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Pierre Bourdieu se souvient encore de Ségolène Royal

Publie le jeudi 5 octobre 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

Vidéo de BOURDIEU

http://www.dailymotion.com/visited/...

D’outre-tombe, Bourdieu dézingue Ségolène Royal
Dans une vidéo de 1999 exhumée sur le Net, il la juge « de droite ».

Par Ludovic BLECHER

Au départ, il y a un entretien posthume du sociologue Pierre Bourdieu, décédé en 2002, diffusé vendredi sur Zalea TV. Présentée par cette chaîne alternative du Net comme une séquence « inédite de douze minutes tournée en mai 1999 par Pierre Carles », la vidéo s’intitule : « Gauche-Droite, vu par Pierre Bourdieu » (1).

« Habitus ». Le sociologue y cite en exemple ces « responsables politiques dits de gauche (qui) sont en fait de droite ». Comme Ségolène Royal ? C’est en tout cas l’avis de Bourdieu : « Comment elle s’appelle, la femme de Hollande ? Ségolène Royal. Et bien pour moi elle n’est pas de gauche. (...) Elle a un habitus , une manière d’être, une manière de parler qui vous dit : "Elle est de droite" », estime-t-il dans son face-à-face avec Pierre Carles. Il croit même savoir qu’à l’ENA, la jeune Ségolène Royal s’est « posé la question du choix entre la gauche et la droite en terme de plan de carrière » et qu’elle a choisi la gauche faute de places à prendre à droite.

Sitôt après sa diffusion, un court extrait de la séquence est posté anonymement sur Dailymotion, un site de vidéos en partage. S’ensuit un phénomène classique qui voit le lien vers la vidéo tourner de sites en blogs, de boîtes mails en boîtes mails. En quatre jours, les propos de Bourdieu ont été visionnés près de 18 000 fois sur Dailymotion et 560 sur Youtube, une autre plate-forme de vidéos qui diffuse le document dans son intégralité.

« Tronqué ». Mais depuis hier, seule cette version longue était encore disponible sur le Web. Dailymotion a retiré le court extrait à la demande de Pierre Carles ­ qui s’est opposé, par mail, à la diffusion d’un « document tronqué » ­, avant de le remettre, puis de l’enlever de nouveau. Pour finalement proposer uniquement la version longue.

Cette vidéo ­ diffusée pile le jour où Ségolène Royal a officialisé sa candidature à la candidature ­ continuera certainement de nourrir les débats en ligne. Ces derniers jours, des dizaines de billets et des centaines de commentaires ont été consacrés à cette affaire qui fait, sur l’Internet, autant de bruit que les révélations sur le rôle du frère de Ségolène Royal dans le sabordage du Rainbow Warrior en ont fait sur le papier .

(1) Il s’agit en fait d’un rush du documentaire de Pierre Carles intitulé La sociologie est un sport de combat .

http://www.liberation.fr/actualite/...

Messages

  • Ce n’est pas nouveau SR est un pur produit de l’oligarchie, on n’avait pas besoin du verdict de Bourdieu pour s’en apercevoir : j’ai acheté à sa sortie "la sociologie est un sport de combat" (et je peux vous dire qu’il a été difficile de se procurer cette cassette) c’est passionnant et révélateur sur la réalité et les méthode de conservation du Pouvoir économique et politique dans notre pays..

  • http://www.zalea.org/spip.php?article784

    A mon avis Bourdieu s’il dézingue ne dézingue pas que Ségolène

    Pourquoi focaliser sur Ségolène ?
    Bourdieu ne casse pas Ségolène puisqu’il avait même oublié son nom mais pose le problème de l’opportunisme des énarques en politique et parle surtout ( les révolutions ratée, Serge Julie ...) de ce qui faisait dire à Pareto que « La lutte des classes .... n’aboutira pas à la dictature du prolétariat, mais à la domination de ceux qui parleront au nom du prolétariat, c’est-à-dire d’une minorité privilégiée comme toutes les élites qui l’ont précédée ou qui lui succéderont. »
    et sur quoi Raymond Aron ajoutait
    « Du reste, tous les révolutionnaires proclament, successivement, que les révolutions passées n’ont abouti en définitive qu’à duper le peuple ; c’est seulement celle qu’ils ont en vue qui sera la vraie révolution." Les étapes de la pensée sociologique – Raymond Aron »

    On a bien l’impression que les engagements dé énarques résultent de tirages au sort aux bals de sortie des promotions et c’est un constat sur lequel Ségolène n’est pas seule en cause !
    ( Fabius ne serait-il pas concerné ? … voir Maxime Vivas !)
    On trouverera à cet égard tout sur le site de l’OCSENA ainsi que leur malgré tout plaidoyer pour Ségolène.
    "Si Ségolène vous paraît mégalo et imbuvable [on ajoutera et même d’avoir été de droite], les mecs dirigeants du PS le sont autant et plus, donc y a pas de raison de pas la prendre elle. "
    C’est tout dire !
    Il lui reste donc à montrer qu’elle est
    « bien inspirée de se faire le catalyseur d’un changement radical, au lieu [d’avoir rivalisé] d’ambition pour obtenir un pourcentage des meilleures places dans [une] école qui ne val[ait] pas la peine d’être fréquentée »
    pour reprendre John Saul dans les « les bâtards de voltaire ou la dictatures de la raison en occident
    et de répondre rapidement aux questions qui se posent maintenant à elle, pour aller au plus court
    Que fait-on des pauvres ?
    Que fait-on des clandestins
    Que fait-on du Sénat ?
    Que fait-on de l’ENA

    Soit dit en passant Ségolène repose la problématique d’un vieux débat posé par Jefferson, pour qui les hommes se divisaient naturellement, de par leur constitution , en deux groupes :
     ceux qui ont peur du peuple et s’en méfient ;
     ceux qui s’identifient à lui et lui font confiance.

    Force est de constater que le pouvoir a toujours été confié aux premiers surtout apparatchiks d’appareils politiques d’une Républiques de camarades dénoncée par André de Jouvenel( bien sûr encore un catalogué à droite) en 1913.

    L’humanisme contre la machiavelisme source de la rage contre Ségolène ?

  • Et Bourdieu a dit....

    http://pheisserer.org

    Dans une interview video réalisée par Pierre Carles (voir http://www.dailymotion.com/cluster/creation/video/776718) le sociologue Pierre Bourdieu, visiblement amusé, répond à une question sur la gauche et la droite.

    Il répond en disant qu’il est plus facile qu’on ne le dit de distinguer les gens de gauche de ceux de droite.

    En effet, être de droite c’est être "autoritaire", "sectaire", chercher à "avoir le dernier mot", "vouloir toujours avoir raison", mieux "c’est vouloir avoir le pouvoir".

    Cela passe lorsque nécessaire par le fait d’"adopter des positions politiques subversives pour se donner une importance".

    Parce que l’essentiel pour déterminer ce que c’est qu’être de gauche ou de droite ne réside pas dans ce que l’on dit mais dans ce que l’on est.

    Ce sont nos "manières d’être et de parler" qui nous situent "politiquement".

    "Voyez la femme de Hollande : Ségolène Royal. Instantanément, on sait qu’elle n’est pas de gauche".

    "Remi Lenoir, qui est un de mes élèves, a été professeur à l’ENA, et il m’a dit : "elle était à l’école à l’ENA, et elle s’est posée la question : "est-ce que je suis de droite ou de gauche ?" en termes de plan de carrière."

    Ségolène a "un habitus, une manière d’être et de parler qui vous dit qu’elle est de droite, même si elle tient des propos de gauche."

    Tout cela tient au fait que "la définition officielle de la gauche et de la droite est tellement floue" qu’"un cours de Sciences-po vous mène aussi bien à gauche qu’à droite".

    Question de la journaliste : "Et vous ! Vous avez commencé quand à être de gauche ? Ce n’était pas à l’ENS !"

    "Non au contraire, j’aurais plutôt été renvoyé du côté droit" "quand je voyais les gens de gauche comment ils étaient".

    "Non, moi, c’était beaucoup plus tôt".

    Pierre Bourdieu.

    On le voit ces propos sont "clairs", "limpides". Ils ne supposent aucun commentaire pour être compris.

    D’ailleurs qui veut les comprendre !

    L’essentiel est de retenir que Ségolène est "de droite".

    Et pourtant !

    Et si l’on faisait l’effort de décrypter ces propos !

    Cela supposerait de faire de longs développements sur les idées d’habitus, de champ, de stratégies, d’auto-censure, de trajectoires sociales. Mais aussi une reprise détaillée du combat intellectuel qui a opposé Bourdieu à la gauche de gouvernement. (Voir le livre de Bourdieu intitulé La misère du Monde).

    Nous ne pourrons pas les réaliser ici. Faute de place et de temps. Et aussi soyons honnête ! Combien de personnes parmi celles qui se contentent de "savoir" que Ségolène est "de droite" vont faire l’effort d’entrer dans les méandres de la pensée du grand sociologue Bourdieu.

    Alors à quoi bon être trop long !

    Les préjugés ont la vie dure. Chacun a le désir de comprendre qu’il peut ! Nous sommes inégaux devant la volonté de savoir.....

    Notre intention n’est pas de résumer les pré-requis utiles à la compréhension de ces quelques phrases.

    Au passage.

    Elles sont trop courtes pour ceux qui pensent que sans démonstration une analyse se change en une condamnation.

    Elles sont trop longues pour ceux qui perçoivent que Bourdieu ne se réfère à Ségolène Royal que pour mieux illustrer la droitisation de la vie politique française et de la gauche française.
    Car à ce petit jeu, il n’y a pas beaucoup de camarades qui échapperaient au constat que eux aussi sont "de droite" !

    En effet, parmi les leaders, militants, sympathisans de gauche combien peuvent se targuer de pouvoir se soustraire aux jugements du grand Sociologue ?

    Dans l’ordre :

    1) Qui n’est jamais autoritaire dans sa manière d’être et de parler !

    2) Qui n’est jamais sectaire !

    3) Qui n’a jamais pris la parole dans l’intention de vouloir avoir le dernier mot !

    4) Qui ne veut pas avoir du pouvoir !

    5) Qui n’a jamais songé à se placer ou à se vendre au mieux (travail, politique, amour) ! (Inconsciemment....)

    On l’aura compris être de "gauche" c’est adopter des manières radicalement différentes de celles qui prévalent habituellement dans tous les champs de pouvoir (politique, intellectuel, social, économique) (des partis politiques aux syndicats en passant par les entreprises et les universités).

    Il faudrait donc que tous ces champs se réforment en profondeur pour que des "individus" en les fréquentant conservent quelque chose de l’idéal a-politique qui les anime.
    Ainsi nous soutenons que le vrai destinataire de cette attaque/vacherie de Bourdieu n’est pas Ségolène mais chacun d’entre nous.

    Combien sommes-nous à l’avoir compris !

    Bourdieu à travers Ségolène nous dit que les vrais gens de gauche ne cherchent pas à occuper des lieux de pouvoir.

    C’est pourquoi de deux choses l’une :

    Ou Bourdieu a raison et adieu à la vie politique à la française et à tous ceux qui la composent.

    Ou Bourdieu n’exprime qu’une vision de ce qu’être de gauche veut dire et alors Ségolène reste en raison de ce qu’elle dit la candidate la plus à gauche de toute la gauche fraçaise.

    En effet, combien sont-ils parmi ses challengers (internes et externes au PS) à se préoccuper réellement d’améliorer le sort des plus démunis !

    Ségolène a un vrai sens de ce qui est injuste.

    Elle sent d’instinct que certains souffrent plus que d’autres.

    Pouvons-nous tous en dire autant !

    Pascal Heisserer

    http://pheisserer.org