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Europe et Méditerranée : pas un euro de plus ! Baffe à Sarko !

Publie le vendredi 14 mars 2008 par Open-Publishing

tageblatt (lux)
Méditerranée : l’UE approuve un projet de coopération révisé en baisse

Les dirigeants européens réunis en sommet ont soutenu jeudi soir le projet d’Union pour la Méditerranée promu par la France pour renforcer la coopération de l’UE avec notamment les pays du Maghreb, revu en baisse par Nicolas Sarkozy pour emporter leur adhésion.

"Le projet a obtenu un vaste soutien du Conseil" des chefs d’Etat et de gouvernement des 27, a indiqué le Premier ministre slovène Janez Jansa, dont le pays préside l’Union européenne, à l’issue de la première journée du sommet à Bruxelles. "Il s’agit maintenant d’y travailler dans les différences instances", a-t-il ajouté. Concrètement, mandat a été donné à la Commission européenne et à la présidence de travailler d’ici au prochain sommet de juin sur les détails et notamment sur les structures de ce projet de coopération renforcée avec les pays du bassin méditerranéen. Pour vaincre les réticences de plusieurs pays, en particulier de l’Allemagne, la France avait dû toutefois au préalable nettement édulcorer son projet initial. Au final il consistera essentiellement à insuffler un nouvel élan au processus dit de Barcelone sur les partenariats euro-méditerranéen, lancé en 1995 et qui a donné peu de résultats.

Paris a notamment accepté que tous les pays de l’UE, et pas seulement les riverains de la Méditerranée comme la France l’envisageait au départ, soient pleinement associés à l’initiative. L’Allemagne ne voulait pas être tenue à l’écart. "Il a fallu trouver un compromis avec les pays non riverains, dont je comprends parfaitement qu’ils aient envie de se sentir concernés", a reconnu le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy. "C’est un compromis, c’est incontestable mais c’est difficile de faire l’Europe sans faire des compromis", a-t-il ajouté, en affirmant que le soutien de ses partenaires était "une très bonne nouvelle". L’Union pour la Méditerranée va donc tenter de redonner une impulsion au processus de Barcelone. "Il ne s’agit pas de l’enterrer, il s’agit de le mettre à jour", a dit M. Jansa. Le processus de Barcelone a été handicapé depuis sa naissance par l’opposition entre Israël et les pays arabes. Une dizaine de pays du sud méditerranéen y sont impliqués : Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoires palestiniens, Syrie, Tunisie et Turquie, rejoints depuis 2007 par la Mauritanie.

La Libye a un statut d’observateur. M. Jansa a toutefois relativisé l’ambition politique de l’Union pour la Méditerranée. "Les nouvelles idées que contient le projet ne visent pas à trouver une solution aux problèmes du Proche-Orient ou aux problèmes entre Israéliens et Palestiniens. Il y a d’autres instruments" pour cela, a-t-il dit. L’idée désormais est de se concentrer sur une série de projets concrets, notamment dans le secteur de l’environnement. L’Union doit être officiellement lancée le 13 juillet lors d’un sommet rassemblant tous les Etats de l’UE et les pays riverains du sud, sous présidence française de l’Union européenne.

Outre la définition précise des projets de l’Union se posera une autre difficulté : la question du financement des projets. Plusieurs des partenaires de la France n’entendent pas débourser un euro de plus que ce qui est déjà prévu pour la Méditerranée. La première journée du sommet a été aussi l’occasion pour les dirigeants européens de confirmer, au moins sur le principe, leurs ambitieux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, malgré des inquiétudes grandissantes sur les conséquences du développement des biocarburants et sur les risques de délocalisations hors d’Europe des industries les plus polluantes.

La présidence de l’UE n’a d’ailleurs pas exclu une révision de l’objectif obligatoire sur les biocarburants. Sur le front économique, l’euro fort et le pétrole toujours plus cher ont aussi suscité des inquiétudes, le chef du gouvernement italien Romano Prodi estimant qu’"une réaction rapide est nécessaire" désormais.