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Les objectifs inavoués de l’Union pour la Méditerranée

Publie le mercredi 18 juin 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

Mais quel est donc encore ce « machin », comme dirait Charles de Gaulle ? Alors que les Européens peinent à comprendre chemins et desseins de l’Union européenne, voilà que celle-ci, sous la pression très insistante de Nicolas Sarkozy, semble s’engager dans un processus encore plus flou, l’Union pour la Méditerranée (UPM). Une nouvelle fois, ce projet est mis à l’œuvre sans que les citoyens des pays concernés aient été, de près ou de loin, consultés. L’UPM devrait impliquer 39 états au total : les 27 États membres de l’Union européenne et 12 États du sud et de l’est de la méditerranée.
Selon Alain Le Roy, chef de la mission Union pour la Méditerranée auprès du président Sarkozy, « L’Union pour la Méditerranée repose sur un principe : combler le fossé entre un Nord plutôt riche et un bassin méditerranéen beaucoup plus pauvre. Le but ? Rétablir l’équilibre en assurant un espace de paix et de sécurité. Bref, nous cherchons à améliorer le dialogue entre les deux rives ».

Dans un monde économique sans pitié, uniquement guidé par des intérêts financiers ou géostratégiques, difficile de croire à la philanthropie des États européens. Derrière les mots généreux se cache en fait la volonté de créer une zone de libre-échange du même type que le Mercosur en Amérique latine ou l’ASEAN en Asie. Autre objectif recherché : la maîtrise des flux migratoires en développant la prospérité à la source mais surtout en canalisant un réservoir de main d’œuvre pour une Europe vieillissante.

L’idée n’est pas nouvelle, elle reprend les grandes lignes du projet Euromed lancé en 1995 avec le processus de Barcelone mais qui avait tourné court, notamment suite à l’assassinat du premier ministre israélien Itzhak Rabin en novembre 1995. Le reste, tout le reste, n’est qu’un simple habillage destiné à faire passer le projet.

Dans un bel exercice de greenwashing, les autorités concernées nous affirment que les premiers projets très concrets de l’UPM porteront sur l’environnement (lutte contre les aléas climatiques, dépollution de la mer Méditerranée, agroalimentaire, énergie solaire) ainsi que sur l’éducation et les échanges culturels.
Outre l’absence remarquée de délimitation territoriale concrète, ce beau schéma patine sur la question du financement des programmes et surtout sur la place que la France veut y jouer. En fait, se reconstituer une zone d’influence et d’échanges commerciaux privilégiés avec le Maghreb notamment.
L’Allemagne en particulier n’a pas caché son hostilité au projet, renforcée à la fois par la personnalité jugée irritante du président français et le fait de vouloir sceller une union avec des régimes non démocratiques et peu respectueux des droits de l’Homme.

Bassement pragmatique, Angela Merkel a affirmé préférer une intensification de la coopération actuelle plutôt que de rajouter un étage supplémentaire au fragile édifice actuel de l’Union européenne.

Les faits lui donnent raison. Les relations entre les chefs d’États du sud sont plus que complexes. Les susceptibilités sont exacerbées, comme en atteste la déclaration de l’incontrôlable Mouammar Kadhafi, le 10 juin dernier. Le Chef d’Etat Libyen a considéré que l’initiative française d’Union pour la Méditerranée était « une sorte d’humiliation ». « Nous ne sommes ni des affamés, ni des chiens pour qu’ils nous jettent des os », a-t-il déclaré, avant d’exprimer les réticences plus globales des pays arabes face à la présence d’Israël dans l’UPM.

Dans l’Union européenne même, la pilule a du mal à passer. Les europhiles ont vite décelé que le projet d’UPM ressorti du chapeau par Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy et souverainiste affirmé, avait aussi pour but d’affaiblir l’Union par la création d’une institution concurrente. Le Conseil européen a bien adopté le projet le 13 mars mais, sous la pression allemande, et, compte tenu du flou qui l’entoure, il l’a redessiné à la baisse.

En mai, la Commission européenne a, à son tour, exprimé ses réticences sur le mode de fonctionnement voulu par la France et, infligé un véritable camouflet à Nicolas Sarkozy en lui déniant la possibilité d’assumer la coprésidence de l’UPM avec un représentant de l’autre rive de la méditerranée.
La nouvelle institution sera toutefois portée sur les fronts baptismaux, le 13 juillet, lors d’un sommet à Paris réunissant les pays concernés et l’Union européenne. Deux semaines seulement après que la France ait pris pour six mois la présidence de cette dernière.

Écrit par Henry Moreigne
17-06-2008

Messages

  • L’Allemagne en particulier n’a pas caché son hostilité au projet, renforcée à la fois par la personnalité jugée irritante du président français et le fait de vouloir sceller une union avec des régimes non démocratiques et peu respectueux des droits de l’Homme.

    Eh bien Angela tu vas être servie d’ici 10 jours, déjà que tu le trouves "irritant", je te dis pas la suite !

    Et ce qui est inquiétant c’est effectivement sa "très grande" attirance pour de tels régimes ! Je ne crois pas qu’il veuille porter la "bonne parole démocratique", c’est pas son genre, alors c’est quoi qui le guide ??????????

  • l’objectif est simple : il est neocolonial.

    je m’explique. tout comme le colonialisme est le produit de la concurrence des etats européens (assujetir le plus d’espace possible et d’individus pour peser faces aux autres puissances), le neocolonialisme utilise les mêmes moyens pour parvenir aux mêmes fins.
    Bien entendu, on entonnera pas de nouveau le refrain de la mission civilisatrice ( qui n’est sommes toutes qu’un argument parmi d’autres, qui plus est hasbeen !) ; mais le gouvernement français sait bien qu’il en sera le principale bénéficiaire puisqu’il aura a faire a des etats qui soit ont des affinités linguistiques avec lui (maroc, algerie, tunisie...) et donc participeront a sa masse critique, soit ont des interets militaires en commun ( la quasi-totalité).

    A L’HEURE OU LA FRANCE REINTEGRE L’OTAN, CETTE POLITIQUE SI ELLE ABOUTIT, LUI PERMETTRA DE :

    CONTINUER D’AFFIRMER SA SINGULARITE STRATEGIQUE VIS A VIS DES USA ( PAR SES RELATIONS PARTICULIERES AVEC LA QUASI TOTALITE DE SES ETATS)

    DAMER LE PION ECONOMIQUE A SES RIVAUX "BLANCS" EUROPEENS DU SUD ( ESSENTIELLEMENT ESPAGNE ET ITALIE), PUISQUE ELLE MENERA LA BARQUE PLUS LARGEMENT.

    ET GLOBALEMENT D’AVOIR LES MOYENS D’AFFIRMER SON "EXCEPTION" SUR TOUS LES TONS (CULTUREL, CIVILISATIONNEL, ECONOMIQUE, SYMPATHIQUE, ETC.)

  • QUAND JE PENSE QUE CERTAINS RICANAIT AU NEZ DU MIR (INDIGENE DE LA REPUBLIQUE) QUI PARLAIT DE "CONTINUUM COLONIAL", QUE NOUS RESERVE LA SUITE...