Accueil > Allemagne : ce que les mesures sociales coûtent aux citoyens

Allemagne : ce que les mesures sociales coûtent aux citoyens

Publie le jeudi 17 mars 2005 par Open-Publishing

de Adrien de Tricornot

Voici ce que les Allemands ont en plus ou en moins dans leur porte-monnaie en fin de mois :

Santé :

La réforme de la santé, en vigueur depuis 2004, a permis aux caisses maladie d’afficher un bénéfice de 4 milliards d’euros. Elle concerne plus de neuf assurés sur dix, adhérents de caisses d’assurance-maladie dites "publiques", c’est-à-dire régies par la loi.

Concrètement, les patients doivent acquitter un "abonnement" de 10 euros par trimestre au système de soins, dont sont exonérés les moins de 18 ans, mais les visites chez les médecins (hors tarifs privés) restent gratuites. Pour encourager le passage par un généraliste, le médecin qui a perçu (pour le compte des caisses) le forfait de 10 euros doit ordonner la consultation suivante. Faute de quoi, le patient paiera à nouveau 10 euros. Un abonnement supplémentaire de 10 euros est demandé pour les soins dentaires.

Les médicaments délivrés sur ordonnance ne sont plus gratuits, sauf pour les patients de moins de 18 ans. Une participation de 10 % au prix est appliquée, avec un minimum de 5 euros et un maximum de 10 euros par médicament. Les médicaments accessibles sans ordonnance ne sont plus du tout remboursés, sauf en cas de prescription pour les moins de 12 ans, pour les enfants souffrant de problèmes de croissance, ou les patients atteints de maladies graves (lesquels acquittent une participation de 10 %).

Les lunettes ne sont plus remboursées par les caisses, sauf pour les moins de 18 ans et les patients atteints de maladies graves. A partir de juillet 2005, les congés maladie et le remboursement des prothèses dentaires feront l’objet d’une cotisation supplémentaire de 0,9 % du salaire, pour moitié à la charge des salariés.

Allocations-chômage :

La réforme est entrée en vigueur le 1er janvier. Les allocations-chômage sont versées pendant un an au maximum (dix-huit mois pour les plus de 55 ans). Ensuite, l’indemnisation est fusionnée avec l’aide sociale, qui complète les revenus des ménages jusqu’au minimum vital, prenant en compte toutes les ressources du ménage, son logement qui doit être "approprié", ou son épargne, selon des critères très stricts. Quelques exemples :

Klaus, cadre célibataire, perd 328 euros. Il a perdu son emploi rémunéré 3 400 euros (brut) et percevait depuis un an 1 121 euros d’allocations mensuelles. Maintenant, au lieu de recevoir 990 euros en tant que chômeur de longue durée, le nouveau régime lui octroie 662 euros, soit 345 euros d’aide sociale et 317 euros pour le paiement de son loyer et de ses frais de chauffage. Provisoirement, un supplément est cependant prévu pour "indemniser" sa perte de droits. Celui-ci est plafonné à 160 euros mensuels pendant douze mois puis à 80 euros pendant encore un an.

Sabine, au chômage depuis la naissance de son enfant de 4 ans qu’elle élève seule, touchera 12 euros en plus. Son salaire mensuel brut, il y a quatre ans, s’élevait à 1 500 euros. En 2004, elle percevait 613 euros de chômage de longue durée et 465 euros de prestations sociales (logement, famille, aide aux parents célibataires), soit 1 078 euros. Dans le nouveau système, elle bénéficie d’une aide sociale et au logement (majorée pour les parents célibataires) de 936 euros, plus 154 euros d’allocations familiales, soit 1 190 euros par mois. Donc 12 euros de mieux. Néanmoins, elle perdrait 11 euros si son enfant avait 7 ans, car l’aide varie selon l’âge.

Bernd, au chômage depuis un an, n’a plus aucun droit car son conjoint gagne 1 200 euros par mois. Le couple a un enfant de 14 ans. Dans le nouveau système, Bernd ne bénéficie pas de l’aide sociale parce que les revenus totaux du ménage (1 200 euros plus 154 euros d’allocations familiales) ne le rendent pas éligible. Ils dépassent le niveau des besoins de la famille jugés incompressibles (logement avec chauffage et niveau de vie de l’aide sociale), évalués à 1 308 euros par mois dans ce cas.

Impôt sur le revenu :

Menée progressivement de 1998 à 2005, la réforme doit représenter un allégement total de 40 milliards d’euros par an. Les taux d’imposition s’étalent maintenant de 15 % à 42 % (au lieu de 25,9 % à 53 % en 1998). L’impact reste cependant difficile à évaluer en raison du nombre important de niches fiscales.

 La franchise d’impôts est relevée à 7 664 euros de revenus nets en 2005 (contre 6 322 euros en 1998).

 1 343 euros d’impôts en moins pour une famille avec deux enfants et un revenu annuel brut de 30 000 euros. Entre 1998 et 2004, l’impôt est tombé, dans ce cas, de 3 029 à 1 686 euros (- 44 %).

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-401753,0.html