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Sarko veut reproduire la construction européenne en accord avec Bush.

Publie le mardi 13 février 2007 par Open-Publishing
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de Jean-Yves Crevel

Ne nous y trompons pas : la dernière trouvaille de Nicolas Sarkozy n’a rien à voir avec les positions des eurosceptiques qui préfèreraient aider l’Afrique et le Maghreb plutôt que de financer l’encerclement de la Russie par l’Otan. Ce que projette le ministre candidat consiste à reproduire en méditerranée le processus d’aliénation des peuples et des nations qui semble encore avoir fonctionné en Europe.

Cela permettrait de vassaliser les pays méditerranéens conformément aux plans américains, pour établir la jonction entre l’Europe soumise et le grand Moyen-orient et ainsi sécuriser Israël et les approvisionnements en hydrocarbures.

Ce nouveau projet présente de nombreux avantages :

 Il donne l’impression que le candidat a une haute et originale vision géostratégique,
 Cela introduit la confusion dans le débat en empêchant de distinguer Sarkozy de ceux qui refuse le caractère foncièrement raciste de la "construction européenne". Accessoirement, ce discours doit faire oublier la récente gaffe sur les égorgeurs de moutons.
 Sarko sert encore et toujours les intérêts de ses amis américains,
 Cela permet de ne pas "mettre tous ses oeufs dans le même panier" : si la panne ou la nécrose de l’Union européenne se confirment, la nouvelle union pourrait continuer son oeuvre,
 Si le piège fonctionne, c’est le jackpot : les pays du bassin méditerranéen se verront peu à peu rogner leurs souveraineté jusqu’à devenir, comme nous, de simples régions de l’Empire.

Tout cela est mûrement réfléchi : Sarko et son american staff ont tout préparé. Comment enclencher le processus : "C’est à la France, européenne et méditerranéenne à la fois, de prendre l’initiative avec le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et Chypre, d’une Union Méditerranéenne comme elle prit jadis l’initiative de construire l’Union européenne." Puis la seconde étape, la jonction des deux "constructions" : "Cette Union Méditerranéenne aura vocation à travailler étroitement avec l’Union Européenne. Elle aura vocation un jour à avoir avec elle des institutions communes parce que la Méditerranée et l’Europe auront pris conscience que leurs destins sont liés."

Enfin, la réflexion de ses amis New-yorkais à propos de sa position vis à vis de la Turquie : "Venant de lui, ses réticences par rapport à la Turquie sont recevables", cette réflexion prend tout son sens, quand il déclare :

"C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut envisager les relations de l’Europe et de la Turquie. Car l’Europe ne peut pas s’étendre indéfiniment. L’Europe si elle veut avoir une identité doit avoir des frontières et donc des limites. L’Europe si elle veut avoir une puissance ne peut pas se diluer sans cesse. L’Europe si elle veut pouvoir fonctionner ne peut pas s’élargir sans arrêt. La Turquie n’a pas sa place dans l’Union Européenne parce qu’elle n’est pas un pays européen. Mais la Turquie est un grand pays méditerranéen avec lequel l’Europe méditerranéenne peut faire avancer l’unité de la Méditerranée. C’est la grande ambition commune que je veux proposer à la Turquie. C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut repenser ce qu’on appelait jadis la politique arabe de la France, C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut approcher le problème de la paix au Moyen-Orient et chercher une issue au conflit israélo-palestinien."

La Turquie, pays pivot pour l’OTAN et le Pentagone pour étendre la pax americana du bassin méditerranéen jusqu’au "grand Moyen-orient", pourra ainsi intégrer une structure supranationale civile par laquelle elle sera économiquement récompensée des services rendus sur le plan militaire.

Sarko a tout prévu, la mise en place d’institutions "light", comme pour l’Union européenne : "L’union de la Méditerranée pourrait s’organiser autour d’une rencontre périodique de ses chefs d’Etats et de gouvernements comme les grands pays industrialisés ont leur G8. Elle aurait un Conseil de la Méditerranée comme l’Europe a le Conseil de l’Europe."

...Puis des choses plus sérieuses, impliquant des pertes subreptices mais très réelles de souveraineté : "Un système de sécurité collective lui permettrait de garantir la paix autrement que par la course aux armements et l’intimidation."

Et comme d’habitude, c’est la France qui en fait le plus, notamment sur le plan financier : "Si je suis élu, la France consacrera à la sécurité collective en Méditerranée des moyens d’intervention accrus. Elle y augmentera notamment ses moyens aériens et ses moyens maritimes, parce que j’ai la conviction que c’est son devoir, que c’est son intérêt, que sa sécurité en dépend, et parce que je crois à la vocation maritime de la France."

Pour que la nouvelle union puisse en imposer aux états souverains qu’elle aura vocation de dominer puis de transformer en états fantoches, il convient de faire croire que la seule façon de régler les problèmes les plus graves consiste à permettre à l’entité supranationale d’en imposer sur tous les sujets :

1. L’immigration

"C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut concevoir l’immigration choisie, c’est-à-dire décidée ensemble, organisée ensemble, maîtrisée ensemble."

2. L’écologie

"L’écologie pourrait constituer le deuxième pilier des politiques communes à tous les pays méditerranéens."

3. le développement économique

"Le co-développement c’est le troisième pilier sur lequel pourrait reposer une Union Méditerranéenne."

4. La sécurité et l’anti-terrorisme

"Le quatrième pilier de l’Union pourrait consister dans la mise en place d’une coopération intégrée pour lutter ensemble contre la corruption, le crime organisé et le terrorisme adossée à un espace judiciaire commun."
CONCLUSION

C’est du grand art. J’espère que son ami W. Bush n’a pas oublié de le féliciter pour cet excellent travail.

Messages

  • Sortir du féodalisme monétaire, préalable incontournable à une refondation économique, sociale et écologique :
    La nation doit pouvoir émettre la monnaie dont elle a besoin, en proportion de son développement.

    Et la monnaie qu’elle crée, elle doit pouvoir l’affecter aux projets qu’elle décide pour demain, non pas au paiement de ceux qu’elle se voit imposer, aujourd’hui, impuissante, endettée.

    Le droit "régalien" de l’Etat de battre monnaie, les Européens l’ont aboli en 1992. La grande majorité l’a fait sans le savoir : tandis qu’on focalisait les débats sur l’euro, on mettait en jeu la décision de libérer plus que jamais, totalement, ce qui consistue peut-être le plus grand "aspirateur" du régime capitaliste.
    http://www.fauxmonnayeurs.org/

    le debat sur la dette doit partir de la...

    le debat sur la fiscalité doit prendre en compte la necessaire taxation des machines numeriques a l’origine des hausses paralleles de productivité et de chomage.
    Ce qui s’appelle remettre le debat sur ses pieds.