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Union pour la Méditerranée et Pax Israela

Publie le vendredi 6 mars 2009 par Open-Publishing

« Suivant le Traité de Partenariat Euro-méditerranéen, Israël est tenu de « respecter l’intégrité et l’unité territoriale de ses partenaires, » ce qu’Israël a manqué de faire pendant toute la vie du Partenariat en ce qui concerne le Liban et la Syrie- puis qu’elle a occupé des parties de leur territoire en usant de la force militaire.

Sous le Partenariat Euro-méditerranéen, Israël est également requise « d’agir en conformité avec la Charte des Nations Unies » ce qu’Israël a visiblement manqué de faire pendant toute la durée de la vie du Partenariat- puisqu’elle continue à contrevenir plus de résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies que n’importe quel autre Etat dans le monde. L’Union Européenne a ignoré ces manquements d’Israël et a été heureuse de maintenir Israël comme partenaire. » (David Morrison, Hwww.ipsc.ieH)

La « Feuille de Route » pour la Paix au Moyen a été officiellement annoncée le 7 Mai 2003 par Kofi Annan, alors Secrétaire Général des Nations Union.

La feuille de route : un document politique et un plan d’action

Dans la présentation qu’il en faite à l’Alliance internationale pour la paix israélo-arabe, à l’occasion de sa troisième conférence, tenue à Copenhague les 8 et 9 mai, il en a donné ainsi les grandes lignes :

« La Feuille de route est très claire quant à l’objectif ultime, à savoir la cohabitation d’Israël, qui connaîtra la sécurité et la prospérité, et de la Palestine, indépendante, promise à un avenir durable, souveraine et démocratique, dans un Moyen-Orient pacifique et sûr, d’où la terreur et la violence auront enfin été bannies. La Feuille de route est tout aussi claire quant aux étapes qui conduiront à la réalisation de cet objectif. Elle indique non seulement à chacune des parties ce qu’il lui appartient de faire, mais aussi quand elle doit le faire. Elle reconnaît qu’il sera impossible de parvenir à la paix si chacune des parties attend que l’autre fasse le premier pas. À chaque étape du processus, l’une comme l’autre devront être en mesure de constater une amélioration tangible de leur situation, et discerner une progression indiscutable vers l’objectif ultime. »

Cette feuille de route, adoptée le 30 Avril 2003 par le sempiternel « Quartet, » -comprenant les représentants des États-Unis d’Amérique, de la Fédération de Russie, de l’Union européenne et de l’Organisation des Nations Unies- est encore, officiellement, la ligne politique qui oriente les actions diplomatiques menées par ce groupe pour gérer la diplomatie de la paix dans la région en cause.

Le document qui détaille cette « feuille de route » donne en calendrier qui fixe des étapes, chacune comportant une liste d’actions à prendre par les Palestiniens et la puissance occupante, et établit des dates-limites, et prévoit un accord de paix final, fixé au plus tard à fin 2005, et dont la base est donnée par les résolutions 242, 338 ,1397 et 1515 du Conseil de sécurité. Dans le contexte d’un accord de paix général entre Israël et la Palestine, les pays arabes s’engageaient sur le principe de la normalisation de leurs relations avec Israël et de la sécurité pour tous les États de la région.

Donc, ce document était un texte à la fois politique et pratique, car il établissaient des principes prenant en considérations les intérêts des uns et des autres, et donnait également une liste d’actions à entreprendre par chaque partenaire dans le processus de paix, suffisamment général pour permettre une marge de man_uvre acceptables aux négociateurs, mais comportant aussi suffisamment de détails pour éviter des conflits d’interprétation pouvant bloquer le processus, donc acceptable et accepté par toutes les parties en cause.

Une feuille pour une route qui ne conduit nulle part !

Les réunions du Quartet, dont la toute dernière date du 9 novembre 2008, et a été reconnue par la résolution 1850 passée par le Conseil de Sécurité le 16 décembre 2008, comme les déclarations de son représentant, ancien premier ministre du Royaume Uni, apparaissent de plus en plus pour ce qu’elles sont en réalité : de simples pantomimes destinées à distraire, sans amuser d’ailleurs, les spectateurs, pendant qu’Israël poursuit son chemin sanglant vers la réalisation de son rêve d’un Etat « racialement pur, » suivant l’expression souvent employée, sans gêne aucune, par les responsables de ce pays qui se dit né en réaction à une tentative de génocide organisée et menée contre le peuple juif.

On peut, sans craindre d’être démenti, affirmer que la fameuse « feuille de route, » qui date maintenant de plus de cinq années, concoctée par les plus grandes puissances de ce monde, et officialisée par la communauté internationale, telle que représentée par l’ONU, est le reflet non seulement d’un engagement mort-né, mais, pire encore, la preuve de l’impuissance de ces « puissants » à influer, de manière positive, sur les conceptions politiques et les comportements du leadership israélien, toutes couleurs politiques confondues-pour autant que l’on croie qu’il y ait des nuances dans l’idéologie sioniste- et à le convaincre de suivre une voie garantissant non seulement la non-annihilation du peuple palestinien, mais, également son droit à une vie humainement acceptable.

C’est, de toute évidence, une feuille traçant une route qui ne va nulle part, car il est difficile de repérer des indices de progrès quelconque dans la voie vers la paix que ce soit entre les Palestiniens, réduits au statut d’apatrides dans leur propre pays, et Israël, qui concrétise le rêve sioniste de remettre l’horloge de l’Histoire à l’heure de l’antiquité, ou entre ce dernier et les pays arabo-musulmans.

La feuille de route d’Israël : Le Triple Refus

Durant toute cette période, il est tout aussi difficile de trouver un indice quelconque de la part d’Israël de modifier sa stratégie, dictée par ses convictions sionistes, et qui se résume dans les trois refus suivants :

 refus de reconnaître l’existence du Peuple Palestinien ;

 refus de renoncer à sa politique d’annihilation physique du Peuple Palestinien ;

 refus de toute paix négociée, quel qu’en soit le contenu ou la forme, avec les pays qui, jusqu’à présent, se sont abstenus de reconnaître un Etat sans Constitution, sans nationalité ni frontières définies.

Israël a, en fait, sa propre « feuille de route, » définie par ces trois refus, qui constituent les lignes directrices de ses actions sur le territoire de la Palestine historique qu’elle contrôle.

Toute la responsabilité de l’échec de la feuille de route internationale repose sur Israël, car ce document comportait des éléments qui vont à l’encontre de l’idéologie sioniste, non négociable par définition, et qui se résume dans le don divin de tout le territoire historique de la Palestine aux Juifs.

Les auteurs de la Feuille de Route Internationale ont omis de consulter les autorités rabbiniques !

Les auteurs de la feuille de route ont omis de prendre en compte ce détail essentiel, à savoir qu’ils devaient partir, non d’une démarche trouvant ses racines dans les sciences politiques moderne, mais d’une exégèse de la Bible leur permettant de déterminer ce qui était religieusement acceptable pour Israël, et ce qu’elle ne pouvait que refuser, car allant à l’encontre de ses convictions religieuses.

Il aurait fallu convoquer une conférence de rabbins pour examiner cette feuille de route avant de la soumettre à l’approbation du gouvernement d’Israël. Il aurait également fallu, tout au long du processus, consulter ces rabbins pour établir le caractère « cacher » des engagements pris par Israël. Le problème est probablement que l’on tente de donner une solution moderne à une situation portant essentiellement sur le rôle des prophéties dans la poursuite par un Etat de ses desseins politiques. Et cette observation n’a rien d’ironique : car les ordres divins ne peuvent être interprétés que par les autorités religieuses adéquates !

Le récent assaut sur Gaza, dont la barbarie, justifiée par des citations de la Torah, a, de nouveau remis à l’ordre du jour la question de la capacité d’Israël d’adopter une conception moderne des relations entre peuples et Etats, des droits des minorités ethniques et religieuses ; mais il a aussi ébranlé les convictions politiques de certains des tenants les plus fanatiques du sionisme pur et dur. Il reflète, néanmoins et de manière claire et non ambiguë pour tout un chacun, le contenue de cette « feuille de route » israélienne, qui tire son inspiration des commandements de la Bible tels qu’interprétés par les Sionistes.

Partenariat euro-méditerranéen et Charte Européenne des Droits de l’Homme

Israël, outre les engagements pris dans le cadre de la feuille de route, est membre d’un regroupement régional, initié par les pays européens, et intitulé « Partenariat euro-méditerranéen, » qui tente de faire adopter par tous les pays membres un certain de principes intégrés dans la Charte européenne des Droits de l’Homme, axée sur le respect de la légalité internationale, telle que définies par les conventions et les résolutions des institutions internationales, la valorisation de la dignité humaine et le droit de chacun individu à mener une vie épanouie sans contraintes ou discriminations, autres que celle qui permettent une vie pacifique en société.

Voici ce à quoi Israël, dont le caractère « démocratique » de sa société est chanté sous tous les toits et à toutes les occasions (voir la déclaration faite à l’Université de Herzliyya, Israël, dimanche 21 septembre 2008 par Rachida Dati, ministre française de la Justice,-qui sait mieux que beaucoup ce que Démocratie veut dire- « Israël est une grande démocratie qui connaît le poids des souffrances et des injustices. ») s’est engagée, et qui va dans le même sens que l’esprit et les mots de la feuille de route internationale :

« Les parties entreprennent d’agir en accord avec la Charte des Nations Unies et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme aussi bien qu’en accord avec les autres obligations entraînées par les lois internationales, en particulier celle provenant des instruments régionaux et internationaux. Le respect pour les droits humains et les libertés fondamentales (y compris la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de pensée, de conscience et de religion) est réaffirmée à plusieurs occasions. La déclaration stipule qu’il est important de donner suite favorable, par le dialogue entre les parties, aux échanges d’infirmation en matière de droits de l’homme, des droits fondamentaux, du racisme et de la xénophobie.

« Les parties sont d’accord pour développer l’application de la loi et de la démocratie dans leur système politique, tout en reconnaissant dans ce cadre le droit de chacun d’entre eux de choisir et de développer son propre système politique, socioculturel, économique et judiciaire.

« Les signataires ont également entrepris de respecter de manière égale leur souveraineté et les droits égaux à l’auto-détermination des peuples. Le respect de l’intégrité territoriale, les principes de non-intervention dans les affaires internes d’un autre partenaire et le règlement pacifique des différends sont soulignés comme éléments-clefs des relations entre les participants à la conférence. »

L’idéologie sioniste rejette la notion même de « droits de l’homme »

On peut prendre n’importe lequel de ces engagements et démonter que de tous les pays de la région, tous régimes politiques confondus, se proclamant ou non de la démocratie plurielle à la mode européenne, Israël est celui qui les a violés le plus fréquemment, et de loin, de manière systématique et sur des bases philosophiques clairement opposées aux principes auxquels est supposé adhérer un Etat qui se prétend reflétant les « valeurs occidentales » du respect de la personne humaine.

Le sionisme constitue une idéologie qui, par définition, rejette ces valeurs universelles, puisqu’il affirme que les principes des droits de l’homme en Israël ne s’appliquent qu’aux personnes de nationalité « juive, » déterminée suivant des critères fixés par les autorités rabbiniques officielles, les autres, c’est-à-dire essentiellement les habitants originaux du pays, dont la nationalité palestiniennes n’est pas reconnue, et regroupés sous le terme générique « d’Arabes, » étant des « apatrides » sans autres droits que ceux décidés de manière temporaire et occasionnelle, en attente soit d’expulsion, soit de massacre, suivant les nécessités et les opportunités du moment. Si le Bible ordonne le massacre de ces habitants autochtones, les laisser en vie plus que requis par la Torah est un « pêché mortel, » faisant du croyant un mécréant !

Les dirigeants israéliens ont-ils tenté de cacher ces violations de leurs engagements internationaux dans le contexte de partenariat régional auquel ils avaient accepté de prendre part ? Tel n’est pas le cas.

On ne parle évidemment pas des agressions de toute nature contre les pays voisins come contre des pays éloignés de milliers de kilomètres, depuis les assassinats ciblés aux voitures piégés, en passant par le kidnapping, la fomentation de troubles interethniques et interconfessionnels contre les populations sous occupation comme contre les pays voisins, jusqu’à l’invasion soit directe, soit par superpuissance interposée, utilisant des armes supposées être acquises uniquement pour des besoins défensifs et non pour des actes d’agression caractérisés.

Là, les choses ne peuvent être plus claires : par définition, de telles actions ne se cachent pas et doivent donner lieu à des explications, toujours tirées par les cheveux, mais néanmoins acceptées comme monnaie courante par les thuriféraires officiels et officieux de l’idéologie sioniste.

Le génocide : partie indissociable de l’idéologie sioniste

C’est plus l’aspect génocidaire des politiques israéliennes à l’égard des Palestiniens qui aurait pu être plus ou moins dissimulé. Mais, là aussi, les dirigeants israéliens ont été et continuent(les preuves multiples en sont données par les déclarations des candidats au titre de premier ministre, de la plus « modérée » aux plus extrémistes, où ils expliquent le sort qui attend les Palestiniens vivant encore sous contrôle israélien) à faire preuve d’une extrême franchise, qui leur fait violer leurs engagements de partenaires régionaux, mais également les met directement sous le coup de poursuites internationales pour appel - et participation- à un génocide :

Voici un échantillon de ces déclarations :

« C’est le devoir des leaders israéliens d’expliquer à l’opinion publique, clairement et avec courage, un certain nombre de faits qui tombent dans l’oubli avec le temps. Le premier de ces faits et qu’il n’y a pas de Sionisme, de colonisation ou d’Etat juif sans l’expulsion des Arabes et l’expropriation de leurs terres. » (Ariel Sharon, ancien premier ministre israélien AFP, 15 Novembre 1998) ;

« Je croyais, et je crois encore à ce jour, dans le droit historique et éternel de notre peuple à toute la terre (de Palestine) » (Ehud Olmert, Premier ministre, déclaration à la Chambre des Représentants des USA, 30 juin 2005)

Il s’agit de déclarations faites entre le 28 novembre 1995, date d’adhésion d’Israël au partenariat Euro-méditerranéen, et aujourd’hui.

On peut remonter à plus loin, en faisant référence aux déclarations de la même veine faites par différents premiers ministres ou hauts dignitaires sionistes avant le 28 novembre1995, date officielle de la déclaration de Barcelone : David Ben Gourion, Yitzhak Rabin, Golda Meier, Menahim Begin, etc. etc. Aucun d’entre eux n’a caché qu’il avait en tête la liquidation physique du peuple palestinien et la création d’un état « racialement et religieusement pur, » composé exclusivement de Juifs.

Israël et Valeurs occidentales : une contradiction fondamentale

L’Union européenne n’a, pourtant jamais menacé d’expulser Israël de ce regroupement ou de lui interdire l’accès aux privilèges moraux et politique comme commerciaux, économiques et culturel, que l’adhésion à ce regroupement implique. Voici ce que déclare le Président français Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, lors de la conférence de l’Université israélienne de Herzliyya le 16 Décembre 2004 :

« Il m’apparaît légitime enfin que l’Union européenne accorde sa confiance et son aide en priorité à ceux de ses voisins dont les valeurs sont les plus proches des siennes. Je crois plus juste d’engager une coopération approfondie avec une démocratie vivante et stable qu’avec un régime autoritaire. Israël fait partie de ces pays avec lesquels l’Union européenne doit travailler plus étroitement. »

Il s’agit là d’un simple extrait de son discours, qui doit être lu dans son entièreté, car il donne une idée du peu de cas des principes universels, que manifeste le représentant du pays qui a tant fait pour l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, comme des principes moraux qui le sous-tendent, et dont pourtant, chacun des articles est violé en continu par un Etat fondé sur le rejet même de ces droits.

On ne savait pas que, parmi les valeurs proches des valeurs françaises, pays des « droits de l’homme, » était inscrit le droit au génocide des populations autochtones !

Qui ne dit mot, consent, approuve, appuie et est prêt à imiter !

On aurait pensé que, bénéficiant du statut et de la stature que donne le titre de puissant ministre d’un des cinq grands pays du monde, et qui se vante d’incarner les valeurs républicaines que toute démocratie doit adopter, profitant de l’occasion qui lui était donnée de prendre la parole devant un parterre composé des leaders les plus éminents du sionisme mondial, il pouvait, en toute franchise et sans crainte de représailles politiques ou militaire, demander à Israël de renoncer à son projet de liquidation physique du peuple palestinien, d’adopter la même charte des droits de l’homme que la France et même sa Constitution, de donner aux Palestiniens le droit de propriété, le droit d’être protégés par les mêmes lois que celles qui protègent les personnes de nationalité juive, le droit de convoler en justes noces et de vivre avec le conjoint de son choix, quel que soit son lieu d’origine, le droit de s’installer n’importe où sur le territoire d’Israël ou les territoires occupés, le droit à une justice équitable et sereine en cas de crime, le droit d’être protégé contre les exécutions sommaires non annoncées en même temps que tous les membres de leurs familles, le droit d’être prémunis contre les punitions collective, la destruction de logements, etc. bref , simplement rappeler à Israël qu’elle a pris des engagements internationaux et qu’elle doit s’y conformer si elle veut avoir des relations plus intenses avec la France et l’Europe, qui incarnent une vision universaliste des droits de l’homme dont le moins qu’on puisse dire est qu’Israël n’y croit pas.

Si Sarkozy estime que de tous les pays du Sud de la Méditerranée, Israël, de par ses valeurs, est le plus proche de la France, cela ne peut impliquer qu’une seule chose : que la France entende mettre à niveau ses lois, sa Constitution, sa Charte des Droits de l’Homme, en suivant le modèle israélien, car on voit difficilement Israël renoncer au racisme et à la discrimination religieuse, puis qu’elles sont partie pleine et entière de l’idéologie fondamentaliste sioniste qui l’anime.

Récompenser les Violations des Principes du Partenariat ?

Malgré les multiples rapports de l’Union européenne détaillant les discriminations contre la population palestinienne que ce soit dans le territoire de 1948 ou à Gaza et les territoires occupés, cela n’a pas empêché que les ministres européens adoptent le 16 juin 2008 une résolution visant à élever le statut d’Israël d’associé à celui proche de l’intégration totale à l’Union européenne.

Depuis l’agression barbare israélienne contre Gaza et la continuation de son blocus, qui a commencé bien avant que les « pétards mouillés » aient commencé à tomber sur les territoires dont la population palestinienne a été expulsée par la violence, les membres de l’Union européenne ont été pris d’un sursaut de pudeur temporaire et ont décidé de suspendre les négociations avec Israël, sans aucun doute en attendant que les choses se calment, et dans l’intervalle du prochain méfait que cet état se prépare-et auquel il prépare à petites doses l’opinion mondiale- à savoir l’agression contre l’Iran, coupable de vouloir maitriser la technologie moderne, qui ne couvre pas seulement l’énergie nucléaire.

A remarquer qu’Israël elle-même a accepté, parmi ses engagements, pris dans le cadre du Partenariat Euro-méditerranéen, à mettre ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, ce qu’elle a omis de faire jusqu’à ce jour, en violation de ces mêmes règles internationales qu’elle veut imposer par la force à l’Iran, et en mobilisant « l’opinion publique internationale. »

Un processus rampant de « normalisation »

Si on comprend bien la démarche du processus de Barcelone : l’idée était de faire s’asseoir les pays arabes et Israël autour d’une même table et de les faire travailler ensembles sur des problèmes communs, ceci pour, petite à petit, aboutir à une situation telle qu’Israël serait, sans négociations aucune, intégré comme tout autre pays dans l’ensemble méditerranéen, sans évidemment que ce pays renonce à quelque pouce que ce soit du territoire qu’il occupe ou à son intention de mettre fin à l’existence du peuple palestinien.

Un exemple est donné part la conférence ministérielle euro-méditerranéenne sur l’eau, organisée sous l’égide du Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée, et qui s’est tenue à Amman le 22 décembre 2008, c’est-à-dire cinq jours avant l’agression contre Gaza (commencée le 27 du même mois et terminée le 18 janvier 2009), dont le ministre israélien dirigeant la délégation de cet Etat devait sûrement avoir non seulement été informé, mais avait même dû lui donner son approbation.

La politique de l’eau, le criminel de guerre
et le haut fonctionnaire de l’administration centrale

Présidait la délégation israélienne le Brigadier Général de Réserve Binyamin Ben-Eliezer, ancien chef d’état major de l’armée israélienne, actuellement ministre de l’infrastructure, mais néanmoins criminel de guerre accusé par les autorités égyptiennes d’avoir fait exécuter froidement, pendant la guerre d’agression de juin 1967, dans le désert du Sinaï, 250 prisonniers égyptiens désarmés et ligotés, et actuellement sous poursuite pénale, avec une demi douzaine d’autres hauts gradés israéliens, par un tribunal espagnol pour l’assassinat d’un Palestinien et de 14 membres de sa famille, dont 9 enfants, à Gaza en 2002, également directement impliqué dans l’opération de destruction de la ville palestinienne de Jenine et la destruction partielle de Naplouse en mars 2002, opération qualifiée de crime de guerre dans son ensemble. (Un rapport de l’Union européenne attaché au rapport de la commission de l’ONU mise en place pour effectuer une enquête sur le massacre de Jenine a affirmé que : « la destruction massive, spécialement au centre du camp de refugiés, et de cela tous les chefs de missions à Jérusalem comme à Ramallah peuvent témoigner, montre que le site a subi un usage indiscriminé de la force, qui va bien au-delà de celui d’un champ de bataille. »)

Au passage, la question pertinente n’est pas : Est-il possible de dresser une liste complète et exhaustive des crimes de guerre perpétrés par Israël depuis sa création ? Mais plutôt : Dans un monde où les règles de droit international s’appliquent sans discrimination de race, de religion ou de couleur de peau, combien de leaders israéliens pourraient-ils échapper à des poursuites pour génocides et crimes de guerre ? Et une autre affirmation émerge immédiatement dans la même veine : s’il existait vraiment un ordre moral international et une vraie légalité internationale, Israël serait depuis longtemps mise au ban des Nations, qu’elles soient considérées comme civilisées ou « sauvages ! »

Face à ce criminel de guerre recherché par la justice d’un pays européen, se trouvaient Mr Rachid Taïbi, Directeur Général au Ministère des Ressources en Eaux, et Mr Mokhtar Darani, Conseiller à l’ambassade d’Algérie à Amman !

La Pax Israela sans Négociations, ni Concessions :
l’objectif caché de l’Union pour la Méditerranée !

Il est évident que la mise en place d’un système institutionnel permanent pour encadrer et gérer la coopération entre l’Union européenne et les pays du Sud de la Méditerranée va rendre ce type de rencontre de plus en plus fréquent et on ne peut pas, humainement, s’asseoir à plus d’une fois autour de la même table, sans sympathiser.

Et, de fil en aiguille, voilà qu’Israël gagne la reconnaissance à ses conditions et sans avoir eu à négocier, mettant ainsi en application les trois refus de sa propre « feuille de route ! »

Est-ce probable ? Est-ce possible ? On sait comment les sympathies, les amitiés et les relations se forment. Et c’est sur ce simple mécanisme psychologique que jouent les concepteurs du processus de Barcelone comme de l’Union pour la Méditerranée.

En tout état de cause, voici comment HNoël BlandinH, dans « HLa République des LettresH, jeudi 12 juin 2008 » présente la man_uvre concoctée à un haut niveau par le pays initiateur de cette « stratégie de contournement » au profit d’Israël :

« L’idée de cette nouvelle union entre les pays des deux rives de la Méditerranée était apparue deux ans auparavant, lancée par Jean-Louis Guigou, ex-directeur de la DATAR, et Panagiotis Roumenotis, ex-ministre des Finances grec et président du CALAME (Centre d’Analyse et de Liaison des Acteurs de la Méditerranée). Constatant l’échec lamentable d’Euromed, plus connu sous le nom de Processus de Barcelone, initié lui en 1995 pour aider au développement des pays méditerranéens, les deux hommes pensent qu’il faut créer une « Communauté du Monde méditerranéen » plus ou moins calquée sur celle de l’Europe. Des intellectuels néoconservateurs pro-israéliens reprennent l’idée lorsqu’Israël déclenche en août 2006 sa désastreuse guerre contre le Liban chiite. Pour ces idéologues, faire coopérer l’Etat juif et les pays arabo-musulmans méditerranéens dans une même communauté économique permet avant tout de diviser le monde arabe et de faire taire ses critiques contre Israël. Ils s’inspirent en cela du plan du Grand Moyen-Orient lancé par l’administration Bush, dont l’idée principale était d’apporter « la paix et la démocratie » en recomposant tous les pays du Moyen-Orient au sein d’une même unité politique. »

Cette analyse est suffisamment claire pour se passer de glose : de toute évidence, ce qui est visé à travers le nouveau plan d’Union pour la Méditerranée, c’est de permettre à Israël d’avoir la reconnaissance des pays riverains opposés à sa politique de génocide, sans avoir à négocier ses principes et ses politiques qui se résument dans les trois refus, eux-mêmes directement inspirés de l’idéologie sioniste.

Bref, une « Pax Israela » sans concessions aucune, et l’enterrement définitif du projet de paix juste et durable avancée à maintes reprise, et en vain, par les pays arabes, renouvelé de manière solennelle en 2002 et soutenu par les représentants légitimes du peuple palestinien. Une paix sans reconnaissance de l’existence du peuple palestinien, et une paix autorisant la solution finale au problème palestinien par la liquidation physique ou l’expulsion du peuple palestinien de son territoire historique.

En conclusion :

1. La feuille de route adoptée en Avril 2003 par le Quartet représentant l’ONU et les grandes puissances européenne, et officialisé par l’ONU avait pour ambition de faciliter les négociations entre Palestiniens et état d’Israël, paver la voie à des relations pacifiques entre cet état et les pays arabo-musulmans, et aboutir à la paix en 2005, a été systématiquement sabordée par Israël ;

2. Israël a imposé sur le terrain sa propre feuille de route représentée par les trois refus : refus de reconnaitre l’existence du peuple palestinien, refus d’arrêter le génocide de ce peuple, et refus d’une paix juste et durable négociée avec les pays arabo-musulmans ;

3. Ce triple refus en conformité avec l’idéologie sioniste, qui considère que Dieu a donné la Palestine historique aux Juifs, et que ce don n’est pas négociable, car il constituerait un blasphème inacceptable pour ceux qui veulent imposer la volonté divine, telle qu’ils l’interprètent, dans la direction et la solution des affaires politiques ;

4. Israël a pris des engagements tant en matière de droits de l’homme que de relations internationales comme du désarmement nucléaire lorsqu’elle a accepté de s’intégrer au Processus de Barcelone ;

5. La liste des violations de ses engagements vis-à-vis de cet accord est longue, et couvre aussi bien son refus d’accepter d’appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité, que le traitement de la population palestinienne, comme de ses relations avec les pays voisins qu’elle a violemment agressés chaque qu’elle le jugeait opportun pour faire avancer ses intérêts ;

6. Israël a été impliquée de manière virtuellement infinie dans la commission de crimes de guerre et dans la tentative de génocide en continu du peuple palestinien ;

7. Malgré ces violations, Israël n’a non seulement pas fait l’objet de sanctions de la part de l’Union européenne, mais elle a même tout récemment commencé à négocier avec cette Union un accord d’association renforcée lui ouvrant la voie à une adhésion totale à cette Union ;

8. L’objectif du Processus de Barcelone était de multiplier les rencontres internationales régionales pour habituer les pays arabes à rencontrer des dirigeants israéliens, et créer un processus de normalisation dirimant à moyen terme ;

9. Ceci a fait que des hauts fonctionnaires se sont retrouvés en face à face avec des responsables israéliens coupables de crimes de guerre et faisant l’objet de poursuite judiciaires devant des tribunaux européens ;

10. Le projet d’Union pour la Méditerranée, en établissant des institutions plus formelles, comme un secrétariat général et une assemblée rendra ce type de rencontre encore plus fréquentes et aboutira, selon les concepteurs de l’idée, à imposer la présence d’Israël comme partenaire normal ;

11. Ce processus permettra à Israël d’imposer définitivement sa feuille de route, dont sa propre conception de la paix, sans concessions aucunes et sans renonciation à son refus de reconnaitre l’existence du peuple palestinien, de renoncer à procéder à la liquidation physique de ce peuple, et sans avoir à négocier avec les pays arabo-musulmans des termes de la paix ;

12. C’est en quelque sorte la « Pax Israela » qui sera finalement imposée, sans même qu’Israël renonce à la stratégie de domination de la région, qu’elle pense atteindre par l’agression militaire, dont d’ailleurs elle est en train d’en préparer une contre l’Iran, sous le couvert du danger nucléaire que ce pays représente ; il est à noter qu’Israël a systématiquement refusé, sans en donner les raisons, de laisser l’AIEA inspecter ses installations nucléaires, alors qu’elle s’est déclarée officiellement puissance nucléaire depuis des décennies.