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ATTAC : un compromis dans la nuance

Publie le mercredi 30 août 2006 par Open-Publishing

Altermondialisme . Jacques Nikonoff et son bureau doivent remettre leur mandat demain (le 29.08 NdlR) au comité d’administration qui se tiendra à la fin de l’université d’été.

de Christelle Chabaud Poitiers (Vienne)

Une sortie de crise est-elle en vue pour ATTAC ? Réuni vendredi à Poitiers en ouverture de l’université d’été, cela faisait bien longtemps que le conseil d’administration de l’association altermondialiste n’avait clos une séance par un vote à l’unanimité. Pour éviter la paralysie ou l’implosion, un consensus, même d’apparence, était devenu urgent entre les partisans du bureau élu et des membres fondateurs qui, depuis juin, crient à la fraude électorale. Au lendemain de la publication du rapport de René Passet concluant à « une manipulation » lors de la réélection de Jacques Nikonoff à la tête d’ATTAC, la hache de guerre a donc été enterrée. Ou plutôt camouflée à la va-vite.

Un compromis d’apparence

Dans une petite salle de la faculté de droit poitevine, entourés par une centaine de militants en quête d’idées claires, les trente membres du CA ont mis six heures avant d’obtenir un compromis d’apparence. Résultat : est mise en place « une commission de conciliation » en charge de « constituer une commission exécutive mixte paritaire chargée de faire fonctionner l’association jusqu’aux prochaines élections », le 8 décembre prochain. Cette instance sera composée de douze personnes : six désignées par les partisans de Bernard Cassen et de Jacques Nikonoff et six par ceux de Pierre Khalfa et Susan George. Demain après-midi, un nouveau CA devrait lancer officiellement cette commission exécutive. Cette dernière « se substituera au bureau et au président qui, à cette occasion, remettront leur mandat à la disposition du CA ». Une démission donc ? « Non, il y a une nuance qui laisse libre le CA, s’il le souhaite, de redonner ses fonctions au bureau », tente d’expliquer Bernard Cassen. Mais pour le syndicaliste Pierre Khalfa, c’est une question de rhétorique : « Dans les faits, Jacques Nikonoff n’a plus le pouvoir et le CA a adopté nos propositions » pour mettre en place une commission d’enquête et déposer plainte contre X... pour fraude électorale. Des deux côtés, on promet désormais vouloir strictement s’en tenir au nouveau vote des militants en décembre pour trancher.

Un mélange des genres

OK, retour à l’action alors ? Au printemps, l’association altermondialiste avait annoncé sa volonté de constituer un « manifeste des alternatives de rupture avec le néolibéralisme » afin d’injecter ses thèmes de recherche dans le débat d’idées de la campagne présidentielle. « Nous ne savons pas encore quelle va être sa forme, mais cela sera finalisé d’ici la mi-octobre », promet Jacques Nikonoff, l’esprit encore accaparé par la crise interne. Un livre, un film, des conférences locales ? Sûrement un mélange des genres, dont ATTAC a le secret. « Pour que nos propositions sur les ruptures radicales avec le néolibéralisme soient plus digestes, il me paraît intéressant d’avoir des approches concentriques et non thématiques, explique Susan George, avec dans chaque contexte planétaire, européen et national le souci de répondre à ce que peut faire la France. » Cette année, au-delà de son but d’éducation populaire, l’université d’été se veut donc espace de démocratie participative pour élaborer des propositions concrètes avec les militants. Avec, au centre de débats tant sur la solidarité internationale que sur la flexicurité ou la protection sociale, la question du lien entre les enjeux sociaux et les questions environnementales. Ainsi, pour Gus Massiah, « la question du développement, tant au nord qu’au sud, implique un changement de paradigme car on est confronté au problème de l’écosystème planétaire. La décroissance ne peut être qu’un point de départ car elle ne tient pas compte des inégalités sociales ».

Par-delà les divergences, ATTAC travaille et s’engage. Manière de prouver, peut-être, que la vie de l’organisation altermondialiste ne se réduit pas à un conflit d’administrateurs.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-08-28/2006-08-28-835555