bel et bien suscité des mouvements d’indignation en Europe. Ma propre grand-mère m’ a raconté avoir perdu deux de ses amies d’école, soeurs, qui étaient retournées au pays avec leur famille. Une de mes tantes est arménienne et m’a raconté le soutien de la population française aux émigrés et aux survivants.

      Ceci pour une raison simple - et qui contient également, tant une part d’identification aux victimes, que de racisme envers l’agresseur -. Les arméniens étaient considérés comme proches, parce que chrétiens et blancs. Les Turcs, eux, étaient perçus naturellement comme ennemis, pour des raisons hiistoriques. Ceci évidemment n’excuse en rien l’aggression du pouvoir turc contre la population arménienne. Mais à la même époque, une population chrétienne blanche, massacrant une population de couleur et d’une autre religion, ne suscitait pas autant d’échos. A cette même époque, les empires coloniaux européens exerçaient de plein droit les mêmes atrocités contre les populations conquises, sans le moindre sentiment de culpabilité.

      Notre sympathie ou notre indifférence, vis-à-vis des malheurs d’autrui, est directement proportionnelle à notre possibilité d’identification, donc à la proximité que nous attribuons ou non aux victimes. Exemple : le tsunami en Asie du sud-est n’a provoqué tant d’émotion et de manifestations de soutien que parce qu’il a frappé des régions touristiques, où beaucoup d’européens étaient en vacances. Les inondations meurtrières au Bengla-Desh ou au Mozambique provoquent juste un hochement de tête apitoyé "Hé oui, c’est bien triste, mais on n’y peut rien, c’est la vie."

      Vous avez raison également de souligner, primo le fait que le comportement génocidaire n’est pas exclusivement "blanc européen", mais bien universel. (Au Rwanda, on peut ajouter le Cambodge. AU Mexique, juste avant l’arrivée des Espagnols, les Aztèques avaient conquis, réduit en esclavage et massacré les populations locales. De même les Incas au Pérou. Et les premières traces historiques écrites, en Mésopotamie, parlent déjà de massacres systématiques de populationx entières, au 3e millénaire avant notre ère. Et s’en font gloire).

      Secundo, que la systématisation et l’ampleur, donc l’horreur des fait est proportionnelle au degré de développement technique, politique et militaire de l’agresseur.

      J’ajouterai donc simplement ceci : qu’aucun d’entre nous, pas même ceux qui se donnent bonne conscience, n’est à l’abri de ce type de pensée, de cette logique. Chaque fois que le plus anonyme des être humains, où que ce soit dans le monde, s’estime supérieur à un autre - que ce soient pour des raisons de couleur, d’ethnie, de religion, de classe sociale, de richesse, de métier, d’intelligence, d’âge, de sexe, d’opinion politique, de quoi que ce soit, - on y trouve cette menace en germe. "Si untel m’est inférieur, il est normal qu’il me serve, qu’il soit plus pauvre que moi. S’il ose me résister, j’ai le droit de me défendre. Si sa résistance menace mon niveau de vie, j’ai le droit de l’éliminer, de l’éloigner, de l’enfermer, de le frapper, ... de le tuer."

      La question est : l’humanité arrivera-t-elle un jour à dépasser ses propres mécanismes psychologiques ? Et comment ? Et quand ? .....

      Absinthe