Accueil > LA BARBARIE DES GARDIENS DU DIRECTOIRE MONDIAL

LA BARBARIE DES GARDIENS DU DIRECTOIRE MONDIAL

Publie le jeudi 21 juin 2007 par Open-Publishing

LA BARBARIE DES GARDIENS DU DIRECTOIRE MONDIAL

Voici le témoignage d’une militante altermondialiste qui a tenté d’exprimer pacifiquement son opposition aux réunions du G 8, ce directoire mondial qui ne représente que 13,5 % de la population de la planète, mais entend imposer ses décisions au monde entier.

Je suis parmi les 1200 personnes arrêtées par la police allemande dans la région de Rostock durant le G8. Mardi 5 juin 2007 à 15 h 30 : Nous sommes 45 personnes dans un bus ayant quitté vers 15 h. le camp alter mondialiste de Reddelich pour se rendre près de l’aéroport de Rostock Laage, où a lieu une manifestation. Le bus roulant sur l’autoroute menant de Rostock à Berlin est arrêté par la police. On nous fait descendre un à un pour nous fouiller puis nous placer dans un rectangle formé par les voitures de la police. Nous attendons là environs 2 h. debout sous la pluie, sans pouvoir prendre nos vêtements qui sont dans nos sacs pris par la police et sans savoir ce qui se passe ; parmi nous une maman avec un enfant de 2 ans.

Des camions de police arrivent ; on nous fait monter dans ces camions les mains menottées, je suis seule à ne pas avoir de menottes ; est-ce un oubli ? ou est ce dû à mon age (65 ans) ; ce camion a une allée centrale sur laquelle donne une quinzaine de portes. Quand on ouvre une de ces portes pour me faire entrer dans la cellule, je résiste en criant « claustrophobe » car l’idée d’être enfermée dans ce petit espace m’est insupportable ; 2 policiers m’obligent brutalement à y rentrer puis la porte est verrouillée derrière moi. Ensuite 3 autres personnes seront enfermées avec moi dans cette petite cellule. Nous restons très longtemps dans ce camion après le trajet effectué jusqu’à Rostock.

Plus tard on nous fait sortir un à un de ces cellules . Nous sommes à nouveau fouillés, photographiés ; on passe de bureau en bureau ; on me demande de signer des papiers que je ne signe pas ; ne comprenant pas l’allemand je ne sais d’ailleurs pas de quoi il retourne . On me remet un imprimé en français et en allemand : « informations importantes concernant les droits des personnes placées en garde à vue » ,le motif de cette garde à vue étant « pour parer à un danger » et « dans le but d’une poursuite pénale » .

Nous sommes ensuite enfermés dans des cages de 4m. par 4m., entre 5 et 10 par cages. Je partage la mienne avec 5 jeunes détenues de diverses nationalités. Il n’y a rien dans ces cages, nos vêtements sont encore trempés et il fait froid. Nous attendons longtemps avant que l’on nous donne une combinaison de texture papier ; nous nous changeons à la vue de tous ; on nous remet un tout petit matelas en mousse de 2 mm d’épaisseur ; il y a beaucoup de bruit et des lumières très fortes.

Vers minuit on me donne la possibilité de téléphoner d’abord à la famille ; quand je veux téléphoner à l’aide juridique, dont j’ai noté le numéro sur mon bras, on ne me laisse pas faire. À mon retour dans la cage, j’explique ce qui s’est passé et la détenue qui est ensuite appelée arrive à faire le numéro de l’aide juridique, laissant croire que c’est celui de sa famille et à donner nos noms. L’on nous propose ensuite comme repas une banane ou une tranche de pain. Vers 2h je suis menée encadrée par 2 policiers dans un autre bâtiment pour rencontrer un avocat qui m’explique que cette arrestation est illégale et qu’il va faire en sorte que nous soyons rapidement libérés.

Vers 5h30, on commence de libérer les détenus ; je le suis vers 6h mais l’on me remet un imprimé écrit en allemand sur lequel est indiqué, me fait comprendre la police, que je dois avoir quitté la région de Rostock ce jour à 8h et ne pas y revenir avant le 9.

Par l’intermédiaire de l’aide juridique, j’ai déposé une plainte et j’ai demandé l’annulation de l’expulsion.

Anne Marie LOUIS