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Utile ou futile, le "machin" de Sarkozy ?

Publie le samedi 22 décembre 2007 par Open-Publishing
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Utile ou futile, le "machin" de Sarkozy ? libre belgique
Gérald Papy

Mis en ligne le 22/12/2007

Le Président français embarque l’Italie et l’Espagne dans son projet d’Union de la Méditerranée. Mais celui-ci reste flou. Et, malgré les promesses, il risque de faire concurrence au Partenariat de l’Union européenne.
Dans un "appel de Rome pour l’Union de la Méditerranée", le président français Nicolas Sarkozy a rallié, jeudi soir, les premiers ministres italien, Romano Prodi, et espagnol, José Luis Zapatero, à son projet de partenariat des pays européens et méditerranéens. Or, s’il commence à recevoir quelque soutien, le projet d’Union méditerranéenne que le candidat à l’élection présidentielle avait avancé pendant sa campagne reste, pour une grande partie, flou. Dès lors, se posent les questions de sa pertinence et de sa compatibilité avec les coopérations existantes et, singulièrement, avec le Partenariat euroméditerranéen mis en oeuvre par l’Union européenne depuis 1995, à travers le Processus de Barcelone.

Jeudi, à Rome, les dirigeants français, italien et espagnol ont assuré que la nouvelle union n’avait pas "vocation à se substituer" aux procédures de coopération et de dialogue déjà en vigueur en Méditerranée, mais "à les compléter, leur donner une impulsion supplémentaire". Pas de concurrence ou d’interférence, donc, avec le Partenariat euroméditerranéen ? C’est à voir.

Depuis 1995

La collaboration entre les Etats membres de l’Union européenne et leurs 12 partenaires méditerranéens (*) avait, à l’origine, trois volets : politique et de sécurité, économique et financier, social, culturel et humain. Elle avait pour objectifs d’accélérer le rythme de développement socio-économique du bassin méditerranéen, d’améliorer les conditions de vie de ses populations afin de réduire le fossé Nord-Sud et de promouvoir la coopération et l’intégration régionale. Elle disposait à cet effet de deux instruments : la coopération multilatérale et les accords bilatéraux, dits accords d’association comprenant une dimension économique, mais aussi un volet politique et une clause de respect des droits de l’homme... Si le projet était utile et séduisant, il a cependant été entravé par les conséquences du conflit israélo-palestinien, jamais résolu, alors que le Partenariat euroméditerranéen avait précisément été lancé dans la foulée de l’euphorie des accords de paix d’Oslo.

Dès lors, le projet de Nicolas Sarkozy a au moins le mérite de relancer le débat sur la meilleure façon de coopérer entre les deux rives de la Méditerranée. Mais de quelle façon ? Lorsqu’il a détaillé son projet à la faveur d’un discours à Tanger, au Maroc, en octobre 2007, le Président français a évoqué un partenariat "pragmatique et à géométrie variable" fondé sur des projets concrets. Et son ambassadeur en charge de ce dossier, Alain le Roy, lors d’une réunion "Euromed" le 6 novembre à Lisbonne, a évoqué un "forum d’échange annuel ou bisannuel" sur le modèle des réunions du G-8. Bref, un concept encore trop vague pour vraiment soulever les passions. De surcroît, cette "Union méditerranéenne" à la française a été vue, par certains, comme un artifice pour trouver une alternative à l’adhésion de la Turquie à l’UE. Mais, jeudi, Sarkozy, Prodi et Zapatero l’ont garanti : l’Union pour la Méditerranée "n’interférera pas dans le processus de négociation en cours entre l’Union européenne et la Turquie".

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