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La gauche en quête d’un « nouveau modèle de développement »

Publie le lundi 31 août 2009 par Open-Publishing

La gauche en quête d’un « nouveau modèle de développement »
PS, PCF et PG tenaient leurs universités d’été ce week-end. Au terme d’une semaine marquée par la question des alliances au centre et des primaires, la nécessité d’opposer, en pleine crise, des projets cohérents à la politique de la droite a fait retour. Lire dans l’Humanité de lundi les reportages de nos envoyés spéciaux à La Rochelle, au Vieux-Boucau, à Clermont-Ferrand et l’éditorial de Michel Guilloux.

Vive la crise ? Sans aller jusque-là, la faillite économique, sociale, écologique du système capitaliste met les forces de gauche au pied du mur, en les contraignant à penser un « nouveau modèle de développement », selon une formule maintes fois entendue ce week-end. Si les réponses esquissées par les communistes et les socialistes à l’occasion de leurs universités d’été restent balbutiantes, l’interrogation, en soi, est salutaire. Surtout au terme d’une semaine dominée par la tentation d’une « grande coalition » incluant le Modem et par la proposition de tenir des primaires en vue de l’élection présidentielle de 2012.

Tout en se ralliant à cette idée de primaires aux contours encore incertains, Martine Aubry a défendu, à La Rochelle, « un rassemblement de la gauche pour porter au pouvoir un autre projet de société » que celui qui fait primer « les intérêts particuliers, dévoreurs de l’intérêt général ». La première secrétaire du PS a exhorté ses troupes et ses partenaires à « redonner un sens au progrès », en détaillant sa vision d’un « nouveau modèle de développement économique, social et durable » basé sur la « redistribution des richesses ». Avant d’appeler les socialistes, après le sévère échec essuyé par le PS aux élections européennes, à « renoncer à leur hégémonie » et à faire montre « d’hospitalité pour les idées » des autres formations de gauche, invitées à rejoindre une « maison commune ». Une main tendue destinée à rassurer des partenaires peu enclins à se laisser enrôler dans les querelles de leadership internes au PS ou à se laisser entraîner sur le chemin d’une aventureuse recomposition au centre.

Au Vieux-Boucau, Marie-George Buffet a catégoriquement rejeté l’idée de primaires de toute la gauche, comme celle d’une alliance incluant le Modem. « C’est le chemin de la défaite », a-t-elle tranché en déplorant « le choix d’organiser toute la vie politique en fonction des seules logiques présidentialistes ». Pour la secrétaire nationale du PCF, une « addition d’électorats » ne suffit pas à constituer des « majorités » : « Ceux qui vont gagner aux régionales et en 2012, ce sont ceux qui vont mobiliser l’électorat sur un projet correspondant aux attentes populaires. » « J’ai aussi entendu une affirmation sur l’importance du projet et je vais saisir cette perche », a toutefois nuancé la dirigeante communiste, en soulignant le besoin d’une gauche « utile au mouvement social ». Alors que le « parrain » des listes Europe Écologie, Daniel Cohn-Bendit, n’est pas hostile à la perspective d’une « grande coalition » hétéroclite, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, a elle aussi appelé ce week-end, à La Rochelle, à recentrer les débats sur le contenu d’un projet alternatif. « On ne s’en sortira pas par un nouveau meccano électoral, a-t-elle prévenu. Ce qui m’intéresse, c’est vraiment qu’on parle de quelle réponse à une crise du modèle de civilisation. » Même profession de foi du côté du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé de ses vœux, à Clermont-Ferrand, un « projet de nouvelle émancipation et de progrès humain ». Quant à Jean-Pierre Chevènement, il a recommandé, samedi, un « débat exigeant, rigoureux, sans concessions », mais « sans polémiques excessives » entre les partis de gauche.

Une fenêtre ouverte sur le débat de fond ? La tonalité de ce week-end politique tranche, en tout cas, avec les appels qui se sont multipliés, ces derniers mois, à des rassemblements faisant de l’antisarkozysme sans projet le seul commun dénominateur.

De multiples propositions avancées à gauche, dans les ateliers des universités d’été, offrent à n’en pas douter de possibles terrains de débat. Mais, sur de nombreux sujets, comme l’Europe, dont le code-source demeure la « concurrence libre et non faussée », la fiscalité écologique, les politiques à conduire face à la crise, les désaccords sont profonds. Idem sur la question des alliances. De la « maison commune » proposée par le PS à « l’élargissement du Front de gauche » voulu par le PCF et le PG, en passant par le « front anticapitaliste durable » d’un Olivier Besancenot hostile à toute perspective d’alliance avec les socialistes, l’équation politique de la gauche, à quelques mois des élections régionales, reste complexe. La seule clarification, de ce point de vue, est venue, ce week-end, du Modem. Si les centristes se disent disponibles pour « participer à des rassemblements plus larges » dès l’an prochain, c’est surtout, a confié Marielle de Sarnez hier au Parisien, parce qu’ils croient « possible et nécessaire » l’élection de François Bayrou en 2012.

Rosa Moussaoui

http://www.humanite.fr/La-gauche-en-quete-d-un-nouveau-modele-de-developpement