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une seule morale ? LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES ???
Publie le mardi 11 décembre 2007 par Open-PublishingPour l’Elysée, la Libye est "un client comme les autres"
PARIS (Reuters) - La Libye, qui envisage d’acheter à la France pour 4,5 milliards d’euros d’armements et au moins deux milliards d’euros d’équipements nucléaires civils, est redevenue un client comme les autres, dit l’Elysée.
Alors que la controverse sur la visite de Mouammar Kadhafi en France continuait de faire rage, le porte-parole de la présidence de la République, David Martinon, a fait valoir, sur LCI, que la Libye avait renoncé à l’arme atomique et au terrorisme et libéré, en juillet, les cinq infirmières et le médecin bulgares qu’elle détenait depuis huit ans.
"Nous souhaitons travailler avec les Libyens", a-t-il dit.
Une volonté jugée réciproque, par l’Elysée, et dont l’illustration la plus spectaculaire est le "mémorandum sur la coopération dans le domaine de l’armement" signé lundi par les deux gouvernements en présence du numéro un libyen et du président Nicolas Sarkozy.
Par cet accord cadre, la Libye s’engage à des négociations "exclusives" avec la France pour l’achat de matériels militaires dans le cadre de contrats d’Etat à Etat.
"Ces négociations exclusives commencent aujourd’hui et dureront jusqu’au 1er juillet 2008", dit-on à l’Elysée. Elles portent notamment sur les conditions commerciales et de prix.
Serge Dassault, P-DG de la holding Groupe Industriel Marcel Dassault, a pour sa part confirmé le projet de vente de 14 Rafale à la Libye.
"La commande n’est pas encore signée mais elle est décidée (...). On va négocier, on va discuter avec les Libyens", a-t-il déclaré sur la chaîne Public Sénat.
L’Elysée avait auparavant indiqué que les Libyens avaient exprimé une "intention forte" d’acheter 14 chasseurs-bombardiers Rafale et d’équiper auprès de la France une "force spéciale".
Ils veulent ainsi acheter à la France, pour cette force, 35 hélicoptères, six vedettes, deux patrouilleurs, de l’artillerie, environ 150 véhicules de combats et de soutien (véhicules de l’avant blindés, blindés légers à roue Sagaie, véhicules blindés 4x4 Sherpa, camions, etc.), un système global de défense anti-aérienne, avec notamment des radars.
Le mémorandum porte également sur la modernisation des équipements actuels de la Libye, en particulier ses chasseurs Mirage F1 et ses patrouilleurs.
Cette liste, dont le montant global potentiel est de l’ordre de 4,5 milliards d’euros, n’est pas exhaustive, souligne-t-on à l’Elysée. "C’est une liste ouverte."
Le mémorandum signé lundi soir découle de l’accord de coopération dans le domaine de la défense signé par les deux pays lors de la visite de Nicolas Sarkozy à Tripoli le 25 juillet dernier, au lendemain de la libération des infirmières.
"C’est l’une des premières applications concrètes de la ’war room’ mise en place par le président Nicolas Sarkozy" pour les exportations d’armements, souligne-t-on à l’Elysée.
L’ELYSEE "TRES CONFIANT" POUR LE RAFALE
A la suite de l’échec des négociations sur la vente de Rafale au Maroc - qui a préféré le F16 américain - le chef de l’Etat a décidé de remettre à plat les procédures de décision pour les exportations françaises d’armes.
Une "cellule opérationnelle" réunissant son chef d’état-major particulier, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, son adjoint François Pérol chargé des questions économiques et industrielles, des représentants du Premier ministre et des ministères de la Défense, de l’Economie et des Affaires étrangères, pilote désormais les grands dossiers.
Il s’agit, explique-t-on à l’Elysée, de faire en sorte "que le temps des contrats coïncide avec le temps de la diplomatie et de bien coordonner les aspects industriels, commerciaux, financiers, règlementaires et politiques".
Le fait que la Libye s’interdit jusqu’au 1er juillet 2008 de négocier avec d’autres fournisseurs réduit le risque de voir se rééditer la mésaventure de Dassault Aviation au Maroc.
"Sur le Rafale, on est très confiant. Il y a une forte volonté des Libyens d’acquérir des Rafale et le mémorandum fixe un cadre optimal de négociations", dit-on à l’Elysée. "Mais il ne faut pas qu’on s’endorme. Il va falloir faire des efforts."
Si les négociations avec la Libye aboutissent, ce sera la première fois que la France vend à l’étranger ce qu’elle présente comme le "meilleur chasseur-bombardier du monde".
Dans le domaine civil, l’accord de coopération dans l’énergie nucléaire paraphé lundi doit encore être soumis aux instances européennes pour vérification de sa conformité avec le traité Euratom avant signature en bonne et due forme.
C’est le deuxième accord de ce type conclu par la France avec un pays arabe, après l’Algérie, le 4 décembre.
Il porte sur tout le spectre de la coopération, dont la fourniture à la Libye d’un ou plusieurs réacteurs pour le dessalement de l’eau de mer. "Potentiellement, cela représente deux milliards d’euros de contrats minimum", dit-on à l’Elysée.
Selon l’Elysée, Vinci a pour sa part signé pour 600 millions d’euros de contrats pour la construction du nouvel aéroport de Tripoli, d’échangeurs routiers et de routes, et un projet de "grande rivière artificielle" cher à Mouammar Kadhafi.
De son côté, Veolia a conclu un accord de co-entreprise pour la gestion de l’eau potable en Libye, notamment à Tripoli, pour un montant de 2,1 milliards d’euros sur 25 ans, soit 120 millions par an, dit-on de même source.
Ces contrats s’ajoutent à la vente de 21 Airbus A320, A330 et A350 pour un prix catalogue total d’environ 2,7 milliards d’euros - vente confirmée lundi soir - et à un contrat de 300 millions d’euros signé par Areva T&D pour le renforcement du réseau de distribution d’électricité libyen.
Nicolas Sarkozy a évalué l’ensemble de ces contrats signés ou potentiels avec la Libye à 10 milliards d’euros.