Accueil > témoignagnes sous X ??

témoignagnes sous X ??

Publie le vendredi 29 septembre 2006 par Open-Publishing

Agression aux Tarterêts : polémique autour des témoignages sous X

Depuis la mise en examen de cinq personnes suspectées d’avoir participé à l’agression de deux CRS mardi 19 septembre dans la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, les avocats mettent en cause les témoignages sous X sur lesquels repose ce dossier.

Les deux personnes qui avaient été identifiés grâce aux traces d’ADN retrouvées sur une boîte de pizza et une canette sur les lieux de l’agression ont finalement été mises hors de cause.

Sur les douze personnes interpellées lundi lors de l’opération de police menée lundi aux Tarterêts en présence de nombreux journalistes, cinq ont été mis en examen pour "tentative d’homicide volontaire", "vols avec violence" et "dégradation volontaire de biens".

Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire, le cinquième a quant à lui été placé sous contrôle judiciaire.

Seul l’un des deux témoins, anonymes, a directement assisté à la scène.

Selon Me Zohra Primard, dont le client âgé de 18 ans a été écroué, "la présomption d’innocence est bafouée". "Mon client a été mis en examen sur la base d’un témoignage sous X, indirect, de surcroît", a expliqué Me Primard. Le témoin anonyme a rapporté les propos "d’un ami qui lui a dit que mon client était là au moment des faits", explique Me Primard. "Mais l’ami en question n’a quant à lui pas été entendu, même sous X", poursuit-elle.

"Un témoignage sous X ne peut constituer un indice grave ou concordant", fait valoir Me Eric Plouvier, dont le client a également été écroué. Dans ces conditions, "la moitié des Français peut aller en prison demain", a ajouté Me Plouvier.

Selon une source proche de l’enquête, "les deux témoignages sous X, ont été corroborés par les auditions".

Selon cette même source, une "pression phénoménale", parfois "difficile à gérer venant du ministère de l’intérieur" a pesé sur les enquêteurs.

Le procureur de la République d’Evry, Jean-François Pascal, affiche sa sérénité face à l’éventualité que les avocats saisissent la chambre de l’instruction, "la régularité formelle des témoignages sous X est inattaquable".

Les témoignages anonymes prévus par la loi Perben ne constituent pas pour autant la solution absolue face à "l’omerta" qui règne dans certains quartiers difficiles, "pour l’instant, on n’a pas trouvé mieux", reconnaît M. Pascal.

L’agression des deux CRS, qui ont raconté être tombés dans "un guet-apens", avait provoqué l’indignation des syndicats de policiers.

Les deux policiers circulaient à bord d’une voiture banalisée qui avait été touchée par des jets de pierres. Au moment où il était sorti pour constater les dégâts, le capitaine Ludovic Aubriot avait été agressé par une vingtaine de jeunes, cachés dans les fourrés.