Bové, élément structurant du bipartisme.

José Bové construit toute son argumentation sur le fait qu’il serait un électron libre , non membre d’un parti et par là même plus libre pour être le candidat réellement antilibéral.

En fait, il n’en est rien et il s’agit même du contraire. La candidature Bové est un signe de l’avancée du bipartisme et de la place qu’il laisse à la contestation du systême capitaliste : une sympathique contestation médiatique ne posant pas centralement la question du pouvoir. Elle est le signe de l’anglo-américanisation d’une partie du mouvement de contestation de l’ordre établi. Un des héros de cette mouvance n’est-il pas le cinéaste américain Michael Moore entrainant derrière lui une partie de la gauche américaine. Si on a apprécié certaines de ses contributions cinématographiques, sait-on qu’il a pris plus que sa place pour torpiller Ralph Nader avant la dernière présidentielle....pour le résultat final que l’on connaît !! L’argument massue était qu’il avait empêché les démocrates de gagner la présidentielle précédente, chacun a pû constater que son absence n’a pas permis aux démocrates de l’emporter.

José Bové endosse l’habit de Moore dans le paysage politique français, il troque la caméra pour la faux et part en croisade dans les champs d’OGM avec le culot de Moore entrant au domicile d’une vedette hollywodienne présidente du lobby des marchands d’armes.........mais à la fin pour quel bénéfice politique , maigre très maigre !!!!

Historiquement, le mouvement populaire s’est donné la force de partis et de syndicats structurés pour faire face aux forces d’argent et/ou conservatrices qui elles n’en avaient pas besoin. La bourgeoisie élevée à la mamelle des libertés individuelles de 89 n’a accédé à cette forme d’organisation que contrainte par la lutte. Dès qu’elle a pû s’en débarrasser, elle n’a pas hésité comme sous l’Etat Français. Le discours de Bové est donc inquiétant et ce week-end est un révélateur du véritable visage de cette dangeureuse rhétorique. Le prétexte de l’électron libre a été bien commode pour revenir une fois de plus sur la parole donnée. José Bové ne dira rien le 11 mars et pour cause il aurait dû à cette date renoncer à sa candidature et à son aventure personnelle vu les arguments donnés en Janvier pour se porter candidat.

Ceci étant c’est une belle leçon de chose. José Bové comme tous ceux qui sont contre les partis sont pour en fait un seul parti unique ; celui de leurs intérêts bien compris.

Il va de soi que le succès de tels propos auprès d’une partie de la population et la sympathie qu’ils peuvent attirer pose la question de la remise en question des partis de gauche sur leur fonctionnement. Mais n’était ce pas un des enjeux des collectifs antilibéraux ? La candidature de Marie-George Buffet validée tout à la fois par une majorité des CL et d’une force politique organisée ( Le PCF) mérite un fort score le 22 Avril pour éviter l’écueil du bipartisme et avancer dans le dépassement du capitalisme.

Jean-Philippe VEYTIZOUX