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témoignage de préfet ;......

Publie le lundi 11 février 2008 par Open-Publishing
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Trouvé par hasard en cherchant des infos sur la Haute-Marne : cette interview du préfet. Pour ce monsieur, il existe un "flagrant délit" de sans papiers et il invite les citoyens à arrêter eux-mêmes les sans-papiers...

Source : Journal de la Haute-Marne, http://www.jhm.fr/IMMIGRATION,6810?...


RESF25

IMMIGRATION jeudi 13 septembre 2007

Le préfet échappe à Brice Hortefeux

Ministre de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale, Brice Hortefeux n’a pas convié, hier, Yves Guillot à la réunion visant à rappeler les directives en matière de reconduites à la frontière. Depuis le 1er janvier, 19 sans-papiers ont été expulsés dans le département.

Le préfet échappe à Brice Hortefeux

« A un peu plus de la moitié de l’année, on est, en tendance, légèrement en dessous de l’objectif ». Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, Brice Hortefeux a les yeux rivés sur les chiffres. Depuis janvier 2007, quelque 11 000 éloignements d’étrangers sans papiers dans leur pays d’origine ont été enregistrés, ce résultat n’étant pas en passe de répondre à l’objectif fixé - 25 000 expulsions - par Nicolas Sarkozy.

Afin de sensibiliser les commis de l’Etat à une mission jugée prioritaire par le gouvernement, Brice Hortefeux a convié, hier matin, une vingtaine de préfets à une réunion de travail visant à rappeler les « efforts » à fournir « pour les interpellations d’étrangers en situation irrégulière. »

Préfet de Haute-Marne, Yves Guillot a échappé à la mise au point souhaitée par le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement. Refusant d’être qualifié de bon élève, le préfet rappelle qu’il ne fait qu’appliquer la loi, une loi adoptée par des parlementaires soucieux de répondre à la volonté de leurs électeurs. Lire aussi en page 36

Le Journal de la Haute-Marne : Vous avez échappé à la convocation de Brice Hortefeux ce qui laisse supposer que vous respectez le tableau de route vous ayant été fixé. A ce jour, combien de personnes ont-elles été expulsées dans le département ?

Yves Guillot : Depuis le 1er janvier, 19 personnes ont été éloignées. On parle d’objectifs, mais ces objectifs varient selon les dé­partements qui sont plus ou moins touchés. Nous sommes dans une situation de mise en œuvre des éloignements normale par rapport au profil du département. Ce dé­partement ne fait pas partie de ceux qui posent le plus de problè­mes par rapport à l’immigration irrégulière, mais la loi doit s’y ap­pliquer comme partout.

JHM : Combien de personnes devront être expulsées d’ici la fin de l’année afin de répondre aux directives gouvernementales ?

Y. G. : Je ne peux pas vous ré­pondre. Des personnes font l’objet d’une OQT (Obligation de quitter le territoire), dont celles de Foulain, et sont donc en passe d’être éloignées.

JHM : Vous êtes donc dans les temps par rapport au tableau de route vous ayant été fixé…

Y. G. : Nous faisons notre travail.

JHM : Que ce soit à titre privé ou au nom d’une association, de nombreuses personnes s’élèvent contre les expulsions. Comment vivez-vous cette situation ?

Y. G. : On souligne souvent l’inhumanité du préfet tout en faisant appel à la fibre humanitaire du préfet, mais il ne faut oublier que j’ai régularisé une famille dans l’arrondissement de Lan­gres. Je ne porte aucun jugement sur les prises de position d’associations. Chacun fait son travail. On a essayé de dire que le préfet souhaitait porter préjudice à Emmaüs. C’est totalement faux. Je suis chargé d’appliquer la loi. (…) J’ai dénoncé comme l’ordonne l’article 40 du code de procédure pénale la situation de ces personnes au procureur de la Ré­publique comme je dois le faire pour toute personne faisant objet d’OQT. L’opération Emmaüs s’est faite sur instruction du procureur de la république dans le cadre judiciaire. Les sans-papiers de Foulain sont en permanence en flagrant délit et tout citoyen a le peut les arrêter comme l’indique le Code pénal. Tout citoyen té­moin d’un flagrant délit devrait en arrêter l’auteur.

JHM : Au fil des éloignements, l’existence de filières ou d’embauches de clandestins par des entreprises sont-elles apparues ?

Y. G. : Il n’y a pas de filière dans ce département. Si filière il y avait, ce serait une filière de transit passant par les autoroutes. Les nationalités des sans-papiers sont très diverses. Parmi les 19 cas d’éloignement, trois ou quatre sont liés à une situation de travail illicite observée à Saint-Di­zier (découverte d’une véritable filiale de travailleurs illégaux à la mi-janvier, Ndlr). C’est le seul cas où des personnes étaient emplo­yées. Mais on constate une ignorance des employeurs. Ils sont sur­pris de ne pas avoir le droit d’embaucher des personnes en situation irrégulière.

JHM : Les enfants des personnes éloignées étaient-ils scolarisés ?

Y. G. : Non, les personnes éloignées ne sont pratiquement que des célibataires. Les cas de cou­ples avec enfants sont rares, mais des familles sont actuellement en situation d’OQT, c’est notamment le cas, à Langres, de la famille Berisha (notre édition du 21 août, Ndlr). Les cas d’autres familles sont également à l’étude.

JHM : Comment expliquez-vous que des préfets rencontrent des difficultés à tenir le tableau de route fixé par Brice Hortefeux ?

Y. G. : L’éloignement n’est pas une chose simple à réaliser. Il faut d’abord trouver des personnes qui ont tendance à se dissimuler. Beaucoup se sont débarrassées de leurs papiers et il faut donc établir leur nationalité. Dans des familles, des gens ne sont pas de la même nationalité, les enfants ont pu naître dans différents pays que dans celui d’origine des pères et des mères… L’ensemble assez difficile à met­tre en œuvre et je tiens à souligner que les procédures d’éloignement sont les plus suivies et les plus contrôlées.

Propos recueillis par Thomas Bougueliane