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L’idéologie antilibérale : du porno sans sexe

Publie le dimanche 20 mai 2007 par Open-Publishing
12 commentaires

La Gauche patauge en pleine idéologie, entendue dans son sens marxiste du terme.

Un des aspects les plus révélateurs de ce voile idéologique, c’est l’assimilation entre antilibéralisme et anticapitalisme.

Sans jeu de mot aucun, les antilibéraux ne sont pas anticapitalistes et c’est bien là l’impasse de la Gauche.

Tout d’abord, il est très symptomatique de constater que presque aucune formation dite « antilibérale » (et j’y inclus, à mon grand dam, le PCF) n’ose prononcer le mot de socialisme : ce terme est devenu pratiquement pestiféré, à mettre avec empressement sous le boisseau, voire criminalisé.

Mais si l’on se pose comme « antilibéral », c’est pour faire quoi ? construire quoi ? avec qui ? quelle est réellement l’alternative proposée ?
De tout cela, silence radio.

Les chantres de l’antilibéralisme évoquent de manière fumeuse on ne sait quelle « visée », « transformation », « mouvement du progrès », etc.
L’antilibéralisme, c’est du porno sans sexe.

Ce magma informe antilibéral dans lequel on retrouve, pêle-même, des écologistes, des activistes de la décroissance, des trotskistes, des gauchistes, des ultra-gauchistes, des communistes « unitaires » rénovateurs (il a bon dos le « rassemblement » des forces antilibérales...) et j’en passe, ce beau monde unis sous la bannière de l’antilibéralisme, tout ceci n’est que de la simple posture sémantique afin de se démarquer de la Droite (c’est bien le minimum syndical) et reste aussi éloigné du combat anticapitaliste que ne l’est TF1 d’avec la culture.

J’en veux pour preuve, le recours à la version gauchisée de la Taxe Tobin, présentée par ses promoteurs (en premier lieu ATTAC) comme LA mesure porte-étendard de la lutte antilibérale :-)
Pfff... là, je crois que l’on atteint le niveau zéro : mais quelle ânerie !

Dans les années 70, la Commission Brandt avait proposé de taxer le commerce des armes et d’en redistribuer le revenu.
L’on voit bien le caractère vicié et pervers d’une telle mesure(tte) : plus le commerce des armes est florissant... plus les revenus de la taxation augmenteront... La belle affaire ! La racine du problème, elle, est toujours là et restera bien là...

Le courant antilibéral n’est qu’un énième avatar de Mai 68, du réformisme bourgeois « à la Duhring » comme aurait dit Engels en son temps. Sauf que les Duhring d’aujourd’hui portent les noms de Negri, Illich, Husson ou même et malheureusement Sève et Boccara (au moins Herzog, grand prêtre du CME, a quitté le PCF).

Le philosophe marxiste Michel Clouscard dans une approche audacieuse et éminemment critique, bien loin de celle de « marxistes de salon » patentés actuels, a magnifiquement analysé cette nouvelle version de l’idéologie antilibérale.
À lire sans modération.

Enfin pour conclure sur une note légère, j’ai regardé hier soir « l’antilibérale » (carriéro-arriviste) Clémentine Autain sur France 2 : honnêtement, je mes suis demandé si je ne regardais pas les Guignols...

Et pourtant, j’ai bien vérifié les piles de ma télécommande :-)

Fraternellement,

Michel
(PCF)

Messages

  • Complètement d’accord avec cette fort pertinente analyse ,cette curieuse tendance généralisée à inventer de nouveaux termes pour désigner le CAPITALISME ,ainsi que la classe qui le soutient LA BOURGEOISIE est vraiment déconcertante . Comme si tout n’avait pas été dit par MARX et ENGELS ,peut ètre est ce produit par la crainte de paraitre ringard ? Si certains croient oeuvrer pour le changement en se croyant obligés d’avoir recours au préalable à de nouveaux vocables on n’est pas sorti de l’auberge !! Gwynplaine.

  • J’en veux pour preuve, le recours à la version gauchisée de la Taxe Tobin, présentée par ses promoteurs (en premier lieu ATTAC) comme LA mesure porte-étendard de la lutte antilibérale :-) Pfff... là, je crois que l’on atteint le niveau zéro : mais quelle ânerie !

    Assez d’accord.

    J’espère que tu ne fais pas partie de ceux qui ont éreinté les députés européens de la LCR qui auraient soi-disant « empêché l’adoption de la taxe Tobin »... en ne joignant pas leur voix par exemple à... Pasqua.

    En l’occurence, la taxe qu’il était envisagé d’étudier avait pour fonction de réguler, et donc de conforter, le libéralisme mondialisé ; en particulier elle aurait été gérée par le FMI.

    Aucun militant sincère ne devrait jamais plus colporter ce ragot en lieu et place d’arguments.

    OC

  • "Mais si l’on se pose comme « antilibéral », c’est pour faire quoi ? construire quoi ? avec qui ? quelle est réellement l’alternative proposée ?"
    Et les puristes de l’anti-capitalisme, ils vont faire quoi ? c’est quoi leur projet ? Se payer de mots.

  • "Mais si l’on se pose comme « antilibéral », c’est pour faire quoi ? construire quoi ? avec qui ? quelle est réellement l’alternative proposée ?" Et les puristes de l’anti-capitalisme, ils vont faire quoi ? c’est quoi leur projet ? Se payer de mots.

    Ce que vous ne faîtes pas... et ne ferez jamais...

  • Je trouve ce post excellent. Effectivement il ne faut pas bouder son plaisir et lire et relire Clouscard et notamment " Le capitalisme de la séduction".Bien que cet ouvrage ait été publié aux Editions Sociales en 1981 il n’en reste pas moins d’actualité.
    Par ailleurs sur le même sujet je vous conseille les livres suivants d’un militant communiste du Pas-de-Calais, Georges Gastaud

    Mondialisation capitaliste et projet communiste" Le Temps des Cerises 1997

    "Lettre ouverte aux bons Français qui assassinent la France " Le Temps des Cerises 2005.

    A lire également un ouvrage de Pierre Lévy :

    "Bastille, République, Nation" La mutation du PCF : cette étrange défaite- Editions Michalon 2000.

    Cordialement.

    Gilbert

  • D’accord sur le fond de l’analyse, la gauche radicale a tord de ne pas assumer pleinement la notion de socialisme. Mais le problème est qu’il y a aujourd’hui un gros travail critique à fournir pour en penser une forme positive. Faut-il rompre totalement avec la forme capitaliste de comptabilité et d’échange, ce qu’on appelle communément la finance ? Si oui quel système de comptabilité et d’échange lui substituer ? Nous n’avons aujourd’hui aucun outil alternatif à notre disposition depuis l’échec indubitable du soviétisme.

    Ps (si je puis dire) :si vous connaissez des recherches actuelles sur la question, merci de me les indiquer.

    Ps 2 : je ne pense pas que la polémique doive être de mise dans la nécessaire reconstruction actuelle d’un mouvement et d’un modèle d’alternatif au capitalisme. Il faut distinguer débat théorique et combat politique. Toute diiférence d’opinion n’est pas une opposition de classe ou une lutte de clan. Parfois il s’agit seulement d’ignorance ou d’erreur d’appréciation.

    Fraternellement.

    Un camarade